Alfa Romeo Giulietta : Une transalpine belle et sensuelle

Elle est charmeuse, raffinée, passionnante à conduire et… sobre. Une vraie Alfa ! Mais, comme d'habitude, certains défauts agacent…

Alfa Romeo attend une énième relance. Hélas, aucun nouveau modèle ne semble pointer le bout de son nez avant deux ou trois ans au mieux.  Avec ses seules Mito et Giulietta vieillissantes, l'emblématique firme italienne (groupe Fiat) a livré moins de 80.000 unités l'an dernier dans le monde, redescendant aux chiffres de ventes de… la fin des années 60 ! On est  loin du pic des 220.000 de 2001 et des promesses initiales de Sergio Marchionne, patron de l'ensemble Fiat-Chrysler, qui visait les 300.000 unités annuelles ! Celui qui fut le BMW italien il y a cinquante ans est en danger. Ce qui ne peut que chavirer le cœur des passionnés d'automobiles, dont nous sommes. Eh, les italiens, on se réveille ? Faute hélas de nouveauté, reprenons donc le volant de la compacte Giulietta, aujourd'hui « haut de « gamme » de la marque, qui vient d'être restylée (légèrement) et reçoit un diesel de 150 chevaux.

Esthétique sculpturale

Les lignes sculpturales, qui datent de 2010, n'ont pas pris une ride. Puisant dans le passé (phares, calandres, galbes), ces courbes racées dégagent une sacrée sensualité. Une magnifique carrosserie. Nous préférons mille fois plus ce design noble, gracieux, élégant et d'une géniale simplicité - comme si le premier jet avait été le bon - aux carrosseries à la mode, à la fois fadasses, laborieuses, surchargées, et finalement bien vulgaires qu'arborent nombre de concurrentes françaises, japonaises, coréennes, germano-américaines !

Nous regrettons juste que la maillage de la grille sous la calandre ne soit pas plus serré, car on voit le radiateur au travers, ce qui n'est pas l'idéal. Les poignées de portes arrière, dissimulées dans le prolongement des vitres, donnent l'impression d'un coupé à deux portes. C'est l'Alfa 156, ne l'oublions pas, qui avait inauguré cette astuce à la fin des années quatre-vingt-dix, aujourd'hui copiée notamment par Renault ou Seat.

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Du charme mais des plastiques ordinaires

A l'intérieur, le design nous apparaît moins réussi... Il y a certes des références au passé, mais l'inspiration puisée auprès de l'Alfasud des années 70 n'est pas forcément bienvenue. Ce n'était pas la plus belle des Alfa. Heureusement, la planche de bord reste assez originale. Lors du dernier restylage, Alfa y a ajouté un bandeau de plastique souple, qui entoure ladite planche ainsi que l'instrumentation. Pas mal. Surtout que cela s'harmonise avec les coloris de sièges en cuir (version Exclusive). Le tout est proposé en noir, tabac, ou rouge comme sur notre modèle d'essai.

L'ensemble est du coup plutôt chaleureux, « sport chic », même si le skaï très plastique assorti des contre-portes est moins valorisant. Les italiens ont l'art de transformer ce qui serait moche et clinquant ailleurs en quelque chose de beau et raffiné. Qu'on songe au même intérieur noir-rouge chez Renault et Opel, particulièrement bas de gamme !

Quand on examine les détails, on s'agace. Les matériaux de la partie basse de la planche de bord ou de la console sont durs et ordinaires. On est loin de ce qu'on peut attendre d'une voiture à vocation « premium ». Dommage. Même si ces plastiques apparaissent correctement assemblés. Des détails fâchent, comme le célèbre blason de la marque imprimé sur les trois pédales et le repose-pied, qui commençait à s'effacer alors que la voiture de test était quasi-neuve.

Fautes d'ergonomie graves

De (mauvaises) habitudes du groupe Fiat persistent, comme l'impossibilité de faire un appel de phares quand on est en feux de croisement ou l'essuie-glace qui ne s'enclenche pas sur un simple jet de lave-glace. L'essuie-glaces en position automatique est trop lymphatique et le couvercle de la boîte à gants sur le dessus de  la planche de bord se referme  mal. Si les réglages de sièges permettent de bien régler la position de conduite, constatons que le beau levier de vitesses est trop court, l'accoudoir central confortable mais un peu gênant pour le passage desdites vitesses. Enfin, le bip-bip de ceinture est dans ce qui se fait de plus insupportable. Que fait la Ligue des droits de l'homme pour interdire cette stridence assimilable à de la torture? Vous devrez donc manoeuvrer saucissonné, ligoté à votre siège... Sinon, vous frisez la crise de nerfs!

Mais le plus exaspérant reste le compteur de vitesses placé trop à gauche et difficilement lisible. Certes, en soi, le compteur est joli et renvoie aux Alfa du passé. Mais, la graduation inutile jusqu'à 260 a obligé Alfa à imprimer des chiffres et repères trop petits. Et la plage utile de ce compteur (de 70 à 140 km/h) est en partie cachée par le haut du volant. En plus, comme c'est exactement à cet endroit qu'on met les mains sur ledit volant… Bref, à l'heure de la répression tous radars, on peste en permanence contre cette insupportable faute d'ergonomie. Le groupe Fiat doit d'urgence dédoubler les indications avec de gros chiffres pile devant les yeux du conducteur comme chez Volkswagen, Skoda, Peugeot, Citroën, Volvo, Opel…

Après avoir distillé notre rage, reconnaissons en revanche la quasi-absence de crissements et grincements, même sur mauvaise route. Nous avions déjà noté cette absence de bruits parasites sur une précédente Giulietta à essence et double embrayage. Cela témoigne a priori d'une fabrication soignée… On ne peut pas en dire autant de bien des rivales, notamment françaises.

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Agrément au « top »

Contact ! Le diesel de 150 chevaux se montre souple, élastique, vivace et… sonore. Mais il distille une tonalité assez rauque plutôt agréable et très peu diesel. On regrette juste un certain manque de répondant à très bas régime et un levier de vitesses un peu caoutchouteux avec des vitesses qui, parfois, accrochent. On s'est retrouvé à deux ou trois reprises au point mort alors que l'on croyait avoir passé la troisième… Mais, dans l'ensemble, l'agrément mécanique est de très bon niveau.

Et puis il y a le système « dna », qui permet, en enclenchant la position « dynamic », de modifier la cartographie du moteur. La voiture est dès lors beaucoup plus prompte à l'accélérateur avec une belle montée dans les tours. On découvre alors l'âme rageuse d'une vraie sportive et on se retrouve très vite à des allures hautement réprouvées - même si nous étions seuls sur des routes archi-connues. Ce « dna » transfigure la voiture. Quel plaisir ! La tradition Alfa est préservée. Tout cela est d'autant plus louable que les consommations restent contenues. Nous avons avalé 7 litres de gazole aux cents durant l'essai. Vu l'agrément distillé, c'est économique.

Châssis sain insensible à la chaussée

Le châssis est sain. Certes, la voiture est assez lourde de l'avant et rechigne parfois à virer, surtout en position « dynamic » qui durcit inutilement la direction. A noter aussi un rayon de braquage démesuré. La Giulietta n'est donc pas super agile. Mais son comportement routier permet quand même d'exploiter son potentiel mécanique. En cas de très forte accélération, le train avant absorbe parfois difficilement la puissance. Mais, rien de grave. Bref, on enchaîne  agréablement les virages, même sur chaussée dégradée. La voiture reste d'ailleurs relativement insensible à l'état du bitume, démontrant une rigueur de bon aloi.

Notre modèle était équipé de pneus taille basse (45R17) et, en option, d'une suspension sport (incluse dans le Pack Sport à 1.400 euros). Les trains roulants sont assez raides, tout comme les sièges d'ailleurs. Mais, comme la voiture est bien plaquée au sol, sans générer de secousses ou trépidations, le confort reste préservé. Sur une Alfa à vocation sportive, il n'est donc pas critiquable, d'autant que, curieusement, la voiture se comporte de façon très civilisée sur les murets de hauteur variable avec lesquels nos élus ont défoncé les chaussées de la douce France (alias « ralentisseurs »).

Service après-vente réputé médiocre

Alors que les premiers exemplaires essayés en 2010 nous avaient déçus, l'Alfa Giulietta a progressé petit à petit. La belle italienne offre du charme, une forte personnalité et un plaisir de conduite certain. La voiture est désormais assez homogène. Un choix original. Si Alfa Romeo ne peut rien faire pour améliorer l'habitabilité arrière trop juste ou réduire le rayon de braquage sans reconcevoir la voiture, la marque devrait au moins fluidifier les passages de vitesses, changer certains plastiques et surtout remédier au plus vite à l'illisibilité de son compteur de vitesses.

La Giulietta coûte assez cher : 31.200 euros dans notre version diesel 150 et finition haute Exclusive dotée d'une sellerie cuir flatteuse, d'un GPS avec régulateur de vitesse, d'une climatisation automatique bi-zone… C'est pile au niveau des concurrentes les plus onéreuses. Heureusement, il n'y a pas de surtaxe dite « malus », puisque la voiture émet 110 grammes de C02 au kilomètre seulement, une excellente valeur vu les performances. La gamme Giulietta démarre à 21.090 euros (1,4 essence de 105 chevaux et  finition Impression vraiment très bas de gamme). Pour le 2,0 diesel de 150 chevaux, il faut au moins opter pour la finition Distinctive à 28.450 euros. Mais, pour avoir une belle dotation et une présentation chic dignes d'une Alfa, c'est l'Exclusive qui s'impose. Reste à composer avec des pièces détachées dont les tarifs sont élevés et un service après-vente pas vraiment réputé pour ses prestations…

 

Modèle d'essai : Alfa Romeo Giulietta 2,0 JTDm  150 Exclusive: 31.200 euros

Puissance du moteur : 150 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,35 mètres (long) x 1,80 (large) x 1,46 (haut)

Qualités : esthétique superbe, intérieur charmeur (version Exclusive), forte personnalité, moteur très vivant et sobre, bon comportement routier, grand plaisir de conduite

Défauts : compteur de vitesses illisible, défauts d'ergonomie, plastiques médiocres, rayon de braquage démesuré, passage des vitesses perfectible, après-vente médiocre

Concurrentes : Volkswagen Golf TDi 150 Carat: 31.200 euros; Citroën DS4 Sport Chic HDi 160  : 31.250 euros ; BMW 118d Lounge Plus: 32.600 euros

Note : 14 sur 20

 

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Commentaires 29
à écrit le 16/12/2015 à 19:28
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Impossibilité de faire un appel de phare en feu de croisement ? Et bien vous êtes pas très doués ! Car le commodo possède cette fonctionnalité, suffit d'avoir un peu de doigté... Tous les défauts d'ergonomie pointés dans l'article sont discutables dè...

à écrit le 07/04/2014 à 10:01
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Vous vous désolez du sort de cette marque mythique aujourd'hui moribonde et vous essayez la version diesel ! Quelle logique........ Une Alfa c''était un moteur sportif qui prenait des tours donc ESSENCE.

à écrit le 06/04/2014 à 19:32
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@ Sperkis Vous avez raison, c'est une faute de goût... que d'avoir laissé une plaque minéralogique à l'arrière d'une voiture devant circuler sur les routes françaises !

le 07/04/2014 à 10:42
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Monsieur parlait du fait qu'elle ne soit pas au milieu de la calandre...

à écrit le 06/04/2014 à 19:28
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@ Havoc : "Çà ne fait pas rêver..." En effet ! Mais il y a bien d'autres voitures pour faire rêver ceux qui ont connu ou qui ont envie de connaitre autre chose que des véhicules aseptisés juste bons pour se déplacer en file indienne sans faire d...

à écrit le 06/04/2014 à 10:12
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Bravo pour vos observations : Pour moi, le plus grand défaut des "Alfa Romeo " est cette plaque minéralogique de guingois, placée laidement d'un côté de la calandre et qui dénaturant la belle face avant de la voiture, lui donne ...

le 06/04/2014 à 12:45
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Comment critiquer un tel trait de genie ?! Chacun ses goûts. ..

à écrit le 05/04/2014 à 20:29
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C'est vrai elle a du peps ....mais à l'usage ça risque de faire comme d'hab' avec Alfa : gros pépins après 50 000 bornes et des prix fracassés à la revente après 3 ans. Bref, c'est beau à regarder mais c'est du pognon gaspillé.....Mieux vaut du frenc...

à écrit le 05/04/2014 à 15:56
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Elle est sûremen,t belle, envoutante, charmeuse et sensuelle, mais on a pas le pèze!!!

à écrit le 05/04/2014 à 15:51
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Bonjour, J'ai roulé en Lancia et Alfa-Roméo dans les années 70. J'ai vu ensuite l'arrivée des Alfasud, citées dans votre article. Et puis maintenant on nous vante le charme d'un diesel de 150 chevaux. Cela ne doit pas être pour des clients qui aim...

le 05/04/2014 à 16:39
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c'est bien mon avis!

le 05/04/2014 à 16:56
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Bien vu nostalgic,mais nous sommes en France,dictature du diesel,usité y compris par les personnes faisant à peine 10 000 bornes annuelles,la bêtise dans toute sa splendeur.

le 05/04/2014 à 23:14
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Tout à fait d'accord, mon intérêt pour cet article est retombé dès que je suis tombé sur ce synonyme de « mazout » ! Ça ne fait pas rêver...

à écrit le 05/04/2014 à 15:45
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Je ne comprend pas la remarque de fin d'article sur l'image sav et le prix des pieces! Je suis assureur et le prix du panier moyen des pièces d'entretien est tres bien placé! Il sert de base dans nos calculs... Quelles sont vos sources pour annon...

à écrit le 05/04/2014 à 15:10
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Pour 10 000 euros de moins on trouve la 208XY essence 156ch, tout aussi jolie, surtout avec la couleur Purple Night (bien entendu c'est une question de gouts) et très bien équipée, d'autant qu'en négociant il est aisé d'avoir la pluspart des options...

le 05/04/2014 à 15:48
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Ridicule de comparer une compacte avec une petite voiture. Comparez au moins une Alfa avec une 308! La 208 n'est pas du tout dans la même catégorie;

à écrit le 05/04/2014 à 13:15
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Les Alfa sont maintenant des Fiat plus ou moins bien recarrossées. Une vraie Alfa c'est un ensemble particulier moteur + suspension + design intérieur et extérieur. C'est ce que j'ai goûté dans ma 156 1,8TS de 1998. La Giulietta actuelle avec son mot...

le 05/04/2014 à 18:33
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Pour info le 1.8TS venait du 1.8 des Fiat Barchetta (seul le 1,6, 2.0 et V6 était bien Alfa) et pour le chassis... des Tipo ! donc dire qu'une 156 était une "vrai" alfa est un faux (après le 75, plus rien de "vrai" alfa) Honnetement ayant possèdé un...

à écrit le 05/04/2014 à 8:11
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Magnifique entre une Alfa et une immonde Megane mon choix est vite fait même si la Renault a des qualités.

le 05/04/2014 à 23:16
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Si j'en juge par les rencontres que je fais sur les routes, ce choix est loin d'être majoritaire...

à écrit le 05/04/2014 à 6:44
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Sans comparaison possible avec une française dans le même prix.J'ai eu la chance de conduire un modèle essence et ce ne fut que du bonheur.Pour ma part je roule toujours en 147 2.0 TS,voiture fantastique dont le seul défaut est de sucer un peu trop,m...

le 05/04/2014 à 12:12
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Pour ma part, je trouve qu'elle ressemble banalement à une fiat (tipo ?) Dommage. Je n'ai rien contre Fiat, la 500 est très réussie mais pour le reste ...

le 05/04/2014 à 17:03
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???? Un opticien d'urgence,la seule solution quand on entends de telles comparaisons esthétiques!

à écrit le 04/04/2014 à 20:18
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Elle ne peut se comparer à aucune autre...C'est trop TOP !!!

à écrit le 04/04/2014 à 20:17
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Oui , elle est pas mal...Mais je la trouve nettement moins bien que ma Peugeot , c'est du velours... Je reste donc Peugeot.

à écrit le 04/04/2014 à 17:34
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D accord avec vous Charlie, j en possède une automatique : formidable.

le 04/04/2014 à 19:17
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Super on connaît la Juliette, maintenant parlez nous de la nouvelle 308 best of car 2014 merci

à écrit le 04/04/2014 à 17:29
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Voilà une voiture avec de la personnalité! Une ligne qui frappe le regard et qui fait se retourner à son passage, avec ce qu'il faut de sportivité pour sortir de l'ordinaire. Et le reste suit !

à écrit le 04/04/2014 à 17:17
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pour l'avoir conduite, voiture très agréable

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