
Raisonner, ça le connaît. Dans une cinglante démonstration par l'absurde, le mathématicien Cédric Villani renvoie les troupes de Nathalie-Kosciusko Morizet dans leurs filets.
"Chers soutiens"
Comme plusieurs supporters de la candidate PS à la mairie de Paris, le lauréat de la médaille Fields - l'équivalent du Nobel pour les mathématiques - avait fait l'objet d'une attaque de la part de sa rivale de l'UMP. Dans L'Express, le 29 janvier, l'équipe de campagne de "NKM" critiquait "les très chers soutiens d'Anne Hidalgo". Elle pointait par exemple les "250.000 euros" de subventions reçus par le président du comité de soutien d'Anne Hidalgo pour l'extension de l'Institut Henri-Poincaré qu'il dirige. Dans sa ligne de mire également : l'aide accordée au théâtre du Rond-Point de Jean-Michel Ribes ainsi qu'à des associations dont les dirigeants appartiennent aussi à ce comité.
A ces semi-accusations de clientélisme, Cédric Villani a d'abord opposé son mutisme afin de "ne pas alimenter la polémique". Mais de nouvelles piques ont poussé l'homme à l'araignée - il se présente souvent en public affublé d'une fausse mygale - à sortir de sa réserve dans une lettre ouverte publiée le 5 février.
"Pousser au bout de sa logique la critique qui nous est faite"
"Amusons-nous un peu à pousser au bout de sa logique la critique qui nous est faite, afin d'en savourer la douce absurdité", écrit-il, avant d'imaginer le retrait du droit de vote aux "créateurs, artistes, chercheurs, responsables associatifs" qui recevraient des subventions. Méticuleux, le mathématicien imagine également la situation inverse :
" Il restera toujours aux responsables politiques la possibilité de se recommander de ceux à qui ils ont refusé des financements : 'Cher Professeur, dans un contexte financier difficile, nous avons rejeté votre demande de subvention car votre projet n'était guère enthousiasmant. Je sais que vous n'en éprouverez pas rancune; réjouissez-vous, ce refus vous donne le droit de vous exprimer"
Enfin, sans surprise, cette polémique donne l'occasion au chercheur de s'émouvoir du fait que "par les temps qui courent, une subvention ne tombe jamais toute cuite."
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