Carnet de bord décalé : Community business

Un regard oblique sur l'actualité économique et financière de la semaine. Chaque jour, un fait ou un chiffre saillant.
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Lundi 3 jan. 2011. Bonnes résolutions

Les derniers morceaux de foie gras et de saumon digérés, les dernières bulles de champagne éructées, les brumes de la matinée du 1er janvier désormais dissipées, la traditionnelle heure des bonnes résolutions, est arrivée. Et les bonnes résolutions, les investisseurs tricolores en sont bardés après une année 2010 placée sous le signe du chou blanc - le CAC 40 ayant finalement terminé l?année dans le rouge. Première résolution : démarrer l?année du bon pied. Avec une hausse de 2,53 % de l?indice parisien, c?est fait ! Seulement voilà, les bonnes résolutions, cela fait aussi long feu que les douze coups de minuit. Et les mauvaises habitudes étant les plus indécrottables, le palmarès du jour a comme des relents de 2010. Achats de valeurs financières à bon compte et éternelle résurrection du compartiment cyclique à deux doigts de la rupture ? A moins qu'il ne s'agisse que d'une simple session de rattrapage après une dernière semaine de décembre chaotique et pourtant statistiquement euphorisante pour les investisseurs. 

Mardi 4. Community business

Tout le monde rêve d?avoir Mark Zuckerberg comme ami. En plus d?être devenu un as du copinage à tout va, le patron juvénile et non moins milliardaire de Facebook est aussi un alchimiste hors pair. Quand d?autres tentent toujours vainement de transformer le plomb en or, lui peut convertir une poignée de dollars de revenus en montagne de cash. Selon le Wall Street Journal, le plus grand site communautaire de la planète serait valorisé autour de 50 milliards de dollars. Rien que çà ! Et cela alors que son chiffre d?affaires ne devrait pas dépasser?.2 milliards de dollars en 2010. Là où certains ne parviennent même pas à refourguer leurs pas de porte pour l?équivalent d?une modeste année de facturations, l?éternel ado est, pour sa part, assis sur un magnifique trésor représentant deux décennies et demi de recettes. Le monde a perdu son jardin secret. Les annonceurs peuvent puiser sans fin dans un vaste réservoir de profils. Jamais, à Wall Street, ne s?est-on autant extasié devant des actifs aussi peu tangibles. Qu?importe : la tendance est à l?étalage de sa vie privée ! On se plaît à noircir les murs d?expériences partagées et de photos en tout genre. Tout cela ne tient qu?à un fil aussi fragile qu?un effet de mode, mais c?est aussi ça la magie de la Toile.

Mercredi 5. Euromilliards

Dans les salles de marché, les traders retiennent leur souffle. L?heure de vérité a sonné. Il est grand temps que l?Europe des 27 mette sa crédibilité financière à l?épreuve. Le sort de l?Irlande en dépend. Il s?agit là de la première émission de l?UE destinée à financer son plan d?aide. Roulement de tambours... et là surprise ! Le pudding prend. Les investisseurs s?arrachent le papier. Si bien qu?initialement prévu à 5 milliards d?euros, le placement doit faire face à une demande frôlant les 19 milliards d?euros. Le tout pour un taux d?intérêt raisonnable de 2,57% à cinq ans. Cela reste certes toujours supérieur d?environ 50 points de base à la rémunération des obligations d?Etat américaines. Mais, corrigées de la décote de liquidité liée au net manque de profondeur du marché obligataire du Vieux Continent face à son homologue de Wall Street, les deux qualités de signature convergent. De quoi tempérer les vociférations des Cassandre prophétisant l?éclatement de la zone euro. A force de limiter l?Europe à une poignée de canards boiteux, on finirait par en oublier la partie émergente à l?Est de l?iceberg.

Jeudi 6. Prime à la casse

Les actions Peugeot, c?est un peu comme les voitures. Mieux vaut en acheter tant que c'est encore intéressant. L?occasion (peut-être la dernière) se présente aujourd?hui avec les ventes sur 2010. Une année record aux dires du constructeur qui a écoulé 3,6 millions d?unités, comme des petits pains. Le marché, qui n?avait pas encore assez encensé le titre PSA (4ème meilleure performance du CAC 40 en 2009 et 12ème en 2010), applaudit à tout rompre et crédite la valeur d?un gain de plus de 2 % en Bourse, soit l?une des meilleures performances de l?indice vedette de Paris, ce jour. Un vrai chant du cygne. Comme si les investisseurs s?accrochaient une dernière fois aux illusions perdues, à une thématique trop jouée alors que l?encéphalogramme du secteur était désespérément plat il y a encore un an et demi. En état de mort clinique, les constructeurs ont bénéficié de l?adrénaline gouvernementale injectée via les primes à la casse. Le problème, c?est quand le grand corps malade doit apprendre à survivre sans ses perfusions. Le record de Peugeot est peut-être euphorisant mais par contraste, il est inquiétant pour la suite. La hausse du jour est en soi une prime à la casse ; celle accordée à l?action PSA avant la casse boursière ?

Vendredi 7. Ben le fauconnier

La posture est délicate. Il y encore une heure,  Ben faisait des bonds dans son bureau juste après avoir jeté un oeil sur les derniers chiffres du chômage américain. "Yes, yes, yes !!!". Le patron de la Fed exultait à l'idée que son programme d'assouplissement monétaire quantitatif  (QE II) ait enfin redonné des couleurs à l'économie américaine. Mais, le premier argentier de la planète est désormais contraint de jouer un rôle devant  le Sénat. Là, il verse dans le dramaturgie. "On est encore loin du but, messieurs. Loin du plein emploi ..." En décrypté : "Pour une remontée des taux messieurs, vous pouvez toujours vous accrocher. Pas question de tuer la reprise dans l'oeuf". Indirectement, le message s'adresse aux nouveaux membres du conseil de la Fed, qui compte désormais en son sein trois Faucons, francs partisans de l'arme des taux pour lutter contre l'inflation galopante. Heureusement Ben l'ornithologue, spécialiste des vautours de Wall Street, est aujourd'hui passé maître dans l'art de dresser les faucons. Il suffit pour cela de savoir faire parler les chiffres. Le chômage ne représente certes plus que 9,4 % de la population active en décembre au lieu des 9,7 % attendus...mais les créations d'emplois ont déçu. Tout est une question de tournure d'esprit. 

 

 

 

 

Bonne année 2011 ...
 

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