A l'issue de la 9ème édition du Women's Forum qui a affirmé au fil des débats et des rencontres, l'importance pour les intervenants du rôle sociétal que les femmes doivent jouer dans le monde, en particulier pour lutter contre les inégalités, Najat Vallaud Belkacem s'est exprimée sur l'agenda de son ministère. Après les discussions actuelles au Parlement autour de son projet de loi, elle a décidé de consacrer 2014 comme année de la mixité. Et parmi ses priorités, au delà des sanctions qui commencent à tomber contre les entreprises qui ne respectent pas l'égalité professionnelle et la promotion des entreprises exemplaires, c'est bel et bien la précarité des femmes qu'elle souhaite combattre en priorité, avec les violences faites aux femmes.

Le 12 septembre dernier, à la tribune du CESE, à l'invitation d'Olga Trostiansky qui préside au Laboratoire de l'Egalité et de Frédérique Agnès de Mediaprism, Madame la Ministre, a exposé longuement son point de vue en clôture des débats des premiers Etats Généraux de l'Egalité.

Extrait de l'intervention de Madame la Ministre

« J'étais l'autre jour avec les équipes du Secours Populaire pour assister à la publication de leurs nouveaux chiffres sur la pauvreté. Ces chiffres malheureusement ne nous ont pas beaucoup surpris car ils correspondent à une réalité qu'on observe partout autour de nous. Aujourd'hui, 4,7 millions de femmes vivent sous le seuil de pauvreté en France contre 3,9 millions d'hommes ; 1,4 million de femmes ont perçu le RSA en 2011 contre un peu plus d'1 million d'hommes. Les femmes les premières victimes de la crise et aujourd'hui, la pauvreté dans notre pays a indéniablement le visage des femmes, les femmes jeunes à la tête de famille monoparentale qui élèvent seules leurs enfants, les femmes plus âgées aussi qui ont atteint l'âge de la retraite.

Pour ces dernières, nous avons veillé à ce que cette question soit traitée par la réforme des retraites que nous sommes en train de faire adopter tant nous savons que les inégalités sont fortes.

Les femmes retraitées perçoivent en moyenne une pension inférieure d'un tiers à celle des hommes après correctif et que les projections surtout, et c'est ça qui doit nous alerter, nous montrent que cette situation au fond ne s'améliorera pas spontanément.

Si l'on ne fait rien pour les générations nées dans les années 1970, qui prendront leur retraite aux environs de 2040, les écarts de pensions de retraite entre les hommes et les femmes, resteront de l'ordre de 20 %.

Je pourrais presque partir de ce seul chiffre de différence de pension de retraite tellement il nous oblige.

Venir à bout de ces 30 %, d'écart de retraite, c'est mener en réalité de fond plusieurs chantiers ; celui des écarts de rémunération - les fameux 27 % -, réduire la précarité des salariés à temps partiel, annuler la pénalité dans la carrière et dans les rémunérations des femmes qui est souvent constituée par la prise de congés familiaux longs ; corriger l'inégalité dans la distribution des temps de vie, les fameux 1h30 d'écart chaque jour dans les activités domestiques entre les hommes et les femmes, pour permettre une distribution plus égale de ces temps de vie ; et enfin, corriger au moment où il faut bien compenser les écarts parce qu'ils se sont créés malgré tout, les inégalités de retraite donc en venant compenser le retard pris dans les carrières par les femmes. »