Strasbourg : Bataille municipale pour relancer l'immobilier d'entreprise

Difficile de passionner les électeurs en leur parlant d'immobilier de bureaux. C'est pourtant ce thème qu'a retenu Fabienne Keller, candidate (UMP) à la mairie de Strasbourg, pour ouvrir le débat sur la situation économique de Strasbourg, cinq semaines avant le premier tour des élections municipales.
Roland Res (PS) et Fabienne Keller (UMP). / DR

Selon Fabienne Keller,  Strasbourg vient de subir une hausse record du chômage (+43% en six ans), sanction de son " manque d'attractivité" et de l'absence d'espaces de travail collaboratif qui, "dans les secteurs du numérique ou de l'énergie, créeraient un effet de dynamisation croisée favorable à l'emploi ".

Avec son projet urbain « Strasbourg Convergences », Fabienne Keller promet donc de construire " 20 hectares de ville nouvelle et 450.000 mètres carrés de bureaux ", dans des immeubles qui s'élèveraient sur six étages en moyenne à l'emplacement de l'actuelle gare basse. Ce site, qui s'étend sur 1 kilomètre de long à l'arrière de la gare SNCF, sert actuellement au stockage et à l'entretien des trains régionaux.

Les projets tertiaires du PS

Roland Ries, maire (PS) sortant et candidat pour un second mandat, promet d'autres grands projets tertiaires. Mais dans un secteur différent de la ville, proche des institutions européennes. Le projet de quartier d'affaires "Wacken Europe", qui vient de subir deux ans de retard suite au retrait des droits à construire promis à Bouygues Immobilier, apportera 100.000 mètres carrés de bureaux d'ici 2017. Un tiers des surfaces sera réservé aux besoins d'extension du parlement européen. Dans les projets de la mairie, cette précision n'est pas futile car elle répond aux attaques dont Strasbourg fait l'objet depuis plusieurs mois, avec une majorité de députés européens favorables au regroupement de leurs activités à Bruxelles.

L'aménagement du quartier comprend le déménagement de l'actuel parc des expositions, une infrastructure désuète qui bénéficiera de 50.000 mètres carrés de construction neuve, et l'extension du palais des congrès, pour 55 millions d'euros. Ces deux projets d'ampleur inédite, surdimensionnés, se greffent sur un marché immobilier qui n'a plus, depuis la fin des années 1990, connu de développements majeurs. L'Espace européen de l'entreprise, dans la commune périphérique de Schiltigheim, a été un succès mais les surfaces développées (70 hectares pour environ 300.000 mètres carrés développés) ont attendu deux décennies avant d'être occupées.

Plus proche du centre-ville, l'immeuble " Le Lawn ", projet emblématique sur 12.000 mètres carrés, parfaitement desservi par le tramway et par un embranchement d'autoroute, n'a trouvé preneurs que pour la moitié des surfaces. L'investisseur, le groupe Crédit Mutuel-CIC, vient de jeter l'éponge et de revendre l'ensemble en bloc. Les centres de décision des entreprises à vocation internationale (Lidl, Caddie, Kronenbourg) ont eu tendance à quitter Strasbourg. Dans l'agglomération, les professionnels de l'immobilier évaluent le stock de bureaux vacants à 143.000 mètres carrés fin 2013.

En cas de victoire de l'UMP...

Le quartier de la gare n'ira pas de pair avec quartier européen, dont le chantier a déjà démarré : Fabienne Keller promet de requalifier le projet de l'équipe sortante en lui offrant davantage de mixité (logements, commerces).

A la mairie, où l'adjoint aux finances Alain Fontanel a endossé le costume de directeur de campagne, on rappelle que Fabienne Keller avait déjà tenté, en vain, de s'attaquer à l'urbanisation de l'arrière-gare lors de son premier mandat entre 2001 et 2008.

« L'organisation technique de la gare rend son projet impossible », observe Alain Fontanel.

L'aménagement d'un tunnel qui traverserait la gare sous les quais existants mobiliserait, à lui seul, un investissement de 80 millions d'euros. Les collectivités (communauté urbaine, conseil régional d'Alsace) qui s'y sont essayées depuis quinze ans, pour permettre le passage d'un tramway ou d'un tram-train vers le quartier périphérique de Koenigshoffen, y ont toutes renoncé.

Roland Ries réélu selon un sondage BVA

Selon un sondage BVA-Le Parisien-France Inter rendu public le 11 février, Roland Ries arriverait en tête (34%) des intentions de vote des strasbourgeois au premier tour. Il devancerait Fabienne Keller de deux points. Au deuxième tour, la fusion des listes PS-EELV l'emporterait face à l'UMP. Malgré l'apport des voix du centriste François Loos, Fabienne Keller s'inclinerait avec 46% des suffrages contre 54% à Roland Ries.

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Commentaires 5
à écrit le 13/02/2014 à 11:21
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Etonnant ce combat et ces chiffres, car une étude récente sur le marché de l'immobilier dans cette ville parle d' "un marché globalement très offreur" pour ce qui concerne les bureaux. Quant aux entrep$ots et autres infrastructures, cette même étude ...

à écrit le 13/02/2014 à 8:04
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Comment encore voter pour des candidats UMP ou PS ? Il faut être fou ! Ils dirigent la france depuis 40 ans avec le résultat que l'on connait : explosion de la dette nationale, chomage de masse, paupérisation de la population, corruption, politique d...

à écrit le 13/02/2014 à 1:57
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Ce sont vraiment tous les mêmes. Ils ne savent rien faire d'autre pour justifier leur existence. Quand ils n'imposent pas aux autres comment vivre, il faut qu'ils leur imposent où, comment y aller, en revenir et pour faire quoi. Il serait grand temp...

à écrit le 12/02/2014 à 17:52
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Je ne comprends pas la droite... Sans rien avoir contre Mme Keller elle a perdu la dernière élection... Elle est devenue sénatrice. Pourquoi diable les perdants français se représentent ils, il faut savoir accepter le verdict des urnes et passe...

le 12/02/2014 à 19:34
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tout à fait

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