Accor sous domination coloniale

Par Fabio Marquetty  |   |  316  mots
La logique d'optimisation patrimoniale voulue par Colony Capital, grand spécialiste de la valorisation foncière, va nourrir des intérêts davantage financiers que stratégiques.

A moins d'un brusque retournement de situation de dernière minute, l'issue de la réunion du conseil d'administration d'Accor est normalement jouée d'avance. Notamment parce qu'avec 19% du tour de table de l'opérateur hôtelier, Colony Capital ne devrait pas rencontrer trop de difficultés pour convaincre ses pairs de la viabilité du projet de scission entre les activités hôtelières et les métiers de services.
Pourtant,  malgré la création de valeur supposée découlée de l'opération, le marché reste sur sa réserve. Du moins si l'on se fie au recul de près de 2% du titre. D'ailleurs, les investisseurs se montrent plutôt hésitants depuis l'officialisation du divorce entre les deux grand pans d'activité d'Accor le 27 août dernier. Entre-temps, l'action a certes devancé de plus de 3,5 points le CAC40, mais au terme de nombreux chassés-croisés. Peut-être parce que la logique d'optimisation patrimoniale voulue par Colony Capital, grand spécialiste de la valorisation foncière, va nourrir des intérêts davantage financiers que stratégiques.
Surtout si l'on considère que la seule branche hôtellerie vaudrait 6 milliards d'euros, soit 70% de la capitalisation boursière du groupe. A cela se rajoutent des incertitudes sur le prix retenu dans le cadre d'une potentielle introduction en Bourse d'Accor Services. Les calculs des analystes débouchent sur une valeur d'entreprise proche de 6 milliards d'euros. Soit un montant équivalent à 6 fois le chiffre d'affaires et près de 16 fois le résultat d'exploitation dégagés par ce pôle en 2008. Ce qui semble a priori un peu élevé dans un contexte boursier encore fragile.
Dès lors, si l'annonce d'une confirmation de la scission est susceptible de dynamiser le titre dans les prochains jours, rien n'assure les actuels actionnaires du groupe de continuer de profiter de la même dynamique sur la durée.