Toyota Yaris III : La petite hybride "made in France"

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1389  mots
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Produite dans l'usine de Valenciennes, cette citadine essence-électrique est réellement écologique. Evoluant en mode « zéro émission » jusqu'à 20 km/h en conduite normale, elle distille un bel agrément en ville. Douce, silencieuse et efficace. Mais, sur route ou en côte, elle avoue ses limites

PSA ferme Aulnay. Mais l'usine Toyota de Valenciennes va bien, merci. Voici donc le dernier né du site nordiste, et pas n'importe lequel. C'est la première petite voiture hybride essence-électrique produite en Europe. Une première. Pour cette version "verte", Toyota prévoit 25.000 ventes sur le Vieux continent en 2012 (sur un total de 185.000 Yaris, toutes fabriquées à Valenciennes) et 40.000 l'an prochain. Après quelques jours à son volant, nous sommes prêts à parier sur la réussite de ce modèle. Cette Yaris hybride « made in France » est formidable... en ville !

Un museau affiné

Après des Yaris I et II rondouillardes, la troisième mouture se veut carrée, géométrique. Résultat : des lignes nettes, incisives, pour un gabarit contenu, mais une habitabilité satisfaisante. La Yaris III demeure plus petite extérieurement qu'une Renault Clio. La version hybride qui nous intéresse ici reçoit quelques retouches stylistiques, qui lui affinent le museau, légèrement rallongé par rapport à la version thermique... pour accueillir les accessoires de l'hybridation. Tout ceci ne lui confère pas une personnalité marquée. Mais, bon, les japonaises n'affichent jamais une identité forte - sauf, les 4x4 et pick-ups ! Déplorons toutefois, comme sur la plupart des citadines aujourd'hui, l'absence totale de... pare-chocs et de protections latérales! Les designers ont peur que cela ne dénature leur chef d'?uvre, paraît-il !

Intérieur un peu plus gai

A l'intérieur, la version hybride arbore des placages en plastique souple gris clair sur la planche de bord et les contre-portes, qui égayent un peu la sempiternelle ambiance noirâtre. De discrètes surpiqûres bleues donnent un très léger relief au tissu des sièges, tout comme les cadrans bleutés. C'est plus seyant que sur la Yaris classique. Même si tout cela n'a rien de bouleversant. Regrettons toujours au passage les plastiques durs, assez bas de gamme, qui sentent l'économie, mais semblent bien assemblés. C'est mieux que sur les premières Yaris III essence ou diesel essayées l'an dernier.

Bonne habitabilité

L'habitabilité est intéressante, l'accessibilité bonne, la position de conduite surélevée plaisante. Il manque toutefois un réglage lombaire des sièges... Autre détail agaçant : entre la Yaris II et la III, on a perdu la banquette arrière coulissante. Une régression, même si Toyota l'explique par la nécessité de loger les batteries. Le coffre, que rognent lesdites batteries, est assez réduit, évidemment. Mais, bon, c'est normal ! Les surfaces vitrées sont assez généreuses, sauf de trois-quarts arrière. Le pare-brise plat dégage latéralement bien la vue. Cependant, il manque de hauteur. Mais qu'est-ce qui a donc pris à Toyota d'affubler l'auto d'un unique balai d'essuie-glaces ? Réclamons aussi des espaces de rangement recouverts de feutre ou de caoutchouc, pour éviter que les objets ne brinquebalent au moindre virage sur les surfaces de plastique dur.

Sérénité urbaine

Comme toujours sur une hybride, on croit ne pas avoir mis en marche, tant on est surpris par le silence exceptionnel. On démarre en électrique et on maintient ce mode « zéro émission » facilement jusqu'à 20 kilomètres à l'heure ou plus en conduite normale. Sensationnel. La douceur est remarquable, le fait de savoir qu'on ne consomme ni ne rejette rien réconfortant. Et, quand le moteur à essence se met en route, il le fait avec une exemplaire docilité. On s'en rend à peine compte. Et même en mode essence, dès qu'on lève le pied, le moteur se coupe. Tout cela est formidablement conçu et mis au point. Jamais un à-coup, une hésitation. Quelle onctuosité ! Bravo à Toyota, dont l'expérience remonte dans les hybrides à 1997. En ville, c'est idéal, du moins tant que l'on n'accélère pas trop fort.

Utilisation extra-urbaine décevante

Maintenant, assez de superlatifs! Car notre béatitude dure... tant qu'on ne force pas la cadence. Malheureusement, dès que l'on quitte la ville, que la vitesse grimpe ou qu'une côte se présente, la Yaris hybride avoue ses limites. Car, souple, onctueuse, la mécanique thermique de 1,5 litre de cylindrée de 75 chevaux s'emballe vite si l'on accélère trop vigoureusement. On entend alors un hurlement strident et stérile du moteur, car celui-ci prend son temps pour monter en vitesse. La faute à cette fichue transmission à variation continue (CVT), qui impose un fort glissement et transmet donc la puissance aux roues avant avec un décalage exaspérant si l'on veut conduire de façon plus dynamique. Un défaut historique de ces voitures hybrides, qui limite l'agrément d'utilisation extra-urbaine. La voiture accélère, là n'est pas la question, et nous avons pu rouler à 120-130 sans problèmes, mais elle le fait à son rythme. Bref, voilà une super deuxième voiture pour citadins roulant essentiellement en terrain plat entre deux bouchons. Pour un parcours vallonné ou autoroutier, sans même parler d'un usage montagnard, elle sera moins à l'aise.

Sobriété réelle

Le bilan économique et écologique est séduisant. La voiture ne consomme que 3,5 litres aux cents, selon les cycles normalisés, et rejette moins de 80 grammes de C02 (79 exactement). Dans la réalité, ce n'est pas tout à fait ça. En fait, la consommation est plus élevée que dans ces moyennes normalisées totalement déconnectées du quotidien. Nous avons avalé, durant notre essai essentiellement urbain, un peu plus de 5 litres aux cents. Ce qui, toutefois, reste très satisfaisant dans l'absolu. Notons cependant que la voiture se nourrit de sans plomb, plus cher en France que le gazole. En revanche, au-delà même des faibles émissions de C02, cette voiture hybride est intrinsèquement plus propre qu'un diesel puisqu'elle ne rejette, notamment, aucune particule !

Comportement routier fidèle

Le comportement routier est sérieux. Pour une petite voiture, le bilan apparaît assez réussi. Agréable dans les man?uvres, la direction apparaît moins légère à haute vitesse que sur la version diesel. Tant mieux. Elle ne génère plus la sensation de flou, que nous avions ressenti sur ce modèle à gazole. Le confort est correct - en dépit de trépidations sur chaussée abîmée - sur la version Dynamic (version de base) de notre essai, qui utilise des pneus 175/65/R15 à flancs hauts. Mais, il faut éviter la version Style, plus huppée, affublée de grandes roues de 16 pouces avec une monte pneumatique en 195/50/R16 à flancs bas. Sur un véhicule urbain qui n'a rien, mais absolument rien, de sportif, on ne voit pas l'intérêt d'être secoué brutalement à chaque ralentisseur. Et, en plus, vous consommerez davantage sur cette Style et émettrez plus de C02 (85 au lieu de 79 !)... Ne vous laissez donc pas embobiner par le vendeur !

Recommandable

La Yaris hybride est l'exemple même de la petite auto extrêmement intelligente, où la haute technologie ne fait pas figure de gadget mais représente une vraie avancée historique, bien conçue et construite, qui jouira de l'excellente réputation de fiabilité et de qualité du réseau attachée à la marque. Pas d'inquiétude sur le vieillissement du système hybride. La Prius, pionnière de l'hybride et vendue depuis 15 ans, est considérée comme la plus fiable des Toyota. La Yaris hybride en version de base Dynamic est à 18.500 euros, avec un équipement déjà très complet. Et on a droit à 2.000 euros de super-bonus écologique. Soit 16.500 in fine. Attractif. Pour la finition Style, il faut débourser 2.000 euros de plus ! A noter que la version diesel Dynamic équivalente est à 17.450 euros (moins 100 euros de bonus). Dès lors, l'hybride est... moins onéreuse que la déclinaison thermique à gazole !
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : Toyota Yaris hybride Dynamic: 18.500 euros (-2.000 euros de bonus)

Puissance du moteur : 100 chevaux (75 en essence + électrique)

Dimensions : 3,90 mètres (long) x 1,69 (large), 1,51 (haut)

Qualités : Système hybride formidablement géré, douceur de conduite en ville, voiture réellement « propre », comportement routier sérieux, accessibilité, attrait tarifaire, réputation de fiabilité

Défauts : transmission CVT exaspérante sur route, accélérations avec retard, un seul essuie-glaces, ambiance triste et plastiques bas de gamme

Concurrente : Honda Jazz hybride : 18.950 euros (- 2.000 de bonus)

Note : 15 sur 20 (en ville)