L’avenir est à l’entreprise 4D

Les entreprises sont regroupées globalement en trois types : 2D, 3D, 4D...
Reuters

L'entreprise 2D a les deux pieds dans le présent, c'est l'image 2D, le plan. Le quotidien la dirige, pour assurer le chiffre d'affaires et remplacer les gammes existantes. Elle est dirigée par un manager, un gestionnaire. Voir à deux ans tient de l'exploit. La majorité des entreprises ont ce profil. Elles ne prennent plus le temps de respirer. L'entreprise 2D se fait dépasser en permanence, elle court après sont présent.

L'entreprise 3D a un pied dans le présent et un pied en suspens qui va se poser dans l'avenir. Sa tête regarde le futur. C'est l'image 3D du volume. C'est une entreprise prudente, assurant ses bases et en quête déterminée de l'avenir. Elle est dirigée par un mutateur (mutatis mutandis, « ce qui devait être changé ayant été changé »). Un tiers des entreprises sont dans ce profil. L'entreprise 3D est dans le peloton de tête, consciente qu'il faut lutter pour y rester.

L'entreprise 4D a un pied dans le présent, le reste du corps, y compris la tête, dans l'avenir. L'entreprise a une quatrième dimension, le temps. Le présent est de l'acquis, le futur est un élan, un travail permanent. Elle est dirigée par un transformateur. Il emmène ses équipes dans la vision de son entreprise, dans la prospective. Il sait que l'entreprise de demain n'est plus celle d'aujourd'hui, encore moins celle d'hier. Un peu plus de 10% des entreprises ont ce profil. L'entreprise 4D est en tête, détachée, les poursuivants sont plus ou moins loin derrière. Elle a en réserve un coup d'avance, sinon deux.

Toutes les entreprises que je rencontre veulent être des entreprises 4D. Être les premières, pas la copie. Cela ne s'improvise pas. C'est un état d'esprit que l'on installe et qui se construit dans le temps. Deux conditions sont essentielles pour réussir à être une entreprise 4D.

La première est de travailler son futur, sa vision, sa prospective. Peu importe le mot, c'est l'état d'esprit qui compte, un travail permanent, renouvelé régulièrement. La seconde est le droit à l'échec, c'est-à-dire oser tester et savoir que l'on peut se tromper, qu'un nouveau test enthousiasmant s'annonce qui pourrait être un échec. Ou pas.

Ces deux conditions, travailler sur l'avenir et avoir le droit à l'échec, sont certainement les plus rares dans la culture française. La prospective y est pauvre et l'échec est pointé du doigt. Il faut les enseigner dans les écoles, dès les écoles primaires et ne pas attendre les écoles de commerce ou d'ingénieur, l'université. Pour le moment, le signal est faible, très faible…

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013.

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