Merkel : "la Commission européenne s'apparentera de plus en plus à un gouvernement"

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  511  mots
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La chancelière allemande Angela Merkel a rejeté mercredi les appels à une augmentation de la capacité des fonds de secours de la zone euro, estimant que la clef pour rassurer les marchés était de mettre en place des politiques gouvernementales qui inspirent confiance. "Nous devons être prêts à oser plus d'Europe", a-t-elle également déclaré.

Elle a également déclaré qu'une plus grande intégration européenne finirait par apporter une solution à la crise de la dette de la zone euro.

"Nous devons être prêts à oser plus d'Europe", a estimé Angela Merkel lors du discours d'ouverture du Forum économique mondial de Davos.

A cette occasion, elle s'est interrogée sur la logique des arguments de ceux - certains intervenants de marché, des responsables politiques, le Fonds monétaire international (FMI) - qui pressent Berlin de mettre davantage sur la table, sans pour autant exclure une telle éventualité.

Au cours de la semaine, Christine Lagarde, directrice générale du FMI a suggéré que les fonds d'urgence à disposition de la zone euro puissent être doublées - pour atteindre mille milliards d'euros - en combinant les ressources du Fonds européen de stabilité financière (FESF), temporaire, et celles du Mécanisme européen de stabilité (MES), appelé à le remplacer de manière permanente cet été.

"Maintenant ils disent (...) : 'Il faut doubler la capacité. S'il était deux fois plus gros, nous vous ferions confiance'", a dit Angela Merkel.

"Certains disent: 'Il faudrait même qu'il soit trois fois plus gros, et là nous vous ferions vraiment confiance'. Et je me demande à chaque fois pour combien de temps ceci est crédible et quand cela cesse de l'être."

"Ce que nous ne voulons pas (en Allemagne) c'est une situation dans laquelle nous promettons quelque chose que nous ne pouvons pas tenir au final, parce que si l'Allemagne (...) promet quelque chose qu'elle ne peut pas tenir si les marchés l'attaquent fortement, alors l'Europe sera vraiment vulnérable", a-t-elle ajouté.

UNE UE PLUS FÉDÉRALE

Des responsables européens ont déclaré que Berlin devrait accepter en mars de laisser l'actuel FESF, qui a encore 250 milliards de fonds disponibles, et le futur MES, doté de 500 milliards d'euros, fonctionner en parallèle.

Angela Merkel n'a pas commenté cette possibilité, soulignant que l'Europe devait regagner la confiance des marchés en mettant en oeuvre de manière plus rigoureuse les règles budgétaires et en appliquant des réformes susceptibles de rendre son économie plus compétitive.

Selon elle, l'Europe a déjà perdu une bonne partie de la confiance des investisseurs.

"La confiance a été perdue parce que quelqu'un a dit: 'Ils ont promis quelque chose qu'ils n'ont pas fait par la suite'", a souligné la chancelière allemande.

"La confiance est la monnaie la plus importante qu'on puisse avoir dans le monde en ce moment."

Angela Merkel s'est dit convaincue que la zone euro allait surmonter la crise de la dette qui la plombe depuis deux ans et que la région allait à nouveau attirer des investissements.

Elle a exposé sa vision à long terme d'une Union européenne plus fédérale, dans laquelle elle voit la plupart des Etats membres adopter l'euro.

"Nous devrons nous habituer au fait que la Commission européenne, qui a déjà beaucoup de compétences, s'apparentera de plus en plus à un gouvernement", a encore dit Angela Merkel.