En 2008, Renault est arrivé bon dernier sur le marché des 4x4 compacts. Comme, en plus, il n'était pas vraiment « sexy », le Koleos a fait un flop en Europe. Même en Corée, son pays d'origine où il est fabriqué, ce n'est pas non plus une réussite. Conçu sur une base japonaise Nissan, le Koleos sera remplacé l'an prochain par un tout nouveau modèle fabriqué... en Espagne. En attendant, et avec son dernier restylage qui lui donne le même air de famille que les Renault Clio IV ou Captur, nous avons repris une dernière fois son volant. Méritait-il tant de sarcasmes de la part des journalistes automobiles ?
Bien que voyant, le restylage de l'avant n'empêche pas la silhouette de rester très lisse, sans aspérités. C'est sûr, personne ne se retournera. Il a été conçu en un temps où Renault voulait faire oublier ses excentricités (Avantime, Vel Satis...) et aspirait à dessiner des voitures mondiales destinées à ne déplaire à personne. Quitte à ne séduire personne non plus ! Pas vilain du tout, le Koleos n'en est pas moins dépourvu de personnalité. Comme les voitures asiatiques d'il y a quelques années... La fluidité rondouillarde des lignes tranche en tous cas avec la plupart des derniers « SUV » au style prétentieux et agressif.
Intérieur passe-partout mais bien construit
A l'intérieur, c'est pareil. La planche de bord en forme de vague, aux formes souples, participe à l'impression de cocon que l'on ressent à bord. C'est doux et reposant. Mais, noirâtre, triste, sans âme. Rien n'attire vraiment l'attention. Mais la finition est très correcte, avec des matériaux certes ni nobles ni flatteurs, mais solides. A la japonaise. Car le Koleos a été développé, comme la Laguna, à un moment où Renault mettait le paquet sur la finition... histoire de faire oublier sa réputation désastreuse à cet égard. Malheureusement, la firme au losange est retombée depuis dans ses errements passés sous prétexte d'économies de bouts de chandelle. Un Koleos inspire du coup autrement confiance qu'un récent Captur, par exemple !
Durant l'essai, nous avons d'ailleurs enregistré avec satisfaction l'absence de bruits parasites ou de craquements de mobilier, malheureusement fréquents sur les productions des constructeurs français. Le Koleos, c'est du sérieux. Et l'usine de Busan qui le fabrique est renommée pour sa qualité.
La position de conduite est bonne - sauf l'accoudoir central non réglable - et l'habitabilité intéressante, bien que le coffre soit un peu limité en hauteur. La double ouverture du hayon est pratique pour charger des objets lourds et encombrants, mais oblige dans tous les autres cas de figure à deux manipulations au lieu d'une. Bof. A noter : les assises des sièges arrière repliables permettent de dégager une belle surface plane de chargement.
En matière d'ergonomie, l'ordinateur central typiquement Renault n'est pas très intuitif. Mais on a vu pire depuis dans les marques haut de gamme comme Mercedes, Infiniti (Nissan) ou Lexus (Toyota). Le système audio Bose de notre version d'essai est de bonne qualité. L'écran central, bien placé en hauteur, est toutefois petit mais le GPS dispose d'un graphisme lisible et précis avec tous les noms de rues bien répertoriés. En revanche, s'il affiche les vitesses limites en vigueur, le système donne des indications souvent fantaisistes... Le pire, c'est toutefois le compteur de vitesses, mal gradué, qui ne permet pas de distinguer clairement la vitesse à laquelle on roule. Dangereux.
Mécanique plutôt placide
Le moteur 2,0 dCi 175 est disponible, élastique dans ses montées en régime. Avantage des voitures « anciennes » : la cylindrée conséquente rend cette mécanique beaucoup moins désagréable à bas régime que le récent 1,6 dCi 130 totalement amorphe au démarrage, que l'on trouve sur le Scénic ou le Nissan Qashqai. Ceci dit, le moteur du Koleos manque quand même un peu de puissance en bas du compte-tours. Il faut donc démarrer sans trop accélérer, et tout se passera alors sans problème. Si l'on veut démarrer trop vite, ça cafouille, avec un creux marqué, même s'il est bien moins agaçant que sur un Qashqai dCi 130... .
La boîte de vitesses, pas très bien étagée pour sa part avec un trou entre la 2ème et la 3ème ainsi que les derniers rapports longs, apparaît un peu accrocheuse. Mais, il n'y a rien là de rédhibitoire. Il faut conduire en souplesse, sans vouloir forcer. Dans ce cas, le Koleos arbore une douceur de bon aloi. L'engin n'a rien de sportif. Les 175 chevaux affichés ne sont d'ailleurs pas démonstratifs. Ceci dit, la mécanique permet d'honnêtes performances, suffisantes pour un véhicule à vocation familiale.
A 8,5 litres aux cents en parcours route-autoroute-ville avec une transmission aux quatre roues, la consommation n'a rien d'exagéré. Car on cravache moins un moteur de cylindrée conséquente qu'un petit. Mais, l'absurdité régnant, ce Koleos doit passer à la caisse avec un malus de 2.200 euros... A cause de ces foutus cycles d'homologation ne reflétant absolument pas la vraie vie !
Un excellent confort
Le parti pris d'une carrosserie lisse et d'une mécanique assez placide se combine avec un excellent confort. Car le Koleos est moelleux. Avec ses suspensions souples, il se révèle même comme l'un des plus confortables parmi les « SUV » actuels. Très plaisant. Voilà donc un bon compagnon de route, que l'on gagne à connaître. Le travail de filtration est étonnant sur les ralentisseurs ou les pavés. Les conducteurs qui détestent être secoués apprécieront, d'autant plus que le Koleos ne distille ni bruits de roulement ni « clongs-clongs » de suspensions. Reposant.
Mais cette suavité générale a une contrepartie, à savoir un comportement routier pataud, peu agile. La voiture se vautre sur ses appuis en virage. Le Koleos manque de dynamisme. Les enchaînements de virages à allure soutenue, ce n'est pas son truc. Mais, en conduite normale, ce véhicule au tempérament bonhomme se montre plutôt rassurant et équilibré. Renault a troqué ses pneus coréens des débuts pour des Continental nettement meilleurs. Le Koleos se définit comme un brave véhicule de famille, proche d'un monospace, avec lequel on ne s'amuse pas mais qui vous traite en douceur. Nous critiquerons tout de même le rayon de braquage démesuré, qui rend les manœuvres fastidieuses.
Vive l'achat d'occasion
Les prix sont raisonnables vu l'équipement par rapport aux concurrentes. La version dCi 150 en deux roues motrices démarre à 27.500 euros (Limited) avec déjà le GPS. On peut bénéficier des quatre roues motrices, très utiles, qui améliorent grandement la motricité sur route humide. Or, celle-ci en a bien besoin à cause du contraste entre la relative paresse au démarrage et l'arrivée soudaine de la puissance lors de la mise en action du turbo. Malheureusement, pour la transmission 4x4 qui rend le Koleos vraiment polyvalent, il faut accéder à la motorisation dCi 175. C'est donc plus cher.
« Notre » version 4x4 Initiale coûte 35.750 euros, avec un équipement toutefois très complet, comprenant des sièges en cuir de bonne facture électriques et chauffants, un toit vitré ouvrant très agréable, une caméra de recul, un (agaçant) avertisseur d'angles morts et... un ensemble audio appréciable. Hélas, le malus grève l'addition. La version à boîte automatique requiert 600 euros de plus, ce qui est raisonnable mais peu recommandable, tant cette transmission énergivore ramollit encore plus les performances et le comportement routier, déjà pas très incisif avec la boîte manuelle.
Une bonne remise vous sera très certainement accordée par votre concessionnaire, tant ce modèle se vend mal. Mieux, vu la revente problématique, optez pour une occasion récente, qui vous permettra de solides économies. Là, avec la décote, l'achat d'un Koleos devient une bonne affaire. C'est ce que nous ferions à votre place. Les coûts d'entretien sont Renault, c'est-à-dire abordables, davantage que sur des « SUV » de marque étrangère, avec un réseau très dense en France. Le Koleos jouit en outre d'une bonne image de fiabilité. La conception doit beaucoup à l'allié nippon Nissan.
Modèle d'essai : Renault Koleos dCi 175 4x4 Initiale: 35.750 euros (+2.200 euros de malus)
Puissance du moteur: 175 chevaux (diesel)
Dimensions: 4,52 mètres (long) x 1,86 (large) x 1,70 (haut)
Qualités: finition solide inspirant confiance, véhicule silencieux, bon confort général, habitabilité satisfaisante, fonctionnalité soignée, réseau après-vente dense, équipement complet
Défauts: ambiance banale et triste, rayon de braquage démesuré, mécanique un peu rugueuse à bas régime, motricité sur route humide, manque d'agilité, fautes d'ergonomie
Concurrentes: Toyota Rav 4 150 AWD Lounge : 36.990 euros; Citroën C4 Aircross 1,8 HDi 4x4 Exclusive : 37.700 euros ; VW Tiguan TDi 170 4 Motion Carat : 40.660 euros
Note : 14 sur 20
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