Oui, la France a un avenir industriel

A l’aune de la plupart des réactions dans la presse française, notre pays serait condamné à aller de Charybde en Scylla, déchiré par ce choix cornélien : retourner à l’ère des nationalisations afin de protéger notre patrimoine industriel, ou se résigner à le voir racheté par des capitaux étrangers.
Le français Alstom convoité par l'américain General Electric... et l'allemand Siemens. / DR

Cette aporie n'est qu'apparente, car elle exclut la troisième voie évidente : celle de capitaux français pour redresser notre industrie.

A peu près tout le monde en France parait se résigner à la vente de nos fleurons industriels, au prix d'une vulgate du monde des affaires assez naïve. Investisseur et banquier-conseil, je me permets ici de rappeler un point crucial : aujourd'hui ou il y a trente ans (quand General Electric était de taille plus modeste), le Président des États-Unis et le très sourcilleux ministère de l'Énergie US (DOE) n'aurait jamais validé un rachat des activités Energie ou Réseaux d'Electricité de General Electric par Alcatel-Alsthom.

Le libéralisme aux Etats Unis s'arrête là où l'indépendance et la sécurité commencent

La France aurait dû sanctuariser depuis longtemps toute activité liée à ses centrales ou ses réseaux. Et ce d'autant plus que le pouvoir politique, qui s'est assigné comme objectif la transition énergétique, va perdre tout moyen effectif de la mettre en œuvre. Qu'Alstom doive évoluer est une évidence, que nous ne soyons pas capables de faire émerger une solution française ou européenne est un drame pour notre pays. En l'occurrence, il s'agit, après la crise ukraino-russe, du second échec de la politique énergétique européenne en moins d'un mois…

L'industrie lourde requiert du capital, et des activités comme celles d'Alstom vont de pair avec la finance. Sans fonds de pension, sans institutionnels engagés, il n'est point d'industrie et point de solutions pour maintenir des activités cruciales sous contrôle français.

Nous avons aussi une puissante et reconnue industrie du private equity (fonds d'investissement de rachats d'entreprises), trop vilipendée et attaquée fiscalement par les pouvoirs publics, alors qu'elle seule a permis de maintenir certains de nos fleurons entre des mains françaises.

Où sont les futurs Bolloré, Arnault, ou Pinault ?

On se souviendra également que dans les années 1980, alors que le tissu industriel français fléchissait et que se multipliaient les rachats par les Japonais ou les Américains, François Mitterrand et Laurent Fabius avaient su faire émerger une nouvelle génération d'hommes d'affaires qui s'étaient lancés dans des rachats audacieux, au nez et à la barbe de géants étrangers : les Bolloré, Arnault, Pinault, dont les empires trente ans plus tard sont en bien plus grande forme et créateurs d'emploi en France que les leaders de l'époque sous simple contrôle managérial (souvent dirigés par d'anciens membres de la haute administration).

Oui, la France est un pays capitaliste et le capitalisme c'est aussi parfois la jungle, une jungle ou il faut être prédateur pour ne pas être une proie…

Des dizaines d'Alstom pointent à l'horizon (à commencer par Nexans, qui est aussi héritier d'Alcatel-Alsthom/ CGE. Ambroise Roux doit s'en retourner dans sa tombe). Saurons-nous trouver la génération d'hommes d'affaires, de leaders du private equity ou d'institutionnels capables de sauvegarder nos fleurons - l'État ne pouvant pas tout dans le contexte budgétaire actuel ?

L'auteur de ces lignes - qui a aussi un passeport américain - ne saurait être taxé d'anti-américanisme. Au contraire, les États-Unis ne sont pas la patrie du libéralisme débridé comme on le lit trop souvent de ce coté-ci de l'Atlantique.

Nous, Français, devrions être aussi un peu plus comme les Américains, un peu plus patriotes avec notre industrie et un peu plus agressifs dans cette mondialisation en cours. Il en va de nos emplois et de nos technologies. Il n'y a pas de fatalité à notre résignation actuelle.

"Il y a toujours un avenir pour ceux qui pensent à l'avenir", François Mitterrand.

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Commentaires 34
à écrit le 05/05/2014 à 7:59
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la france n'a AUCUN avenir, ni dans l'industrie, ni ailleurs... il est encore temps de partir pour ceux qui ne l'ont pas encore fait

à écrit le 04/05/2014 à 22:54
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tout fou le camp en France: bâtiment , industrie, c'est la cata celui qui n'a pas un diplôme bac +5 ne peut pas s'en sortir. ou est l’ascenseur social? celui de la génération des 55/60 ans ? il faut voir ce qu'on demande pour avoir ne serais ce qu'u...

le 05/05/2014 à 8:00
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la solution, c'est que vous creiez des boites pour embaucher plein de gens et creer tous ces projets; si vous ne le faites pas c'est que ces projets ne vous interessent pas

à écrit le 04/05/2014 à 15:35
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La france n'a plus d'avenir ,plus de monnaie plus de frontieres plus de choix economique son industrie depecee par l'union europeenne. Avec les euros regions elle disparaitra a jamais et devra changer de nom ,avec le programme d'imigration massive d...

à écrit le 04/05/2014 à 11:38
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Addendum : Les primary dealers et l'AFT, à voir mes chers concitoyens, à voir...

à écrit le 04/05/2014 à 1:35
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Ce pays de fonctionnaires, ce pays socialo-étatiste terminera en zone touristique. Point barre. La France n'est plus une puissance car elle vit sur la jalousie, les mensonges et l'arrogance. Sa disparition sera un soulagement. La pollution idéologiqu...

le 04/05/2014 à 22:58
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il y a malheureusement du vrai dans ce que vous dites pourtant la langue française est bien belle quand elle est parlée pas verlanisé

à écrit le 03/05/2014 à 19:12
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Avec l'europe notre pays n'a plus d'avenir du tout notre industrie bradee et depecee notre agriculture en passe de disparaitre avec le traite US un pays submerge par une imigration massive et irrationnel bientot il faudrat meme que la france change d...

à écrit le 03/05/2014 à 16:47
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Le poids de l'industrie dans l’économie Allemande est de 23% la France est a 10% égalité avec la Grèce. Le problème ne situe pas au niveau des groupes de CAC dont la substance économique est déjà largement hors de France mais des ETI (entreprises de ...

à écrit le 03/05/2014 à 14:01
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le problème de l'industrie française est l'euro!!!!!!!!!!!!!

le 04/05/2014 à 11:12
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...et aussi et surtout les délocalisations de nos fleurons industriels, la possibilité aux patrons d'employer avec des contrats à l'étranger (directive détachements notamment) et la perte de notre Souveraineté qui fait que l'on ne peut décider sur no...

à écrit le 03/05/2014 à 13:47
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Il n'a pas de nouveaux Arnault, Bolloré ou Pinault parce que les Français préfèrent malheureusement investir dans l'immobilier que dans l'industrie !

à écrit le 03/05/2014 à 13:42
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je suis decu par cet article qui n'explique rien, aucun raisonnement, juste des affirmations gratuites sur un ton peromptoire qui reflete un besoin de reconnaissance.

à écrit le 03/05/2014 à 11:51
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Le problème en France est la corruption de nos politiques. C'est un sujet tabou mais ils sont très fortement et volontiers influencés par des lobbys.

le 03/05/2014 à 12:32
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C'est très exact ce que Pol75 écrit

le 04/05/2014 à 11:55
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le problème est la corruption ou l'incompétence (merci le piston nouvellement appelé réseau) de nos élites de tous bords, médiatiques, politiques économiques etc

à écrit le 03/05/2014 à 11:31
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Le problème c'est le millefeuille des structures parapubliques parfaitement inutiles ettrès ruineuses. Par exemple, on parle des CCI Chambre de Commerce et d'Industrie, - mais durant ces 15 dernières années, l'industrie française n'a jamais cessé ...

le 04/05/2014 à 23:03
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je m'étonne toujours quand je réfléchis à ce que nous avons inventé en terme de produits industriels depuis la seconde guerre mondiale résultat: peanuts rien de nouveau ceux qui bossent dans les centre de recherche ne trouvent rien

à écrit le 03/05/2014 à 11:21
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Pour que l'industrie soit et reste française,il lui faut des capitaux Français. Il faut donc créer des fonds de pension et aussi orienter l'épargne vers l'industrie. Il faut changer cette culture de livret A et d'investissement exclusivement immobili...

le 03/05/2014 à 13:30
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nos sénateurs, nos députés qui ont des rémunérations très, très importantes, pourquoi n'investiraient-ils pas pour leur pays? ce serait patriotique ça....

le 04/05/2014 à 11:59
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comparé à un smicard la rémunération est très importante, comparé aux bons à rien de la tv, traders, artistes, sportifs etc... c'est mal payé

à écrit le 03/05/2014 à 11:14
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Pourquoi la France produit-elle autant de patriotes? C'est une véritable catastrophe. Pour que des entreprises se développent, il faut qu'elles soient compétitives; ainsi elles gagneront de l'argent. Ce n'est pas une politique industrielle qui produi...

à écrit le 03/05/2014 à 9:43
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Le probleme de l industrie s applique aussi au monde de la finance: la bourse de Paris , puis plus tard Euronext, s est fait devorer par ses concurrentes allemandes et/ ou americaines....le resultat est que Paris est devenu une place financiere de ...

à écrit le 03/05/2014 à 6:46
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Nous avons l'occasion de voir émerger un champion européen de l'énergie et un champion européen des transports ferroviaires...mais que font nos politiques ? La casse sociale avancée par M Kron, c'est du pipeau. S'il ne veut pas de Siemens, c'est pa...

le 03/05/2014 à 13:33
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c'est clair! de toute façon Aistom va passer 200% US, alors allemand ou US, c'est foutu!

à écrit le 03/05/2014 à 6:30
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Les français sont déja patriotes avec EDF(augmentation rétroactive).Alors il suffit sans doute d'appliquer cette méthode avec tous nos champions:Total,Veolia,BNP?

à écrit le 03/05/2014 à 0:48
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"un peu plus patriotes avec notre industrie..." : Que l'on m'explique comment on peut être patriote quand les propriétaires de l'entreprise qui me nourri ne sont pas Français. On ne mord jamais la main qui nous donne à manger... La mondialisation, c'...

le 04/05/2014 à 19:39
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C'est pourtant simple, il suffit d'ouvrir un compte titre et d'acheter des actions. Et d'experience, croyez bien que c'est tout sauf de l'argent facile.

à écrit le 02/05/2014 à 21:35
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Je ne comprends pas pourquoi l'avenir industriel d'Alstom serait compromis par une prise de controle de GE qui a un passé ,un présent et un avenir industriel en Europe pat le biais de la France où elle a son siege industriel "Europe" Le problème es...

le 02/05/2014 à 22:28
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Tu comprend rien, alors. CGR et Thomson ont été squeezé, il n'est rien resté ici, banane...

à écrit le 02/05/2014 à 20:47
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Cet article pertinent, nous invite à être patriotes, en appelant à une nouvelle génération de capitaines d'industrie. Mais n'oublions pas que les difficultés actuelles d'un grand nombre d'entreprises françaises (dont Alstom) sont le résultat direct d...

à écrit le 02/05/2014 à 20:31
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Assez d'accord avec vous. La seule patrie du libéralisme pur et dur est l'Angleterre. Les USA sont d'abord un pays de pragmatiques. Libéraux quand cela permet de créer de l'emploi, interventionnistes quand il s'agit de protéger leurs intérêts nationa...

à écrit le 02/05/2014 à 20:12
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En attendant de trouver des capitaux privés francais, ce qui est une nécessité, il faut trouver des capitaux publics pour sauvegarder le peu qu'il reste d'industrie de pointe comme Alstom. Des nationnalisations temporaires sont indispensables. Les am...

à écrit le 02/05/2014 à 19:17
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Ah! oui? LEQUEL SVP?? !!!! on nous prend pour des andouilles, avec ce que l'on fait subir à la France actuellement! démentelements diverses et variés , tu parles ..

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