Veolia, le lourd héritage des "années Messier"

Par Fabio Marquetty  |   |  343  mots
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L'ex-Compagnie Générale des Eaux s'échange en Bourse au tiers de sa valeur d'introduction. Le flot de mauvaises nouvelles, qui se déverse sur le titre depuis une quinzaine de jours, remet en lumière les limites d'un modèle lesté par une dette colossale héritée des « années Messier ».

Dès le départ, l?histoire était écrite. Tout a commencé un jour d?été de l?année 2000. Un 20 juillet précisément. La poitrine gonflée d?orgueil et d?un soupçon d?incertitudes, le désormais tristement célèbre « J6M » (Jean-Marie-Messier-Moi-Même-Maître-du-Monde) scrute alors avec attention l?accueil réservé par le marché au premier jour de cotation de l?ex-Compagnie Générale des Eaux devenue pour l?occasion Vivendi Environnement. Le bilan est mitigé : - 0,32% à la clôture (à 32,95 euros). Peut-être fallait-il déjà y voir à l?époque le scepticisme des investisseurs à l?égard d?un montage financier bancal faisant porter le poids d?une dette d?environ 15 milliards d?euros aux métiers historiques mais non moins viables de services à l?environnement de Vivendi dans le but de faciliter, par ailleurs, l?illusion de la naissance d?un géant des médias au bilan propret.

Malheureusement, l?effet de trompe l??il a fait long feu. Car aujourd?hui, les faits sont là : Vivendi Environnement, entre-temps rebaptisé Veolia, vaut moins d?un tiers de sa valeur d?introduction en Bourse du 20 juillet 2000. Et ce après avoir atteint un plus bas historique de 10,085 euros le 10 août. La cause : un modèle économique pris en étau entre la nécessité de réduire l?endettement au travers de vastes mesures de restructuration et l?obligation de maintenir des niveaux d?investissements nécessairement élevés dans un secteur très gourmand en capitaux, pour rester par ailleurs dans la course aux méga-contrats de concession.

Résultat, le groupe croule depuis une quinzaine de jours sous un flot de mauvaises nouvelles : alerte sur résultats, pertes nettes trimestrielles de 67,2 millions d?euros et abaissements de recommandations de la part de courtiers comme UBS. Le tout dans un contexte de réduction drastique de son périmètre qui passera d?une couverture géographique réduite à 40 pays en 2013 contre 77 aujourd?hui. Reste à espérer que la France en fera encore partie?