Jack Dorsey est encore une énigme. Un de ces milliardaires discrets mais tout de même hyperactifs. A 36 ans, il est la 1268e fortune mondiale selon Forbes, avec environ 1,1 milliards de dollars. Evidemment, ceci avant l'introduction en bourse de Twitter qui va sans doute le propulser vers de nouveaux sommets.

Anatomie d'un geek

 Le beau gosse arbore une allure de jeune premier hollywoodien et ne ressemble à rien de ce que produit habituellement la Silicon Valley. Le costume est super cintré, la chemise au col Mao est hyper mode et il n'a plus rien du geek dont il est pourtant l'archétype. Et oui, il ne faut pas s'y tromper, Dorsey c'est d'abord un geek, un codeur ! Comme Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, rien n'émeut plus Jack Dorsey qu'une belle ligne de code.

 Et si, contrairement à son camarade de Facebook, il ne porte plus le sweat shirt à capuche aujourd'hui, les archives de l'internet nous font remonter des images cocasses d'un Dorsey portant dread locks, chevelure teinte en bleu et énorme boucle de nez. C'est d'ailleurs avec cette énorme boucle de nez qu'il fera sa première levée d'argent pour Twitter. Décidément, les investisseurs n'ont peur de rien.

 Dorsey a commencé à coder très jeune. Dès 13 ans, c'est plutôt dans sa chambre qu'on le trouve, enfermé jour et nuit! Au mur de cette chambre, des cartes de New York, qu'il encode en utilisant tous les logiciels libres possibles et imaginables. Tout cela pour aider à optimiser la gestion des flottes des compagnies de taxis. Quand les jeunes gens de son âge s'intéressent aux jeux vidéo et à leurs petites camarades, Dorsey est passionné par le dispatch des taxis, la cartographie de New York et l'open source. Son système sert d'ailleurs toujours de coeur à un grand nombre de logiciels que des compagnies de taxis du monde entier utilisent. C'est peut-être cela qui fait qu'on est différent, qu'on est un vrai geek.

Twitter, la naissance de la légende

Dorsey a créé Twitter en 2006, avec trois complices : Biz Stone, Evan Williams et Noah Glass. Son temps chez Twitter n'a pas laissé que de bons souvenirs. Son leadership a souvent été contesté et on lui a reproché son manque d'implication dans la société. Selon l'un de ses co-fondateurs, Dorsey préfère le yoga et la mode au management. Il ne restera pas très longtemps CEO de la compagnie, et se verra - dès 2008 - proposer un siège non exécutif, avant de reprendre un peu de pouvoir en 2011 comme Chairman. Pourtant, Dorsey a su valoriser dans les medias son rôle chez Twitter, dont beaucoup contestent l'ampleur aujourd'hui. D'après un ancien employé de Twitter, "le produit le plus exceptionnel conçu par Jack Dorsey, c'est Jack Dorsey".

 Après Twitter, Dorsey s'attaque à révolutionner les systèmes de paiement. Rien que cela. Il lance Square en 2009, un système simplissime et élégant, essentiellement dédié aux petits commerçants. En leur évitant de passer par les grands fournisseurs de solutions, qui prennent au passage de juteuses commissions. Square fonctionne sur tablette et téléphone mobile et transforme n'importe quel iPad et iPhone en système de paiement. Gratuitement. Bref, c'est moderne et révolutionnaire.

Les ambitions démesurées

 Dorsey devenu riche et élégant commence à montrer ses ambitions. La politique ? On l'a vu souvent avec le Président Obama, et il s'est déclaré un grand admirateur du milliardaire et magnat de la presse Michael Bloomberg, actuel Maire de New York. "Il m'inspire", dit-il, "et devenir Maire de New York serait un bon challenge pour moi".  Rien que cela. Car en Silicon Valley, non seulement il faut aimer le code et savoir changer de look au bon moment, mais il faut aussi avoir de l'ambition et vouloir changer le monde. N'est-ce pas Steve Jobs ?  Alors Jack Dorsey, on aime le pouvoir ?

 En tout cas, Jack Dorsey, est un homme de valeurs.  Il les énonce : "la simplicité", "surpasser les contraintes",  "l'amour du travail bien fait". Un vrai programme présidentiel non ?

 Alors voilà, peut-être que pour réussir dans la Silicon Valley il faut aimer le code plus que tout autre chose, porter dread locks, sweat shirts à capuche et boucle de nez, puis savoir grandir et changer de look au bon moment, avoir quelques valeurs simples, un peu valises et passe-partout. Finalement, est-ce que tout cela n'est pas qu'une question de style ? Et de haute estime de soi ? Alors, Dorsey, Président des Etats-Unis ?