Lehman : Les marchés d'actions n'ont toujours pas tourné la page

Hormis le Nasdaq, les grands indices occidentaux évoluent aujourd'hui en dessous de leurs niveaux pré-Lehman.
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La plaie ouverte sur les marchés financiers par la faillite de Lehman Brothers est loin d'être refermée. En trois ans, quelques indices sont certes déjà parvenus à retrouver leurs niveaux d'avant-crise à l'image du Dow Jones, du S&P 500 et du Nasdaq aux États-Unis et du Footsie, du DAX et de l'Ibex en Europe. Mais, exception faite du Nasdaq, l'ensemble des marchés occidentaux restent aujourd'hui en dessous de leurs niveaux pré-Lehman. L'exemple du CAC 40 est, à ce titre, plus frappant que les autres puisque l'indice parisien, qui n'a toujours pas retrouvé sa valorisation d'avant-crise, évolue aujourd'hui à plus de 30 % en deçà de ses niveaux de l'époque !

Mais cette radiographie des marchés d'actions depuis trois ans cache une réalité bien plus complexe. Dans le détail, cinq phases successives se sont succédé?: deux de hausse et trois de baisse. Avec en lame de fond des chocs majeurs, géographiquement concentrés entre l'Europe et les États-Unis. « Quatre grands événements ont, selon moi, marqué les marchés depuis la faillite de Lehman Brothers, détaille Frédric Buzaré, responsable de la stratégie actions chez Dexia AM. Tout d'abord, le rejet par le Congrès américain du plan Paulson à l'automne 2008 qui a accéléré la chute des marchés. Ensuite, la crainte d'un « double dip » à l'été 2010 qui a motivé la mise en place du « quantitative easing 2 ». Enfin, en Europe, les deux plans de sauvetage de la zone euro aux printemps 2010 et 2011. »

Naviguant à vue dans ce contexte très agité, les investisseurs ont eu l'occasion de changer à maintes reprises leur approche à l'égard des actions. Le rally boursier mondial entamé au printemps 2009 a, dans un premier temps, profité aux marchés émergents avant de tirer les actions américaines l'année suivante et finalement les places européennes au début de cette année. Par ailleurs, nombre de stratégies ont été éprouvées durant cette période. Le rebond de 2009 a surtout profité aux cycliques et aux bancaires, massacrées à l'automne 2008 et bénéficiant pour certains secteurs (comme l'automobile) de la manne des plans de relance. Puis ce fut au tour des valeurs dites de croissance capables de capter la dynamique économique des émergents. Mais le décrochage de cet été a marqué le retour en grâce des défensives pour la première fois depuis le déclenchement de la crise.

Cinq phases sucessives

En tout état de cause, cet événement majeur qui fait date dans l'histoire des marchés a été l'élément déclencheur d'une nouvelle ère. « La faillite de Lehman Brothers a principalement fait prendre conscience aux investisseurs l'importance des liquidités et les conséquences dramatiques d'un trop fort endettement que ce soit pour les entreprises ou pour les ménages. Si ces derniers ont réussi à réduire leur dette, cette tâche incombe désormais aux Etats et ce processus risque d'être plus long » estime Zehrid Osmani, gérant actions européennes chez Black Rock. Au-delà des prises de conscience, cette faillite a littéralement déboussolé les investisseurs désormais perdus dans un contexte de marché en manque de repère. « La faillite de Lehman Brothers a complètement chamboulé les paramètres traditionnels d'analyse de marché. Cela a déformé les primes de risque vers le haut notamment sur certains secteurs comme les banques. Les valorisations deviennent secondaires et les fondamentaux historiques n'ont plus beaucoup de sens dans la configuration actuelle » souligne pour sa part Fréderic Buzaré.

Dans ces conditions, le nouveau risque systémique évoqué depuis peu par les intervenants de marché pourrait avoir des conséquences beaucoup plus lourdes. « Il y a, en effet, de grandes similitudes entre la crise financière et celle de la dette qui fait chuter les marchés aujourd'hui. La différence, c'est l'ampleur. Ce qui était en cause hier c'était des produits structurés. Ce qui est en jeux aujourd'hui ce sont des emprunts d'Etat que les investisseurs croyaient jusqu'ici sans risque » analyse le directeur de la stratégie chez Dexia AM. Pour ce dernier, les marchés sont devenus assez « paranoïaques « pour désormais aller chercher les plus bas de mars 2009, « voire même s'enfoncer au-delà ».

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Commentaire 1
à écrit le 06/10/2011 à 8:00
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La finance ne peut pas tirer de leçons. Elle n'est pas le seul domaine. Les personnes aux commandes ont une vision étriquée du monde (narrow-minded). On dirait qu'ils doivent se venger. Ils ressemblent à des Henri Kissenger et consorts qui ont semé l...

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