Retournement de tendance ce mercredi à Wall Street. Les marchés new-yorkais ont nettement progressé en fin de séance pour terminer dans le vert. Seul le Nasdaq est resté proche de l'équilibre après les résultats jugés décevants d'Intel, qui n'a en plus pas souhaité communiquer de prévisions chiffrées pour le trimestre en cours. L'état de santé de l'économie américaine demeure toujours aussi incertain. Alors que les marchés avaient semblé retrouver espoir la semaine passée, anticipant un retour plus rapide que prévu à la croissance, les dernières statistiques (ventes au détail mardi et production industrielle ce mercredi) ont douché leur optimisme. Mais plus tard dans la journée, le Livre beige de la Fed a redonné de l'espoir.

Le Dow gagne ainsi 1,38% à 8.030 points et le S&P 500 prend 1,25% à 852 points. Le Nasdaq ne progresse que de 0,07% à 1.627 points

Dans son traditionnel Livre beige, la Réserve fédérale a estimé que l'activité "s'est contractée davantage ou est restée faible" le mois dernier, en fonction des régions. Mais la banque centrale américaine note "une modération du rythme de la chute" de l'activité dans "cinq des douze régions". Suffisant pour rassurer des opérateurs qui préfèrent ces derniers temps se concentrer sur les bonnes nouvelles plutôt que sur les mauvaises. D'autant que les régions concernées ne sont pas les moindres: New York, Chicago, San Francisco, Dallas et Kansas City.

Sur le front des statistiques, la production industrielle a reculé de 1,5% en mars, enregistrant un cinquième mois consécutif de baisse. Du coup, elle est tombée à son plus bas niveau depuis 1998. Les économistes attendaient en moyenne un repli de 0,9%. L'utilisation des capacités de production a chuté, à 69,3%, au plus bas depuis la création de cette série statistique en 1967. En outre, l'activité manufacturière a continué à se dégrader dans la région de New York, mais moins fortement que prévu. L'indice Empire State est ainsi ressorti à -14,7 points, contre un consensus de -35, et -38,23 en mars.

Du côté des valeurs, Intel abandonne 2,44% à 15,62 dollars. Le numéro un mondial des semi-conducteurs a pourtant fait bien mieux qu'attendu au premier trimestre 2009. Certes, le bénéfice par action a fondu de 55% sur la période, à 647 millions de dollars. Mais rapporté par action, il ressort à 11 cents alors que les marchés escomptaient seulement 3 cents. Alors que l'ensemble du secteur souffre d'une forte contraction de la demande, le chiffre d'affaires du groupe de Santa Clara a chuté de 26%, passant de 9,7 milliards de dollars au premier trimestre 2008 à 7,15 milliards en 2009. Un chiffre conforme aux attentes. Cependant, les marchés sanctionnent le net repli de la marge brute et l'absence de prévisions pour le trimestre en cours.

Dans le sillage d'Intel, les autres fabricants de semi-conducteurs perdent du terrain. Texas Instrument cède 3,12% à 16,79 dollars, AMD se replie de 5,23% à 3,44 dollars et Broadcom baisse de 1,85% à 22,24 dollars. Qualcomm prend en revanche 0,25% à 40,90 dollars

Toujours du côté des résultats, Abbott Laboratories a publié ce mercredi une progression de 16% de ses profits sur les trois premiers mois de l'année, à 1,44 milliard de dollars. Hors éléments exceptionnels, le bénéfice par action (BPA) s'élève à 73 cents, 3 cents de mieux que le consensus des marchés. Le chiffre d'affaires est en revanche inférieur aux attentes, à 6,72 milliards de dollars contre 7,07 milliards escomptés par les analystes. Pour l'ensemble de l'année, Abbott a maintenu ses prévisions de résultats, tablant toujours sur un BPA compris entre 3,65 et 3,70 dollars. Le titre recule pourtant de 4,59% à 42,66 dollars.

General Motors progresse de 6,18% à 1,89 dollar. Selon le Wall Street Journal, l'Etat américain envisagerait de rentrer dans le capital du géant de Detroit. Ce dernier se serait en effet vu proposer de rembourser une partie, voire la totalité, des 13,4 milliards de dollars de prêts qu'il a recu de la part des autorités sous forme d'actions. Le premier constructeur automobile américain doit présenter avant le 1er juin un nouveau plan de restructuration afin de bénéficier de nouvelles aides et ainsi éviter le placement sous le chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Il va notamment devoir trouver un accord avec ses porteurs d'obligations pour restructurer sa dette et avec le syndicat UAW (United Auto Workers) afin d'obtenir des concessions lui permettant de rivaliser avec ses concurrents étrangers.

Yahoo cède 0,36% à 14,02 dollars. Le portail Internet californien pourrait annoncer de nouvelles suppressions d'emplois, selon le Wall Street Journal et le New York Times. Elles pourraient être annoncées à l'occasion de la publication des comptes du premier trimestre. Yahoo a déjà détruit 2.400 postes en 2008 pour faire face à la baisse de son chiffre d'affaires. Ce dernier pourrait encore avoir baissé de 16% au premier trimestre, en raison de l'affaissement du marché publicitaire mondial. De quoi relancer les spéculations sur d'éventuelles négociations avec Microsoft en vue d'un partenariat dans la publicité en ligne.

EBay abandonne 0,42% à 14,32 dollars. Le leader mondial des enchères en ligne va donner son indépendance à Skype. Sa filiale de téléphonie sur Internet rachetée à prix d'or en 2005 (3,1 milliards de dollars) fera ainsi son entrée en Bourse au premier trimestre 2010, la date définitive dépendant des conditions de marché. Skype a réalisé en 2008 un chiffre d'affaires de 551 millions de dollars, en hausse de 44% par rapport à 2007. Et le nombre d'utilisateurs a bondi de 47% à 405 millions d'utilisateurs fin décembre. Mais cette activité ne présente pas assez de synergies avec le reste du groupe, explique eBay, qui entend se concentrer sur son site de ventes aux enchères et sur son système de paiements Paypal.

Sur le secteur financier, Goldman Sachs grimpe de 5,28% à 121,19 dollars. JPMorgan est passée à de "surpondérer" à "neutre" pour la première banque d'affaires américaine, jugeant sa valorisation "non attractive". En revanche, Wachovia a relevé sa recommandation à "surperformer" et a revu à la hausse sa prévision de bénéfice par action de 7,84 à 10,89 dollars sur l'ensemble de l'année. Citigroup chute de 1% à 3,97 dollars. Le titre de la banque de New York avait fortement grimpé ces dernières séances dans l'espoir d'un retour dans le vert après six trimestres consécutifs de pertes. Et Bank of America progresse de 3,47% à 10,44 dollars.

Les compagnies aériennes s'envolent après la publication des résultats d'AMR, la maison-mère d'American Airlines. La deuxième compagnie mondiale a vu sa perte se creuser au premier trimestre, à 375 millions de dollars, alors que le traffic est affecté par le ralentissement économique, notamment pour les lucratives classes affaires. Par action, le déficit est inférieur aux attentes des marchés, à 1,30 dollar contre 1,62 dollar anticipé par les investisseurs. Le titre grimpe donc de 18,72% à 5,01 dollars. Dans son sillage, Delta prend 4% à 7,28 dollars, United progresse de 8,43% à 6,56 dollars et Continental s'adjuge 11,11% à 13,20 dollars.

Enfin, Burger King plonge de 17,68% à 18,67 dollars. La deuxième chaîne mondiale de restauration rapide n'a dégagé qu'une hausse de 1% de son chiffre d'affaires au premier trimestre, à 600 millions de dollars. Les analystes tablaient sur des ventes de 625 millions de dollars, en hausse de 3,6%. Le groupe table sur un bénéfice par action compris entre 33 et 35 cents par action, contre 30 cents l'an dernier à la même période. Une estimation conforme à celle des marchés, qui anticipent un BPA de 33 cents.