Moody’s, Moscovici et l’odeur de fondue brûlée...

Panic room à Davos. La rumeur d’une dégradation de la France par Moody’s a affolé la presse mondiale toute la journée de vendredi. Au final, la note Aa1 est prolongée, mais reste sous surveillance. Récit d'une folle soirée.
Philippe Mabille

Et soudain, c'est le drame ! Réunis avec quelques journalistes amis pour déguster enfin une fondue, tradition suisse oblige, vendredi soir, la presse française reçoit par mail une convocation à se rendre à l'hôtel Grisha « vers 22h30 » où le ministre des finances, Pierre Moscovici, participe à un dîner sur "le futur de l'Europe" organisé par Christophe de Margerie, le patron de Total… Objet : commenter la sortie de la notation Moody's sur la France... Toute la journée, la rumeur d'une nouvelle dégradation de la note Aa1 de la France a affolé les marchés et fait se tendre les taux d'intérêt (le spread avec l'Allemagne à dix ans monte à 70 points de base). Pour le ministre, l'enjeu est lourd, mais quand on le croise dans les couloirs du Forum, il reste souriant. En fait, lui sait depuis 24 heures que l'agence américaine ne va pas modifier son appréciation, et il veut en profiter pour faire passer son message : non, la France n'est pas en train de reconstruire le communisme de l'URSS, comme le lui a demandé sans rire un grand média américain. Oui, la France est en train d'engager une accélération de sa stratégie de redressement avec l'annonce du pacte de responsabilité par le président de la République. Le monde doute certes, mais le job du ministre français est clair. Couper court au « French Bashing » qui est devenu une sorte de « mainstream » à Davos. Son discours est bien rodé : la France est la cinquième puissance mondiale, la deuxième en Europe (devant le Royaume-Uni pénalisé par la dévaluation de la livre sterling)… La signature de la dette française est crédible et solide… François Hollande est déterminé à faire les réformes nécessaires… etc.

La presse française se retrouve donc à 22h30 au dit hôtel Grischa, avec force caméras et surveille sur twitter l'annonce fatidique. L'ambiance est plutôt gaie, mais chacun a bien conscience qu'une dégradation de la dette française ne serait pas une bonne nouvelle, surtout avec la caisse de résonnance que peut représenter un forum comme Davos, où le monde entier est présent… L'heure est donc grave. D'ailleurs, pour trouver la salle où va se tenir la fameuse conférence de presse, on nous demande de suivre « l'odeur de fondue brûlée ! »…

22h30, 22h40, le temps passe, pas d'annonce, pas de ministre non plus. Pour se détendre, les comptes twitter chauffent… Finalement, c'est l'AFP qui met fin au suspense… La note Aa1 est maintenue, mais reste sous surveillance avec implication négative. Un ouf de soulagement plus tard, les journalistes envisagent de partir, se demandant bien ce que le ministre, en retard, va bien pouvoir ajouter. Finalement, il arrive, lit laconiquement ce qui figurera dans le communiqué officiel de Bercy. Il est 23h30 ce vendredi 24 janvier 2014. Ce ne sera donc pas « la nuit de la faillite », titre d'un livre de politique fiction de Gaspard Koenig évoquant un scénario catastrophe sur la dette française et la réaction de François Hollande.

« Vous imaginez si François Hollande était venu à Davos cette année et que la note avait été dégradée en plein forum »… Pierre Moscovici se détend, et livre quelques confidences. Davos ? « C'est un peu spécial », dit-il… A savoir ? La France n'y est pas vraiment bien considérée, et subi un traitement d'une outrance caricaturale (à l'image de l'article de Newsweek, intitulé « The fall of France »… L'odeur de fondue brûlée s'estompe. Il est temps d'aller se coucher.

Philippe Mabille

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Commentaires 14
à écrit le 27/01/2014 à 7:49
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Chers amis Français, la dégradation de votre dette n'est qu'une question de mois, pas plus. l'explosion de vos déficits, le déni de la réalité (35 heures, retraite à 60 ans, régime des fonctionnaires), l'augmentation des dépenses publiques vous mène...

à écrit le 26/01/2014 à 22:58
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Ce monsieur nous fait pitié tellement qu'il est nul ainsi que toute l'équipe gouvernementale!

à écrit le 26/01/2014 à 17:26
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Nos gouvernants sont des énarques sans envergure . L' absence de génie stratégique est criant . Dans ces conditions nous sommes condamnés au déclin . Merkel , Poutine sont des dirigeants qui s'occupent des intérêts de leur peuple . Nous , on a des mo...

à écrit le 26/01/2014 à 15:48
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La France mériterait d'être dégradé avec un tel gouvernement d'incapable déficit supérieur a toutes les prévisions successives, et toujours plus de fonctionnaires. Le désastre se rapproche.

à écrit le 26/01/2014 à 7:57
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La mondialisation de la misère est en cours.

à écrit le 26/01/2014 à 0:10
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Nous sommes la 5° puissance mondiale. Faisons le savoir en mettant la pression sur la Suisse en lui faisant comprendre que nous ne tolèrerons pas plus longtemps ses pratiques fiscales. Les problèmes, nous n'y échapperons pas à cause de l'injustice et...

le 26/01/2014 à 7:55
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@JB38 pression sur la Suisse et également sur le Luxembourg.

le 26/01/2014 à 9:27
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Il faudrait plutôt écrire: nous étions la 5 eme puissance mondiale !!

le 26/01/2014 à 9:31
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Il y a déjà quelques temps que la Suisse a renoncée à ses pratiques fiscales! Maintenant, pour des comptes "discrets", rien ne vaut les États-Unis ( Delaware) ou même la Chine! Vous faites toujours pression ?

le 26/01/2014 à 11:09
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@Ecolib : Rappelons que le Luxembourg est l'un des pays fondateurs de l' UE et que Mr. Juncker a été premier ministre de ce pays jusqu'à fin 2013. Ce dernier brigue la présidence de la Commission européenne.

le 26/01/2014 à 21:51
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La Chine ? N'importe quoi... D'ailleurs les riches chinois mettent leur fric sur les îles britaniques...

à écrit le 25/01/2014 à 15:03
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Pendant que Moody nous met des mauvaises notes, son eminence décrète la croissance par circulaire administrativement parlant. On joue la population à la roulette russe financièrement parlant? Faut-il faire anti chambre pour créer une entreprise ou bi...

à écrit le 25/01/2014 à 14:55
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Si nous sommes dégradés et le Postérieur par terre, la faute à qui? Voltère l'un-sot-lent? Ne fait-on pas dans l'économie gruyère qui perd ses segments. Il existe un adage qui dit: plus y a de fonx, moins y a d'emplois. Donc c'est comme pour le gruyè...

à écrit le 25/01/2014 à 14:14
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Tout est résumé et nous prépare les lendemains difficiles....des politiques venus faire des courbettes devant les éminents représentants des plus grandes boites du monde, le tout organisé dans le plus grand paradis fiscal du monde. Quand je repense à...

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