Macbeth : vanitas, vanitas

Le théâtre du Ranelagh présente cette pièce maîtresse de Shakespeare. Dans une mise en scène tout en symboles, on retrouve avec bonheur tous les méandres de l'âme humaine.
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Cela commence comme dans un songe. On ne sait où se trouve la ligne d'horizon, la terre semble se mouvoir et se liquéfier jusqu'à l'apparition des trois sorcières, oracles maudits qui provoqueront la perte et la damnation de Macbeth, ce héros guerrier pourtant promis aux plus nobles distinctions terrestres. En lui prédisant qu'il serait roi, ce noble coeur va effectivement se transformer en un sanguinaire assassin multipliant les forfaits pour arriver à ses fins puis pour faire table rase autour de lui n'hésitant pas à tuer femmes et enfants. Sa femme, Lady Macbeth est tout autant rongée par l'ambition. C'est d'ailleurs sous le poids de ses arguments, volutes de serpent, que Macbeth succombera aux enfers de la vanité. "Le clair est noir, le noir est clair, planons dans la brume et le mauvais air", sifflent dès le début de la pièce les trois sorcières. Tout est dit car tout ce qui suivra ne sera que l'expression de cette duperie permanente, de cette dualité, de cette double vérité. "Qui veut faire l'ange fait la bête" disait Pascal. Macbeth ne fera rien d'autre. La pièce de Shakespeare est un morceau de bravoure où chaque personnage est ciselé, bijoux sans éclats, rongés par leur turpitudes. Quelle leçon de philosophie. Quelle étude humaine, quelle épopée moderne. On a beau l'avoir vu maintes fois, connaître par coeur l'intrigue, c'est toujours une renaissance.
Cette version de Macbeth est traduite de façon assez moderne par Jean-Michel Desprats. Loin des vers et de la scansion rythmée, le texte n'en perd pourtant pas en efficacité. Et Laurent Le Doyen dans le rôle titre est particulièrement émouvant. Triste sire à la volonté trop molle pour ne pas se laisser emporter par ses instincts les plus vils. Son double, devenu son ennemi, Emmanuel Oger dans le rôle de Banco est tout aussi convaincant.
Shakespeare dans le théâtre du Ranelagh c'est, en outre, comme un spectacle dans le spectacle. Car cette salle au passé aussi riche que ses murs sculptés a d'abord été un château en 1722, du temps où la colline de Passy ne comptait rien d'autre que cette demeure habitée par un amoureux des arts qui invita notamment Rameau, Voltaire et Rousseau. Un très beau moment théâtral.

Macbeth
Théâtre du Ranelagh
2 rue des vignes - 75016 Paris
Prix des places : entre 10 et 35 euros
Réservations : www.theatre-ranelagh.com

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Commentaire 1
à écrit le 17/10/2012 à 10:00
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En lui prédisant qu'il serait roi, ce noble coeur va effectivement se transformer en un sanguinaire assassin multipliant les forfaits pour arriver à ses fins puis pour faire table rase autour de lui n'hésitant pas à tuer femmes et enfants. C'est du ...

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