Merkel et les Etats-Unis d'Europe d'Allemagne

Par Philippe Mabille  |   |  461  mots
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Salle comble pour la Chancelière allemande, traitée comme la chef des Etats-Unis d'Europe, mais qui n'a pas varié d'un pouce sur sa position. Oui, l'Allemagne est et sera solidaire,, dans certaines limites, mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour que nous devenions aussi bons que les Allemands.

La chancelière allemande a été accueilli par une fanfare traditionnelle menée par des gardes suisses en ancien costume ! Drôle de symbole, pour l'ouverture officielle du Forum de Davos, qu'elle est l'un des rares chefs d'Etat européen à fréquenter aussi assidument. L'an dernier, Nicolas Sarkozy avait assuré le show, en engueulant copieusement le monde de la finance et en les appelant à changer vite, avant que ce soit lui, enfin plutôt le monde qui ne les change... Angela Merkel, sobre veste noire, a adopté un ton beaucoup moins agressif, affirmant de façon encore plus criante par sa sérénité la puissance retrouvée de son pays sur la scène mondiale. 

Accueillie par Klaus Schwab qui voit dans sa 42ème édition du WEF "un sanatorium pour économie mondiale en plein burn out", Angela Merkel  a prononcé un discours d'environ 40 minutes, sur un ton presque ennuyeux (beaucoup dans l'assistance se sont endormis!), sans rien dire de plus captivant que, dans 20 ans, elle espéraient voir les Etats-Unis d'Europe avec tous les pays de l'Union dans la zone euro. Un voeux pieux vu l'état des lieux actuel, mais une vision plutôt optimiste et rassurante face à tous ceux qui, dans la salle, craignent un éclatement de la monnaie unique avant la fin de l'année.

Pour résumer la vision de la chancelière, disons qu'elle estime que la leçon tirée par les pays attaqués n'est pas encore suffisante. Il y a donc encore beaucoup à faire pour retrouver le chemin de la stabilité. Merci Docteur Angela, encore une cuillerée de potion amère SVP... Le plus rassurant, néanmoins, dans ce qu'elle a dit, est qu'elle est favorable à une plus forte intégration de l'Union. L'Europe a besoin de plus d'Europe pour en sortir et l'Allemagne est favorable à une telle évolution fédérale, à trois conditions. La discipline budgétaire, la concurrence et la solidarité. Selon elle, l'Europe est devenue un sujet de politique intérieure. Elle récuse l'idée d'une Allemagne source des déséquilibres écconomiques constatés au sein de l'Union.

La question européenne est simple, résume-t-elle : dans un monde de 7 milliards d'habitants où l'Europe ne pèse plus que 7% de la population mondiale, mais 20% de sa richesse produite, il faut savoir ce que l'on veut : veut-on se satisfaire d'être dans une position moyenne ou bien est-on prêt à faire les réformes nécessaires, des dépenses publiques et du marché du travail, pour figurer parmi les meilleurs ? L'Allemagne, elle, a fait son choix. Les Etats-Unis d'Europe seront allemands, sur le plan économique, ou ne seront pas. 

Just for fun, jetez un oeil à l'adresse twitter @Angela_D_Merkel (un fake, mais très drôle)