Municipales 2014 : Rennes cherche un nouveau souffle

Jusqu’aux élections municipales, La Tribune analyse les enjeux du scrutin dans les dix principales villes françaises. Cette semaine : Rennes. La capitale bretonne mettra-t-elle fin à trente-sept ans de règne socialiste ? Face aux oppositions de droite comme de gauche, la députée PS Nathalie Appéré veut assurer la relève.
Dans la ligne de mire des opposants à l’équipe sortante : le coût de construction du futur Centre des congrès, dans l’ancien couvent des Jacobins. / DR

C'est sur le thème du renouvellement des équipes et d'une nouvelle pratique du pouvoir, plus ouverte à la société civile et plus à l'écoute des habitants, que se greffe le débat d'idées pour les municipales à Rennes. Après trente-sept ans de gestion socialiste, l'opposition estime qu'il est temps d'assurer une nouvelle gouvernance démocratique.

Malgré son style décontracté, l'équipe municipale du maire et président de Rennes Métropole, Daniel Delaveau, élu à 60% des suffrages en 2008, laisse à beaucoup l'impression de décider pour les habitants. Communiquant tous azimuts, elle n'associerait pas assez les citoyens aux grands projets de la cité, qu'il s'agisse du nouveau centre de congrès, du tracé est-ouest de la deuxième ligne de métro prévue pour 2019, de l'aménagement des prairies Saint-Martin en parc naturel urbain, ou des divers programmes de logements. La manière dont la réforme des rythmes scolaires a été menée est également visée.

Autant d'arguments qui, sur fond de crise, laissent entrevoir un espoir d'alternance à l'opposition, UMP en tête. La liste Osons Rennes de Bruno Chavanat fait le plein d'alliances avec la droite modérée, réunissant le MoDem et l'UDI, mais aussi le Parti breton.

L'après Daniel Deleveau

De son côté, la candidate à la succession de Daniel Delaveau, la députée PS Nathalie Appéré (38 ans), devra batailler au premier tour sur sa gauche, puisque EELV et une partie du Front de gauche ont monté en commun la liste Changer la ville. Celle que l'UMP qualifie de « pur produit du PS » possède toutefois l'énergie et la détermination pour défendre un bilan municipal qui compte à son actif quelques beaux succès, comme celui du métro. Avec son slogan «Rennes, créative et solidaire», Nathalie Appéré mise sur son réseau de militants, mais aussi sur le dense tissu associatif rennais pour assurer la continuité des grands dossiers lancés lors du mandat actuel.

Parmi les 15 projets de renouvellement urbain en cours, le centre EuroRennes redessinera, par exemple, l'ensemble du quartier de la gare, celle-ci devant se transformer en pôle d'échanges multimodal pour accueillir la future LGV.

En matière d'aménagement, la ville bouge avec l'objectif d'inventer l'agglomération à trente ou quarante ans. De nouveaux quartiers, plus excentrés, voient le jour, mêlant selon la municipalité « innovations technologiques, architecturales et environnementales ».

Admettant qu'«une élection ne se gagne pas seulement sur un bilan », Nathalie Appéré défend donc l'image d'une métropole dynamique et attractive.

« Reconnaître Rennes comme une métropole structurante sur le territoire est un élément important », assure-t-elle.

La capitale bretonne peut d'ailleurs se targuer d'être la championne des villes françaises où il fait bon vivre, et bénéficie, du coup, d'une croissance démographique forte. L'agglomération se renforce de 6.000 habitants par an et devrait atteindre 500.000 habitants d'ici à 2030. Entre 2008 et 2013, Rennes a construit 30.000 logements et se félicite que l'agglomération ait évité une périurbanisation effrénée.

Un budget équilibré difficile à attaquer

De même, la municipalité ache un bulletin de santé correct. Le bilan financier établi par le très libéral Institut Montaigne ore d'ailleurs à Nathalie Appéré les arguments d'une gestion rigoureuse, d'un recours à l'emprunt limité et de marges pour construire logements, crèches, écoles et équipements publics. Autant de chantiers favorables à l'emploi local, avance d'ailleurs l'équipe sortante.

 « La situation financière de la ville comme celle de l'agglomération est globalement saine et solide, assure l'Institut Montaigne. La politique de désendettement menée depuis 2008 devrait permettre à la prochaine équipe municipale de disposer de marges de manœuvre pour financer ses investissements. » 

L'institut pointe cependant des « impôts locaux plus élevés qu'ailleurs », en hausse de 23,8% depuis 2008, et qui représentent 127 millions d'euros (sur un budget de 421 millions) ainsi qu'une forte progression (+28,7%) des charges de personnel. La mutualisation des services entre la ville et Rennes Métropole, dont le budget a augmenté de 50%, à 572 millions d'euros, n'a pas non plus dégagé les économies escomptées.

Sur l'air de la « politique de l'argent facile » et du désendettement mené « de façon dogmatique », l'UMP dénonce une pression fiscale uniforme sans considération des difficultés économiques auxquelles sont confrontés les Rennais.

EELV et le Front de gauche rejettent aussi les lourds investissements engagés sans concertation et qui traduisent des dérives de coûts sur des projets majeurs. La construction du Centre des congrès dans l'ancien couvent des Jacobins, dont le coût a été réévalué de 50 millions à 106 millions d'euros, est dans la ligne de mire de tous les candidats. Des projets urbains, comme ceux de La Courrouze et de Baud-Chardonnet, sont vus comme un retour à un modèle de tours des années 1970, jugé fatal pour le lien social.

Alors que la crise et la perte d'emplois industriels affectent des entreprises emblématiques du bassin local, comme PSA ou Alcatel, la thématique de la solidarité et de la cohésion sociale est pourtant l'un des trois axes, avec l'emploi et le logement, qui rythment la campagne de Nathalie Appéré.

Soucieuse de « décloisonner l'action publique », la candidate ne voit pas « l'impôt comme un outil de confiscation, mais comme un facteur de redistribution, pas seulement vers les plus défavorisés ».

Elle s'engage à stabiliser l'effort fiscal d'ici à 2020.En matière économique, Nathalie Appéré soutient une politique de développement très forte, pariant sur la formation, le système de recherche, l'innovation dans l'agroalimentaire, le numérique et les TIC, et sur la prise en compte des enjeux liés à la transition énergétique. Mais cette logique de production d'emplois par une initiative publique est parfois perçue comme opposée à la logique entrepreneuriale.

Maintenir la qualité de vie à Rennes, inventer un avenir : l'issue de ces élections reste soumise à une inconnue, l'abstention. Aux dernières municipales, le taux de participation frôlait tout juste les 54%.

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FOCUS Transition industrielle et ligne de RER

Gestion moins dispendieuse, urbanisme à taille humaine, pression fiscale plus supportable, meilleure intégration dans le territoire breton pour jouer un rôle moteur aux côtés de Nantes… les points communs ne manquent pas parmi les candidats à l'alternance. Pour autant, à chacun son programme. Celui de la liste UMP est fondé sur cinq à six engagements principaux. Bruno Chavanat entend reprendre la main sur une urbanisation uniforme et minérale, se réapproprier les cœurs de quartiers, revoir le casse-tête de la circulation et du stationnement, valoriser les entreprises innovantes. Il prône aussi le « zéro augmentation d'impôts ».

Démocratie locale, emploi, solidarité et écologie sont les quatre axes du projet commun EELV-Front de gauche, défendu par Matthieu Theurier et Valérie Faucheux. Il privilégie l'émergence des éco-activités (2.000 emplois par an), d'une économie sociale et solidaire ainsi que le croisement du numérique, de la mobilité et des énergies renouvelables pour assurer la transition industrielle des secteurs en crise. Outre un gel sur trois ans de la fiscalité locale, il préconise la création d'un RER au-delà de la rocade. Alternative démocrate, du centriste Rémy Lescure, le Parti pirate ou encore le FN complètent la liste des candidats avec des programmes qui veulent se démarquer de celui des grandes formations.

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Commentaires 13
à écrit le 16/03/2014 à 18:40
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Les élections à Rennes, intéressent qui? L'assemblée des poivrots sur la place de la mairie? Dans le système du scrutin municipal, on dénonce un attentat totalitaire contre la démocratie française: des mouvements minoritaires ont organisé les électio...

à écrit le 16/03/2014 à 18:16
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Un nouveau souffle, on parle en terme de croissance, de foyers français soufflés ou bien de jeunes diplômés à 60% sans travail? On profite bien de la politique de chômage, en haut lieu... on pourrait parler cantines couteuses! Il semble que dans cett...

à écrit le 16/03/2014 à 13:21
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Si on fait un bilan rapide des intentions sur 37 premières villes qui ont plus de 100 000 habitants et quelques cas particulier, on trouve que Rennes (10e) serait en balance. Mis à part la spécificité de la capitale, Nancy (37) pourrait passer à Gauc...

à écrit le 15/03/2014 à 9:12
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Rennes métropole dépense sans compter, il est temps de faire des économies, tous ces élus qu'il faut payer à ne rien faire........Et les impôts augmentent sans cesse....... Quand est-ce que les élus vont prendre en compte la rocade qui est toujours ...

à écrit le 14/03/2014 à 6:46
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A quand des arrêtes municipaux pour les alcooliques, SDF quittent squattent les façades des copropriétés, Gare Nord, il y a de la vermine a Rennes, et cette ville s'est dégradée depuis une Quinzaine d'années, on ne retrouve plus la qualité de vivre; ...

à écrit le 13/03/2014 à 23:57
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Rennes c'est l'écosystème parfait du clientélisme politique. Les planificateurs locaux et leurs obligés, les retraités et fonctionnaires qui louent des studios aux étudiants qui viennent étudier dans un système financé par l'état, les trois bénéficia...

à écrit le 13/03/2014 à 23:24
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Le problème avec la politique, c'est qu'il existe des dégénérés de la tête qui disent n'importe quoi et qui produisent du chômage et la désolation industrielle! Et l'emploi s'apporte au chômeur, ça en fait un paquet? Les gens souhaiteraient quitter l...

à écrit le 13/03/2014 à 22:34
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C'est amusant la politique, on gagne des grandes fortunes à fabriquer le chômage! Il existe des démagogies en Europe, mais pas chez nous, dont le but est d'empêcher les jeunes d'accéder à la vie active et on est anti croissance parce qu'on considère ...

à écrit le 13/03/2014 à 20:13
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jeune, dynamique, commerçante. Elle manque de parcs, mais bon, c'est propre à toute la France, pas spécialement Rennes.

le 13/03/2014 à 20:37
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le probleme d'alcool generalise a tous les fonctionnaires de l'etat

à écrit le 13/03/2014 à 19:03
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37 ans de gestion pépère... Nantes nous a distancés partout même sur la culture ! Les rennais qui aiment leurs élus avancent la culture, le métro, les associations... Oui mais il faut bien un jour des gens ou des entreprises capables de payer des i...

à écrit le 13/03/2014 à 18:09
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Oui Rennes est solidaire, sociale et étudiante, oui il y a une douceur de vivre qu'il n'y a nulle part ailleurs dans les grandes villes (Sauf peut-être Angers), mais Rennes s'enlaidit avec son architecture sans saveur en périphérie et sa minéralité d...

à écrit le 13/03/2014 à 15:57
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Les transports en commun sont trop cher à Rennes.. Les parkings "métro" sont toujours complets..Ils seraient mieux à l'extérieur de la 4 voie..

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