EDF en tarifs soldés

Par Fabio Marquetty  |   |  330  mots
Copyright Reuters
L'énergéticien continue de céder du terrain dans la perspective d'un gel des tarifs de l'énergie en France. Soulignant, au passage, les limites d'un modèle économique trop domestique

Tout comme elle avait provoqué l'euphorie générale, le 23 mars dernier, sur fond de rumeurs de relèvement tarifaire, l'action EDF est aujourd'hui vouée aux gémonies. Non sans raison. La soi-disant demande du groupe portant sur une augmentation de 30 % des tarifs sur les cinq prochaines années est restée lettre morte. Au contraire, dans l'optique des présidentielles de 2012, le gouvernement a préféré ménager les électeurs que les actionnaires d'EDF, en décidant de geler les prix de l'électricité. Déjà sanctionné en Bourse par la polémique autour du nucléaire relancée par les événements tragiques du Japon, le titre fait maintenant les frais d'une remise en question des perspectives de croissance du groupe. En l'espace de deux jours, la valeur a fondu de plus de 7%. Son cas a été aggravé, aujourd'hui, par le brusque réajustement d'objectif de cours d'Oddo, qui vise désormais 32 euros contre 43 euros auparavant.

Plus globalement, l'actualité de ces derniers jours souligne les limites du modèle économique d'EDF qui repose, pour l'essentiel et contrairement à GDF Suez, sur son marché domestique. En clair, le groupe ne dispose que de deux véritables moteurs de croissance de ses bénéfices : l'augmentation des tarifs et le taux de disponibilité des centrales nucléaires. Un champ des possibles restreint que la communauté financière voit d'un assez mauvais œil. Pour preuve, le groupe qui trônait, avec une capitalisation boursière de 148,5 milliards d'euros, en tête des poids lourds du CAC 40 fin 2007 a vu sa valeur fondre de près de 100 milliards d'euros et se retrouve aujourd'hui à la 31ème place du classement. Autre exemple, EDF accuse la plus forte baisse de l'indice parisien depuis la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008 avec une chute de plus de 45%. Si l'on ajoute à cela l'impopularité des structures étatiques auprès des investisseurs anglo-saxons, le potentiel haussier du titre est aussi faible que celui des tarifs de l'électricité.