Vedanta ou le retour du gigantisme minier

Le minier indien annonce ce jour l'acquisition de la majorité du capital du pétrolier Cairn India pour 9 milliards de dollars. Une opération qui pourrait marquer le retour de la course au gigantisme dans le secteur minier. Coûte que coûte.

A première vue cela n?est pas grand-chose. Seulement 9 milliards de dollars : ce n?est finalement qu?une petite opération pour le secteur minier. Et pourtant le rachat de la société pétrolière Cairn India par sa compatriote minière Vedanta est tout un symbole. Premièrement parce qu?il est très rare de voir un minier racheter un pétrolier. Traditionnellement entre les deux secteurs c?est « chacun chez soi et les vaches seront bien gardées ». Jusqu?ici seul le « Number One » toutes catégories du secteur à savoir BHP Billiton possédait des actifs pétroliers. La première idée qui vient à l?esprit est qu?une opération comme celle-ci fait sens. Les groupes miniers très énergétivores ont besoin de se prémunir contre les fluctuations des prix du barils. Cette thèse évacuée, l?opération réalisée par Vedanta s?avère être un symbole surtout parce qu?elle est stratégique.
Il s?agit en effet de diversifier un portefeuille pour l?amener sur le terrain plus spécialisé de l?extraction pétrolière. Une sorte de fusion des matières au sein d?une même industrie ? précisément chez les miniers et pas chez les puissants pétroliers - qui révèle surtout l?appétit retrouvé des géants de l?extraction. Et ils ont faim les ogres miniers. Une vraie fringale depuis deux ans qu?ils sont à la diète. Qu?ils égrènent les trimestres au rythme des réductions de coûts et de désendettement pour panser les plaies de la crise. La crise ? Terminée ! Sur le seul premier trimestre, les fusions-acquisitions dans le secteur ont dépassé les 20 milliards d?euros, soit un plus haut cumulé de neuf mois dans le secteur.
Tout semble reparti comme en quarante. Bénéfices multipliés par trois (les plus élevés depuis dix ans) pour Rio Tinto. Par quatre pour Vale sur le seul deuxième trimestre. Forcément on voit, à nouveau la vie en rose dans le secteur. Au point que leur investissement pourrait dépasser le précédent record de 110 milliards de dollars de 2008, pour atteindre 113 milliards en 2011, selon les spécialistes de chez Bernstein ! Les voilà, comme à la belle époque, replongés dans la course au gigantisme. C?est précisément à cette époque, juste avant que tombe le couperet de la crise financière, que l?idée d?un rachat des compagnies pétrolières par les Gargantuas miniers faisait son chemin. Avec Vedanta c?est désormais chose faite.

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