Quand Hong Kong fait la leçon à l'Europe

Le chef du gouvernement de Hong Kong s'est dit inquiet comme jamais des possibles répercussions mondiales de la crise de la zone euro. Il a appelé les gouvernements occidentaux d'agir, vite et fort, comme l'avaient fait les pays d'Asie après la crise de 1998.
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Il régnait une drôle d'atmosphère cette année @ Davos. Beaucoup des 2600 participants repartent avec le sentiment confus que la promesse initiale - comprendre la transformation du monde et surtout dessiner de nouveaux modèles - n'a pas été vraiment tenue. Il y a d'abord la présence du mouvement "Occupy WEF" installé aux portes du World Economic Forum et que les organisateurs n'ont pas voulu inviter à s'exprimer à la tribune officielle. Certes, Klaus Schwab les a laissé s'exprimer dans un forum alternatif, appelé Open Davos, mais ce n'est pas tout à fait la même chose. Sentiment donc d'une occasion perdue pour un dialogue qui aurait pu être fructueux sur l'avenir du capitalisme, au c?ur des préoccupations en cette sixième année de crise.

Alors on a laissé parler les traditionnelles Cassandre, tels Stiglitz ou Roubini, qui ont comme toujours averti que le monde allait à sa perte si les choses continuaient ainsi. Surtout, on a assisté à un divorce croissant entre le monde du business et celui des politiques. Les chefs d'entreprises qui se sont exprimés, en on ou en off, ont tous dit leur inquiétude sur l'incapacité des dirigeants politiques occidentaux à résoudre les problèmes de croissance et d'emploi. Et les politiques, tout en affichant une confiance forcée sur leur capacité à maitriser la crise, ont surtout donné le sentiment de ne pas bien savoir quoi faire. La seule chose à retenir, c'est que la balle est dans leur camp et que l'attente d'une action forte et coordonnée des dirigeants du monde est plus forte que jamais.

Le coup de fouet est venu samedi de Donald Tsang, le chef du gouvernement de Hong Kong, qui a exprimé sans langue de bois l'impatience des pays émergents devant l'impuissance de l'ouest à trouver une solution à une crise qui menace la prospérité de tous. Au cours d'une session sur les perspectives de l'économie mondiale où le seul représentant de l'Europe était le chancelier de l'Echiquier britannique, George Osborne, tout étonné de devoir ainsi défendre l'eurozone ("promis, c'est la première et dernière fois de ma vie", a-t-il ironisé), Donald Tsang a secoué l'assistance. "Nous avons su nous réveiller après la crise asiatique de 1998, en prenant des mesures impopulaires" a-t-il lancé. Mesures qui ont fait chuter les prix de l'immobilier et ont permis un désendettement à marche forcée. "aujourd'hui, Hong Kong a zéro dette et est au plein emploi. mais je n'ai jamais été aussi effrayé de ma vie de ce qui arrive dans le monde et particulièrement la zone euro", a prévenu le dirigeant asiatique. "Personne n'est immunisé dans un monde totalement interconnecté. 2012 est donc une année critique. Vous européens, devez prendre les actions décisives nécessaires pour restaurer la confiance. Et faites le vite, car c'est cela être au service du public. En aidant les pauvres et les personnes sans emploi. Si vous n'avez pas l'argent pour cela, trouvez le". Message fortement applaudi où l'Est fait la leçon à l'ouest.
"Aucun pays n'est immunisé", a confirmé Christine Lagarde, soulignant qu'il ne s'agit pas que d'une crise de l'euro. "Nous avons les outils, il est temps d'agir" a-t-elle expliqué, tout en réclamant une nouvelle fois une augmentation des moyens du FMI non pas seulement pour l'Europe, mais pour tous. "il s'agit d'un bon investissement car les prêts du FMI, sous condition strictes, ont toujours été remboursés..."
La patronne du FMI voit trois solutions à la crise. 1/ la croissance qu'il faut redynamiser en faisant du sur mesure dans chaque pays : certains doivent accélérer leur consolidation fiscale parce qu'ils n'ont pas le choix, mais d'autres dont la situation est plus aisée doivent en profiter pour faire de la relance budgétaire (a-t- elle dit sans jamais citer l'Allemagne) 2/ les banques centrales doivent agir pour assurer la liquidité des banques, comme l' a fait la BCE en décembre. 3/ il faut mettre en place un pare- feu décent, sachant que selon elle, plus il sera important et impressionnant, moins il aura besoin d'être utilisé, car cela rassurera les marchés sur la solvabilité des dettes souveraines.
Conclusion finale de l'animateur du débat, Martin Wolf, l'éditorialiste du Financial Times. "tant que les banques centrales de l'ouest devront maintenir des taux aussi faibles aux États-Unis comme en Europe, cela signifiera que le monde restera en crise". Et signe que la hiérarchie du monde est en train de s'inverser, il a prédit que lors des prochaines sessions sur les perspectives Economiques mondiales, ce sont les dirigeants des pays émergents, d'Asie ou d'Afrique, qui seront les vedettes de Davos, reléguant ceux de l'ouest à venir tendre leur sébille pour négocier des financements...
 

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