Le travail au gris

Il y a quelques semaines, ma chronique était consacrée à l’entreprise 2D, 3D, 4D, l’entreprise qui avance avec vision. Le système D dont il est question cette semaine est sans rapport. Quoi que…
Reuters

Le système D est celui de l'imagination ET des compétences de l'individu. Le système D ponctuel entre dans ce que l'on appelle aujourd'hui l'économie collaborative. Il est soit un véritable modèle économique, soit un simple dépannage, une débrouillardise.

Le système D, le système débrouillard d'activités répétitives hors des circuits officiels, est en revanche du travail dissimulé, du travail au noir. Le travail au noir est pratiqué par des entreprises et concerne selon l'Acoss de 500.000 à 700.000 salariés sur un total de 25 millions, des trop jeunes (moins de 18 ans), des trop âgés (plus de 60 ans) ou des sans-papiers. Le travail au noir est pratiqué aussi par des individus. C'est un travail de peinture, de réparation automobile, de jardinage, de garde d'enfant, etc., qui échappe à la formule la plus simple, le chèque emploi service universel (CESU).

En juillet dernier, la hausse de la TVA des services à la personne de 7 % à 20 % a fait disparaître 20 % des ordres des paysagistes que le CESU n'a pas récupérés. Au contraire, le coût du CESU ayant augmenté il a perdu des employeurs. Face au travail au noir, il y a le travail au blanc, le travail déclaré. La hausse du travail au noir est directement liée au différentiel de coût, donc des charges. Plus ce différentiel est important, plus le travail au noir progresse.

Dans le tabac, plus les taxes augmentent, plus les ventes de cigarettes d'importation ou de fraude progressent. Depuis un ou deux ans, le travail au noir augmente rapidement. Il y a donc des compétences disponibles. L'État se doit de réduire l'écart entre le travail au noir et le travail au blanc.

La solution est le travail au gris. Le travail au gris a des charges encore plus réduites et un système d'enregistrement encore plus simple que le CESU. Il répond pour l'employeur à un dépannage.

Pour l'employé, c'est un premier pas, un dépannage de quelques heures, une pré-période d'essai ; à moins que ce ne soit un dernier pas, dépannage de préretraité ou complément de retraité à durée limitée pour compléter des revenus insuffisants.

Le travail au gris c'est la « petite pièce » que l'on donnait il y a plusieurs dizaines d'années pour un « coup de main ». Plus de travail au noir mais que du travail au gris serait un signal fort ! En fait le système D est une chance, c'est un détecteur de compétences qu'il faut encourager.


Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013.

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Commentaires 3
à écrit le 04/04/2014 à 12:55
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J'ai eu affaire personnellement à des installateurs de fenêtres peut être dans le cadre Bolkenstein ou autre fantaisie européenne ; le moins que je peux en dire est qu'ils ne connaissaient pas la langue de Molière lesquels salariés dont je ne connais...

à écrit le 03/04/2014 à 22:54
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Il ne fallait pas remettre en cause le statut d'autoentrepreneur.

le 06/04/2014 à 12:28
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Exact Je crois en fait que le statut a été élargi et non réduit comme voulait le faire la brillante ministre Pinel.

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