"Journal de campagne" Gérard Larcher : "scrutin municipal, microclimat ou météo nationale ? "

Par Gérard Larcher  |   |  801  mots
Gérard Larcher, Maire sortant (UMP) de Rambouillet, livre son "journal de campagne"
Gérard Larcher (UMP), sénateur des Yvelines et Maire sortant de Rambouillet, livre le premier volet de son "journal de campagne" où il explique le double enjeu local et national du scrutin municipal, ce qu'il appelle "le recto-verso d'un bulletin de vote".

Tempêtes, inondations, chutes de neige, la France subit ces temps-ci une météo mouvementée

L'analogie avec le climat politique est tentante : entre le gouvernement et sa majorité, le vent souffle parfois très fort, les excès et les emportements se succèdent et les cotes de popularité s'effondrent. Normal : les promesses des résultats de la politique socialiste se sont envolées (chômage, équilibre budgétaire, constructions de logements…) et les sujets de mécontentements se multiplient dans toutes les catégories de la population. Des sujets polémiques, qui touchent à l'intime et aux convictions personnelles, qu'on croyait réglés depuis longtemps resurgissent, irritent, divisent et font même descendre dans la rue !

Alors, affronter des élections municipales dans cette ambiance n'est pas le meilleur des scénarii pour le gouvernement. D'autant qu'il est notoire que les élections intermédiaires sont traditionnellement une épreuve difficile pour le pouvoir en place. Certains disent même qu'elles seraient maudites !

Souvenons-nous : toutes les élections législatives à mi-mandat, avant la réforme du quinquennat, ont été favorables à l'opposition. Les élections régionales de 2004 et de 2010 ont été catastrophiques pour le centre et la droite au pouvoir au point qu'elle n'en a conservé que deux (l'Alsace et la Guyane). Ce sont aussi des votes sanctions et le gouvernement doit en tenir compte. !

Enjeu local vs enjeu national

Quelle est la vraie nature du vote aux élections municipales ? Commentateurs, politologues, sondeurs, responsables politiques, chacun y va de son interprétation. Or, la réponse n'est pas aussi simple qu'il y parait. C'est ce que j'appelle le recto et le verso de cette élection. L'élection municipale est spécifique du fait du lien de proximité établi entre le maire et ses administrés. 36.767 communes, 36. 767 maires, 36.767 situations différentes ! En tant que maire de Rambouillet depuis 1983 (mais ne briguant pas de nouveau mandat en mars prochain), je peux témoigner de cette relation particulière entre le maire et les habitants de sa commune et en ce qui me concerne, la couleur du pouvoir en place n'aura jamais eu d'influence sur le résultat du vote. J'ai été élu sous les présidences de François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy et parmi ceux qui ont voté pour moi cinq fois, cela a été pour certains leur seul vote hors des familles de gauche.

Mais l'électeur se trouve aussi partagé entre son désir de sanctionner le pouvoir central, et celles et ceux qui le soutiennent dans la commune, et le jugement qu'il porte sur son maire et l'équipe municipale. Il prend en compte son bilan : la création d'emplois a-t-elle été favorisée, la sécurité a-t-elle été assurée, les parkings promis ont-ils été installés, des places en crèche ont-elle été créées, les impôts sont-ils élevés … ?

Le maire est l'élu de première ligne. Son territoire est le plus petit territoire électoral. Il se crée un lien presque affectif entre le maire et la population ce qui est loin d'être le cas avec les autres mandats. L'équation personnelle du maire sortant, sa personnalité, sa disponibilité sont majeures. Cette dimension-là, aucun sondeur ne sait vraiment la mesurer ; elle est essentielle dans les petites communes et elle joue un rôle certain dans les villes moyennes et les bourgs-centre.

C'est un amortisseur, voire un correcteur, des tendances nationales

Aujourd'hui, François Hollande bat tous les records d'impopularité. Pas une semaine sans qu'il perde des points. Idem pour son premier ministre et son ministre de l'Intérieur qui jusqu'alors était épargné dans le cœur des Français. Si on calque stricto sensu ce schéma sur les situations locales, le résultat devrait être catastrophique pour les socialistes et leurs alliés. Pourtant les enquêtes d'opinion estiment que seront reconduits certains maires sortants de gauche dans des grandes villes comme Paris, Lyon ou Nantes…et pourraient conduire à valider la théorie : pour l'élection municipale, seul le local est en jeu, donc on vote local !

C'est le recto de ma démonstration

Mais au verso, il y a une certaine ambiance faite de colère et de déception, parfois de désespoir. Vingt mois de gauche au pouvoir et aucune perspective, des contradictions quotidiennes et toujours, toujours le chômage.

Alors si la commune est un territoire « protégé », il ne sera pas imperméable à ces temps de vents et de tempêtes. Ce sont les 20-25% qui voteront national et non local (ou s'abstiendront) qui feront les résultats.

Alors le bulletin météo du 30 mars pourrait ressembler à cela : météo très maussade sur l'ensemble de la France pour la gauche. Mais quelques micro-climats persistent et limitent l'impression de coups de vent force 5.

 

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