La tectonique des plaques (électorales) européennes

Bien sûr, il reste encore du pain sur la planche. Les agendas des commissions parlementaires restent fournis. Rien que pour les services financiers, une bonne dizaine de textes attendent dans le pipe. Mais enfin, cela sent tout de même la fin de règne.
Florence Autret
Dans la prochaine Commission, David Cameron revendique pour son pays le portefeuille du Marché intérieur, l'un des trois plus influents avec la Concurrence et les Affaires économiques et monétaires./ Reuters

Les membres des cabinets des commissaires commencent à se recaser ici et là. Le mercato habituel des périodes préélectorales est officiellement ouvert. Et alors que les investitures pour les élections européennes de mai se préparent, tout le monde a déjà les yeux rivés à la rentrée 2014 et aux cinq années qui suivront. Avec une certitude : le prochain mandat ne ressemblera pas à celui qui se termine. L'après 2009 avait été dominé par la gestion de crise. Ce tsunami aura finalement été annonciateur d'un mouvement plus profond des plaques tectoniques.

Après 2013, d'autres secousses sont à attendre

La première viendra de Londres. Si les conservateurs gagnent les élections en 2015, les Britanniques se verront demander s'ils veulent ou non lâcher les amarres et laisser « le continent isolé ». Or, de l'avis général, « jamais un gouvernement anglais ne gagnera un vote sur l'Europe », comme le rappelle un diplomate. La Commission européenne travaille sur « des scenarii juridiques » de sortie du Royaume-Uni.

Mais la lente dérive britannique a déjà commencé. Dans les couloirs du Berlaymont, on déplore que le Royaume-Uni, réputé jadis pour maîtriser comme personne l'art de placer ses hommes (et ses femmes) à des postes clés dans l'exécutif européen, ait cessé de l'alimenter. Et il se plie de plus en plus difficilement à la discipline de l'harmonisation.

Dernier exemple en date au sujet de la réforme des structures des banques

Londres a carrément négocié une exemption générale à la « Volcker Rule », autrement dit la limitation, voire l'interdiction dans certains cas des activités de marché pour les banques qui gèrent des dépôts, que Michel Barnier s'apprête à proposer. Motif : le parlement britannique a déjà voté sa réforme Vickers. Si tout le monde s'y prenait de la sorte, il n'y aurait plus qu'à mettre les législateurs européens en congé. Cette stratégie de passager clandestin se paye évidemment d'une perte d'influence.

Dans la prochaine Commission, David Cameron revendique pour son pays le portefeuille du Marché intérieur, l'un des trois plus influents avec la Concurrence et les Affaires économiques et monétaires. Mais sa posture eurosceptique réduit singulièrement ses chances.

« S'il envoie à Bruxelles un anti-européen, à la fin on lui donnera les langues », prévient un responsable du Parti populaire européen.

Un Anglais chargé du multilinguisme, cela ne manquerait pas de sel

Le Premier ministre de sa Majesté n'y pourra pas grand-chose. Chaque capitale peut proposer voire imposer son commissaire, mais la distribution des portefeuilles est une négociation à vingt-huit où finalement le président de la Commission aura le dernier mot. Le chantage au départ ne fonctionne qu'un temps. Une fois qu'on sait la rupture irrémédiable, il n'y a plus rien à négocier. Il n'empêche, depuis l'autre côté du Channel, la vue sur le continent étonne toujours par sa lucidité.

Quand les conservateurs avertissent que le noyau de la zone euro va devoir lui aussi se transformer, ils ne font que prédire l'inévitable. Dans les cartons des grands partis du centre, sociaux-démocrates comme chrétiens-démocrates, dans les couloirs de la chancellerie à Berlin, à l'Élysée aussi peut-être, s'esquissent les plans d'une autre Union.

L'Union bancaire a levé le lièvre de l'Union budgétaire, si difficile à mettre en place. On reparle d'une « Communauté de l'énergie » et de politique industrielle, comme au bon vieux temps du charbon et de l'acier. Sans oublier la question sociale. Or, ici, les adeptes parisiens de l'harmonisation par le haut risquent de déchanter.

« L'Europe sociale, ce ne sera pas 35 heures, mais 42 ou 45 heures. Le salaire minimum pas 8,50, mais 7,10 euros et la retraite, plutôt 67 ans », avertit un dirigeant conservateur...

Florence Autret

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Commentaires 2
à écrit le 31/01/2014 à 21:26
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Oui il faut quitter cette monnaie d'escroc qui est un cancer pour la france, soigner par hollande diafoiurus et purgon Merkel la france est en phase terminale

à écrit le 31/01/2014 à 19:13
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Oui nous allons bientot sortir de l'euro et pouvoir nous reindustrialiser oui nous allons pouvoir devaluer et les Allemands n'aurons rien mais alors rien a dire.

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