Un rapport recommande le rejet de l'union Nyse-Deutsche Börse

Par Romaric Godin, à Francfort  |   |  400  mots
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Quelque 1.500 emplois seraient menacés dans le groupe allemand.

La fusion entre Deutsche Börse et Nyse Euronext est encore loin d'être bouclée. Ce mardi, un rapport du comité d'entreprise du groupe allemand est venu relancer les craintes d'un échec de l'opération. L'auteur de ce rapport, Ulrich Burgard, professeur de droit à l'université de Magdebourg, estime que les autorités du Land de Hesse « n'ont pas d'autres choix que d'interdire cette fusion ». Selon cet expert, en effet, Deutsche Börse n'est pas une entreprise comme les autres, elle est déléguée par le Land pour exploiter la Bourse de valeurs de Francfort (FWB). Elle doit, de ce fait, contribuer au développement de la place hessoise et empêcher tout conflit entre l'intérêt général et celui des actionnaires.

Or, pour Ulrich Burgard, ces deux tâches sont impossibles dans le cadre de la fusion avec le géant boursier américano-européen. Son rapport estime ainsi, sur des bases historiques, que 1.500 postes seront supprimés chez Deutsche Börse, dont 750 dans la seule région de Francfort. Et comme le rappelle Herbert Bayer, représentant des salariés au conseil de surveillance de Deutsche Börse, beaucoup d'emplois à Francfort, et pas seulement dans les banques, dépendent de la présence de l'activité boursière dans la région.

Réaction laconique

Pour le comité d'entreprise et le syndicat Ver.di qui sont depuis toujours opposés à la fusion, la décision attendue du ministère des Finances du Land de Hesse est leur dernière chance. Si les autorités de Wiesbaden rejettent la fusion, les échanges de titre déjà réalisés seront annulés et la fusion transatlantique appartiendra au passé. Chez Deutsche Börse, on veut se montrer serein et on refuse d'évoquer ce scénario catastrophe. Le groupe s'est contenté d'une réaction laconique en « prenant acte » de ce « rapport partisan ». Reste que la décision hessoise se fait attendre et que l'opérateur a déjà reconnu que des demandes d'informations supplémentaires lui étaient parvenues. Or, l'obstacle hessois n'est pas le seul à franchir. Début août, la commission européenne a élargi son enquête sur la fusion et devrait ne donner son avis qu'à la fin de cette année. Au mieux, donc, le nouveau géant boursier ne naîtra effectivement qu'en 2012. Si tout se passe bien d'ici là.