Propositions du Medef Lyon-Rhône aux candidats aux municipales : "un fantasme" ?

Le Medef Lyon-Rhône vient de publier un Livre Blanc à l’attention des candidats à la mairie de Lyon. L’économiste Yves Crozet radiographie les 10 propositions. Un examen pour le moins critique.

« Ni abominables ni géniales. Et finalement inégales ».

Ainsi l'économiste Yves Crozet examine les 10 propositions que le Medef Lyon-Rhône vient de publier dans son Livre blanc à l'attention des candidats à la mairie de Lyon. Le programme fiscal ? Le professeur à l'IEP Lyon constate que la première proposition rejoint les annonces de … François Hollande. La création de 100 000 emplois d'ici 2020 ?

« Ce serait aller deux fois plus vite que la tendance qui pronostique ce résultat en 2030 ».

Pourquoi pas ? Mais alors pourquoi ne pas rappeler ce qui fonctionne déjà bien dans cette agglomération qui, malgré la crise, continue à développer l'emploi ?

1.800 emplois nouveaux en 2013

Avec 1.800 emplois nouveaux attirés l'an dernier, l'Aderly a fait la preuve de son efficacité. Et Rhône-Alpes, comme PACA ou Midi-Pyrénées et au contraire des régions Nord-Pas-de-Calais, Ardennes ou Lorraine, figure parmi les régions qui n'ont jamais cessé d'attirer des emplois ». Mais le développement de l'emploi ne passe pas par la venue de grands groupes charriant plusieurs milliers de postes.

Dans l'industrie comme dans les services, « l'effort, de fourmi, ne peut porter que sur les PME et le développement de leur taille moyenne ». Quant à l'idée de redynamisation de la gouvernance économique, elle le fait sourire : à l'aune des luttes entre CCI territoriales et régionales ou entre établissements de promotion à l'international et dont « l'affaire Grillot fut le point culminant », l'universitaire estime que « chacun doit balayer devant sa porte »…

 « Fétichisme »

 Dans le domaine infrastructurel, Yves Crozet déplore un tropisme routier.

« On ne pourra réaliser à la fois le COL, l'anneau des sciences plus l'A45 et le branchement de l'A89. Et si on donne la priorité à l'anneau des sciences, ce qui constitue le meilleur choix, alors il faut parler de la façon dont on va dans le même temps limiter la pression automobile sur la ville centre : covoiturage ? Limitations réglementaires ? Péage ? Carte multimodale ?

En outre, brancher l'A89 et l'éventuelle A45 sur l'anneau des sciences, ce serait développer l'étalement urbain, tout le contraire de la densification de l'agglomération évoquée par ailleurs.

Quant à la Part-Dieu, fort pôle attracteur d'emplois, promouvoir son développement exige d'être plus ambitieux sur les transports collectifs. Il n'y a pas que l'aménagement de la gare à prendre en compte ».

 Enseignement supérieur, l'oublié

 Au-delà, « et l'approche de l'aéroport Saint-Exupéry l'atteste », l'ancien patron du Laboratoire des transports s'amuse d'une tendance aux ambitions démesurées.

« Que faut-il attendre d'un aéroport coincé entre Paris, Marseille et Genève ? Qu'Emirates y installe son hub européen ? L'aéroport progresse, à la mesure des réalités économiques lyonnaises. Inutile de rêver au-delà ».

Dans ce domaine aussi, Yves Crozet appelle à cultiver l'existant et à exploiter les potentiels « raisonnables » plutôt qu'à multiplier le « fantasme » d'une « Capitale du digital », le « fétichisme » du « modèle Manchester », ou « l'illusion » d'une Exposition universelle en 2025 - « Il n'y a qu'à regarder ce que sont devenus les aires et bâtiments adjacents de Séville 1992 pour comprendre ».

Par ailleurs, en matière d'innovation, il s'étonne que rien de ce qui fonctionne (LUTB, Automotive Cluster, Accelera, les incubateurs…) ne soit évoqué.

Et s'émeut « qu'aucune des propositions ne mentionne l'enseignement supérieur et la recherche. Un comble dans une agglomération qui n'a pas su obtenir un IDEX !

Le Medef perd là une occasion de frapper fort, en appelant les universités à balayer aussi devant leur porte et à regrouper leurs forces. C'eut été nettement plus impactant que de proposer la création d'une Maison de l'innovation ».

 Gastro-économie

 Au chapitre de la gastro-économie ou d'une augmentation de 30% des flux touristiques, l'universitaire s'arrête favorablement, y décelant l'exemple d'un développement raisonnable sur les bases solides existantes.

Quant à la fusion des Musées Saint Pierre et Confluence, « pourquoi pas ? Mais le problème est en premier l'ardoise de ce dernier - la construction a déjà coûté six fois plus que prévu et on ne connaît pas encore les coûts réels de maintenance et de fonctionnement ».

Qui a dit qu'il fallait réduire la dépense publique ?

_____

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.