L'édito de La Tribune : madame Michu et la Bourse

Par François Lenglet, rédacteur en chef de La Tribune.

Madame Michu, inlassable commentatrice de l'actualité et experte en lieux communs, s'intéresse désormais à la finance. General Motors au plus bas depuis 70 ans ? La bourse est folle. Le cours de Citibank divisé par dix en quinze mois ? Les marchés financiers ont perdu la tête. Le Cac qui craque le matin pour s'enfiévrer l'après-midi ? Le Dow qui ziguezague, le Nasdaq qui bat la breloque ? Les boursiers, vous dis-je. Voici bien la preuve qu'ils ne sont plus déterminés par la réalité des entreprises, mais par leurs propres démons. Nombre de politiques et de chefs d'entreprise tiennent aujourd'hui ce discours, inspirés par notre ménagère intarissable. Les mêmes célébraient hier la clairvoyance des marchés, lorsque les indices et leur stock-options s'orientaient invariablement à la hausse. Les jugements sur la bourse sont aussi volatils que le cours d'une banque en déconfiture financière.

L'extraordinaire volatilité des marchés ne s'explique évidemment pas par un accès de démence collective. Elle tient à l'impossibilité de faire un prix dans un environnement aussi turbulent que le nôtre. Quelle est la valeur d'un constructeur automobile lorsque ses ventes chutent de 40%, qu'une récession inhabituelle et une crise du crédit menacent ? Pas un comptable, pas un économiste, pas un industriel ne peut répondre à cette question. Seules deux institutions ont toujours un avis sur tout, la bourse et madame Michu. La première répond de façon confuse ou contradictoire. Mais, si la seconde est plus tranchée, elle n'est pas pour autant plus fiable.

Les marchés ne font jamais que refléter, par leur comportement imprévisible, nos errances intellectuelles face à cette crise financière sans précédent de mémoire d'homme. Comment leur demander d'être constants alors que les spécialistes de l'économie, les patrons, les hommes politiques, les journalistes, se contredisent eux-mêmes, à la recherche qu'ils sont de clés pour comprendre ? « Quand les faits changent, je change d'avis » avait coutume de dire John Maynard Keynes. N'en voulons pas à la bourse d'être keynésienne, surtout en ces temps où l'économiste britannique revient à la mode.

 

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Commentaires 20
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Ce que madame Michu reproche à la bourse, ce n'est pas ses fluctuations face à la crise, c'est précisément d'avoir causé cette crise par des pratiques qui ne servaient que la Bourse, c'est-à-dire les banquiers, les hedge funds, les jeunes traders aux...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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J'adore ce papier ! signé Madame Michu

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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moques toi bien des francais qui ont fait confiance à quelques margoulins qui leur ont vendu du reve pour empocher chaque fois des primes ex: PEA..... en attendant ils ne vendent pas et vous permettent encore de vivre....

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Beaucoup d'incertidude pour les donneurs leçons, mais que va devenir Madame Michu ?!

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Quand les ventes d'une usine chutent de 40%, l'usine conserve les ateliers, toutes ses machines et son potentiel de production, elle ne perd donc pas 40% de sa valeur. Ai-je dit une ânerie ? ( je n'ai pas étudié l'économie)

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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en temps que vraie "madame Michu" de province, c'est à dire une femme d'un certain âge ayant placé une partie de ses ses économies (40 000?) dans la bourse, sans connaissance particulière, je trouve particulièrement déplacé, bêtement machiste, passé ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Comparons les discours de Madame Michu en 2007 et les "splendides" éditoriaux si bien documentés et si doctement et savamment écris de Monsieur François Lenglet (et ses confrères). Qui des deux a dit le plus de c.....? Monsieur Lenglet, vous n'êtes r...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Je soutiens à fond Mme MICHU qui a eu la sagesse de vendre qd il le fallait (moi pas ...)Haro sur les experts de tous poils et qd va-t-on enfin interdire ces ventes à découvert qui faussent tout le marché et permettent à des pseudo boursiers de fa...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Se moquer des autres plutôt que faire son autocritique est une pratique assez commune. Cette crise était annoncée depuis longtemps par certains économistes "marginaux", mais les milieux d'affaires, les économistes officiels et la presse économique n...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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a lire les commentaires , on voit bien que le sujet est chaud . Comme disait je ne sais quel homme politique "la guerre est une chose trop sérieuse pour la laisser diriger par des généraux " et je crois bien que " la bourse est une chose trop sé...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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je me permets de vous signaler qu' à mon avis il y a une erreur dans l'unité des comptes de certaines sociétés : Casino ferait selon la fiche de la tribune un resultat net 2007 de 921 000 millions d'euros ( unité indiquée en millions d'eu...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Quand le " prolo " du coin veut en " croquer " en souhaitant devenir le spéculateur qu' il ne sera jamais, tout simplement car il n' en et n' en aura jamais le niveau. La bourse n' est pas faite pour les gamins qui rêvent. Le chauchemar risque encore...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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De fait, si le mari de madame Michu est le "bon père de famille" vanté dans les cours de droit privé, nous avons là un couple qui sait encore faire preuve d'une qualité devenue étrangère aux marchés: le bon sens. On peut toujours s'offusquer de la...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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A toutes les madames Michu : occupez vous des bourses de vos maris plutôt que de la bourse tout court ! Plus sérieusement restez à l'écart en attendant que la situation s'éclaircisse, c'est à dire quand on aura répondu aux 2 questions fondamentale...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Madame MICHU oublie sans doute que les petits actionnaires comme elle ont tous pêché par excès de convoitise : l'espoir de gagner 15 à 20% de plus value par an au lieu des 4.5% d'un placement en Euros sans risque. Certes leurs banquiers respectifs o...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Il est faux de dire qu'aucun expert n'avait rien prévu. François Lenglet a publié il y a deux ans, je crois, "la crise de 29 est devant nous". Tandis que Marc Fiorentino et Marc de Scitiveaux nous serinait que les matières premières et les émergents...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Après avoir lu les commentaires je suis revenu à l'éditorial dont j'avais une tout autre lecture. Pour moi Mme MICHU était la rumeur....Les cours de bourse aussi sont faits de rumeurs...Mais il est bon de rappeler que ces cours sont plus soumis à l'o...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Une fois de plus , les Pros de la spéculation boursière à la"hausse" ou la"baisse" avec des "indices",des "trucs de rien" des "machins de faux prêts", des"choses sur les tonnes virtuelles de blé,de sucre, du coton , avant même qu'ils soient semés..."...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Mme Michu n'est pas une femme ! C'est le symbole de quelqu'un qui a des jugements tranchés, qui pense que "à mon époque c'était pas comme ça" et qui n'a pas une culture délirante... Y a pas de machisme dans cet article... Notre mâle de président est ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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merci Mme Michu, mais cela ne nous eclaire pas beaucoup de savoir que nous ne savons rien...

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