Il ne se voyait pas chef d'entreprise. Et pourtant, cela fait dix ans que François Goudenove est à la tête de Websourd, une société toulousaine qui offre des services aux sourds et malentendants. Ce patron atypique dirige une entreprise où « la langue de travail est la langue des signes [LSF, ndlr] comme d'autres utiliseraient l'anglais ».
Née sous forme d'association en 2001, Websourd a pris le statut de société coopérative d'intérêt collectif (Scic) en 2003, à l'arrivée de François Goudenove, ingénieur détaché par Airbus pendant trois!ans.
« Aujourd'hui, j'ai trouvé ma voie, même si la vie de chef d'entreprise n'est pas un long fleuve tranquille. » Acteur de l'économie sociale et solidaire, Websourd possède un « modèle économique viable » mais évolue tout de même dans un « environnement concurrentiel très dur », rappelle François Goudenove.
Avec ses 30 salariés, dont la moitié sont sourds ou malentendants, l'entreprise toulousaine a pour objectif de « développer des services et des produits économiquement viables, mais avec une capacité à changer la vie des gens », précise ainsi le PDG. Arrivé à Toulouse en 1988 « grâce à la chanson de Nougaro », ce Nordiste avoue qu'il « ne connaissait rien à la LSF avant la naissance de [son] troisième enfant ».
Catastrophé par la situation des 500.000 sourds en France, François Goudenove refuse que beaucoup d'entre eux renoncent à l'emploi en raison de conditions de travail inadaptées à leur handicap.
Websourd les accompagne aussi dans leurs démarches quotidiennes. Ils sont 3.000 à 4.000 à utiliser ces services à Toulouse et dans sa région. Les clients de Websourd sont des entreprises et des organismes publics qui souhaitent favoriser l'accessibilité à leurs usagers, comme la CAF, les mairies de Toulouse et de Lille, certaines banques et assurances, ainsi que le musée du Quai Branly.
François Goudenove souhaite rapidement effectuer un « changement de braquet, avec l'ambition de rester une entreprise sociale et sociétale ». Websourd mène une levée de fonds, mais le statut de Scic est « un frein au financement. Notre stratégie est de créer des filiales sous formes de SA afin de pouvoir lever des fonds ». Cette année, le chiffre d'affaires devrait atteindre les 2 millions d'euros.
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