Pierre-Simon Ntiruhungwa, le coach qui "muscle" votre désir d'entrepreneur

Il se rêvait footballeur professionnel. Il est devenu formateur d’entrepreneurs. À 25 ans, le président de Silicon Students accompagne des jeunes de 18 à 25 ans, de toutes nationalités.
A 25 ans, Pierre-Simon Ntiruhungwa organise des stages d'immersion pour entrepreneurs en herbe. / DR

Il se rêvait footballeur professionnel. Il est devenu formateur d'entrepreneurs. À 25 ans, le président de Silicon Students accompagne des jeunes de 18 à 25 ans, de toutes nationalités. De son adolescence passée au centre de formation Le Mans Football Club, il garde un physique athlétique qu'il entretient par quatre footings par semaine.

« Courir le matin me met en condition pour travailler », assure Pierre-Simon Ntiruhungwa.

À 25 ans, le studieux président de Silicon Students prépare les premières éditions à Paris, Londres et Berlin des formations pour aspirants entrepreneurs que propose sa société. L'été prochain, une vingtaine de jeunes de 18 à 25 ans vivront pendant huit semaines sous le même toit, échangeront avec des fondateurs d'entreprises à succès et autres mentors, travailleront pour des start-up et plancheront sur leur propre projet.

Organisées à San Francisco depuis deux ans, ces « Start-up dream teams » ont rassemblé une trentaine d'étudiants venus de France, des États-Unis, du Brésil, d'Italie, des Pays-Bas, du Canada et de Singapour.

« Il y a beaucoup plus de gens qui ont la fibre entrepreneuriale qu'on ne le pense. Mais pour se lancer, certains ont besoin d'être entourés de gens qui les tirent vers le haut, plutôt que de sceptiques. »

Pierre-Simon Ntiruhungwa parle d'expérience :

« Enfant, quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais que je ne savais pas, car j'ai vite compris que "footballeur professionnel" n'était pas une bonne réponse ; on me disait : "Ça va être difficile !" C'était démoralisant. »

Mais Pédro, comme le surnomment ses proches, sait ce qu'il veut :

« S'épanouir dans une voie où il n'y a pas de limites, où on peut avoir de l'ambition. »

Quand le jeune attaquant qui rêvait d'être le futur Pelé ou Zidane réalise qu'il est hors jeu pour devenir professionnel, il s'oriente donc sur le terrain de l'entrepreneuriat.

Autonome dès l'âge de 6 ans !

Après le décès de sa mère, il a acquis une discipline de fer. Avec sa grande capacité de travail, il perfectionne son anglais chaque soir après les cours, en regardant les shows télévisés américains, comme The Apprentice. Puis il endure trois années de classes préparatoires pour entrer dans l'une des meilleures écoles de commerce de France, l'ESCP... qu'il choisira de quitter avant d'obtenir son diplôme.

« J'avais acquis les connaissances techniques nécessaires, et j'avais trouvé mon but. »

Il l'a identifié en passant une année de césure dans la Silicon Valley, au sein d'Ifeelgoods.

Michael Amar, PDG cofondateur de cette start-up de promotion digitale, a été impressionné par « sa débrouillardise et sa capacité à fédérer autour de lui. Il aborde les gens facilement, n'hésitant pas, par exemple, à se faire prendre en photo avec Marc Zuckerberg [le patron fondateur de Facebook, ndlr] en marge d'une conférence ».

Pierre-Simon Ntiruhungwa étoffe son carnet d'adresses au gré des deux à trois rencontres entrepreneuriales qu'il fréquente chaque semaine. Il y croise d'autres étudiants, européens et américains venus d'autres États, passionnés d'entrepreneuriat comme lui.

« Nous dressions le même constat : il nous manquait un environnement porteur pour réaliser nos projets. Et nous ne manquions pas d'esprit d'initiative, nous étions tous animateurs de réseaux ou présidents d'associations. »

Pour sa part, Pierre-Simon Ntiruhungwa avait organisé une conférence « From business school to the Web », invitant des pionniers du digital comme Catherine Barba (Malinea) et Frédéric Plais (Commerce Guys) pour initier aux métiers du Web ses camarades d'écoles de commerce. Il décide alors d'apporter sa réponse à ce manque, en créant Silicon Students.

À partir d'une page Facebook et du bouche-à-oreille, il recrute en 2012 ses premiers étudiants, après avoir testé leur motivation et leur volonté de vivre cette expérience collective par un entretien sur Skype. Il leur fait rencontrer Drew Houston (PDG fondateur de Dropbox), Jeff Tannenbaum (Blue Run Ventures) ou encore Will Young (Zappos Lab). Richard Gozlan, le cofondateur de Cleanio, a suivi cette formation en immersion.

« Débarquer seul à San Francisco, ce n'est pas facile ! Pierre-Simon nous fait rencontrer les bonnes personnes, et il nous incite à nous donner à fond sur nos projets. Tout en gérant la vie quotidienne de la maison, et les petites exigences de chacun. Il est capable de se coucher à 3 heures du matin, et de se lever deux heures plus tard pour travailler. »

Monter ces programmes estivaux, ce n'est pas de tout repos

Édouard Foussier, coorganisateur des Apéro-Entrepreneurs à Paris et associé de Pierre-Simon Ntiruhungwa, admire sa sérénité face aux impondérables :

« L'an dernier, lors de notre arrivée à San Francisco avec les étudiants, nous avons eu un problème de logement. Pierre-Simon a trouvé un toit à chacun en urgence, en mobilisant son réseau, et a loué une nouvelle maison en moins d'une semaine. Il a une grande détermination, tout en restant ouvert d'esprit et très sociable. »

Suite à des désistements de partenaires, il termine cette édition avec une ardoise de plusieurs milliers d'euros. Mais il préfère rogner sur son confort personnel que de renoncer à son entreprise. Il continue de sillonner l'Europe des start-up, mais en bus plutôt qu'en avion. Il vit chez des amis.

« Pédro est tellement investi dans son projet qu'il peut supporter des conditions précaires sans que cela impacte sa productivité. Il se moque des apparences et n'a pas peur de penser différemment », confie Shéhrazade Schneider, cofondatrice de Robin Food.

Cet infatigable promoteur de l'esprit d'entreprise prévoit déjà de jouer dans de nouvelles divisions, en implantant son programme dans les pays émergents, « là où il n'y a pas encore d'écosystème, comme au Burundi, d'où vient ma famille ».

Et en sensibilisant les jeunes de plus en plus tôt, « dès le lycée ».
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>>> MODE D'EMPLOI

Où le rencontrer ? : « Je voyage beaucoup, donc le plus simple est de me contacter par mail. Ou venez me rencontrer aux ApéroEntrepreneurs de Paris, chaque premier jeudi du mois. Je suis souvent au Numa. Et je ne manque aucune édition de l'événement Le Web, à Paris et à Londres. »

Comment l'aborder : Soyez motivé. « Voir une personne s'enthousiasmer pour son projet me donne envie de l'aider. »

À éviter ! Oublier le « follow-up ». « Donnez-moi des nouvelles quand je vous ai mis en relation avec quelqu'un. »


>>> TIMELINE

  • Août 1988 Naissance au Mans
  • 2002 Entre au centre de formation Le Mans Football Club
  • 2009 Entre à l'ESCP
  • 2012 Première session de la « Start-up dream team » à San Francisco Octobre
  • 2013 Entre chez Microsoft à Paris
  • 2014 Silicon Students arrive à Paris, Londres et Berlin
  • 2016 Étend Silicon Students dans dix villes, notamment dans des pays émergents.

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Commentaires 5
à écrit le 30/09/2014 à 18:23
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"Puis il endure trois années de classes préparatoires pour entrer dans l'une des meilleures écoles de commerce de France, l'ESCP... qu'il choisira de quitter avant d'obtenir son diplôme" LOL, oui oui il a "choisi" de partir (un ancien de l'ESCP)

à écrit le 01/03/2014 à 10:20
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Et bien moi je dis que la croissance mole du Burundi ne t'as jamais porté préjudice. Vive les limousines !!!

à écrit le 27/02/2014 à 22:50
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"Puis il endure trois années de classes préparatoires pour entrer dans l'une des meilleures écoles de commerce de France, l'ESCP... qu'il choisira de quitter avant d'obtenir son diplôme." Jolie coup de bluff! Qui peut croire à l'histoire d'un type qu...

le 28/02/2014 à 11:29
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1- Aux yeux d'un recruteur, l'obtention de l'école est constituée par le succès à son concours d'entrée, pas par le diplôme. 2- En France, valider son diplôme consiste à valider un certain nombre de contraintes, parfois très chronophages et peu util...

à écrit le 27/02/2014 à 18:47
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Bienvenue au club ! Les spécialistes de la psychologie développementale n'y trouveront malheureusement qu'une réédition des principes édictés par le mouvement de la qualité, mais à l'heure du dopage au Xénon, il fallait bien une "surdose" de sportivi...

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