Vers la fin des actions ?

Par Gaël Vautrin  |   |  620  mots
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La fameuse décennie perdue et la configuration des marchés depuis le début de la crise financière marquent-elle la fin des actions ? David Shairp, stratégiste chez JP Morgan n'y croit pas mais reconnait que le "culte" qui entourait cette classe d'actifs est mort et enterré. Et vous, qu'en pensez-vous ?

La tendance sur les marchés ces derniers temps, et plus largement depuis le déclenchement de la crise financière, a de quoi être désespérante pour plus d'un investisseur. Depuis trois ans maintenant, nombre d'observateurs n'ont de cesse de mettre en avant la fameuse "décénnie perdue" sur les marchés d'actions.

De quoi soulever une autre question. Est-ce que les grands mouvements tectoniques actuels de l'économie et de la finance mondiale ont sonné le glas des actions ? La question est ouvertement posée par David Shairp, stratégiste chez JP Morgan dans une note publiée lundi ...

"Est-ce la fin des actions ? Durant mes années de formation, j'ai appris qu'une "règle d'or" était de mise en matière d'investissement, à savoir que, sur une période glissante de dix ans, les actions surperforment les obligations et les obligations surperforment le monétaire. C'était la conviction qui dominait alors, sachant que les années en question remontent bien avant le dernier "Grand Bull Market des Actions" de 1982 à 2007. [ Ce dernier Grand Bull Market des Actions a donné lieu à une appréciation des cours de plus de 1 250%, soit une performance annualisée d'environ 13,5% hors dividendes. Parallèlement, les obligations ont également bénéficié d'une forte tendance haussière, les rendements des bons du Trésor américain à dix ans ayant diminué de 16 % environ à 1,7% très récemment.] C'est la raison pour laquelle de nombreux investisseurs ont été surpris d'apprendre que la performance totale des bons du Trésor à 30 ans a été supérieure à celle du S&P 500 ", souligne David Shairp.

Malgré tout, et au-delà de la théorie, le stratégiste de chez JP Morgan préfère parler de la fin du "culte" des actions, plus que de leur fin en tant que telle. Et pour cause : "les actions sont un élément clé de la structure du capital", souligne ce dernier. "De surcroît et de manière intuitive, nous pensons qu'aucune classe d'actifs n'est susceptible de surperformer indéfiniment, puisque cela impliquerait un afflux permanent de capitaux qui finirait par abaisser le taux de rendement du capital investi. L'analyse empirique confirme que les super-cycles existent mais ils prennent tous fin à un moment donné. Enfin, la période actuelle n'est pas sans précédent, puisque nous avons vécu des périodes similaires dans l'histoire notamment entre 1907 et 1921, 1929 et 1942, et 1966 et 1982 ".

Si les actions ne sont pas promises à une irrémédiable extinction, la vraie question qui se pose alors est de savoir quand est-ce qu'elles vont connaitre un retour en grâce. A cette nouvelle question David Shairp répond : "si l'on considère que le marché baissier actuel pour la plupart des indices a démarré en 2000, et que la moyenne des périodes précédentes peut servir de guide, alors l'environnement actuel devrait prendre fin en 2014. Si cela peut sembler bien déprimant comme perspective en 2011, nous nous empressons de préciser que n'anticipons pas une baisse continue du marché, mais plutôt une persistance de ces larges fluctuations en dents de scie avant un retournement soutenu à la hausse. Nous observons que depuis 2000, la moyenne du S&P est proche de 1 200 (pas très loin des niveaux actuels), aussi le marché n'est-il pas survalorisé en termes de prix, ni en termes de mesures de valorisation. Il convient de noter qu'un P/E de 16x est cohérent avec les niveaux d'inflation actuels et, avec des bénéfices de 75 dollars pour un S&P à 1.200, cela reste réaliste".

Et vous, qu'en pensez-vous ? Donnez votre avis dans l'espace "Commentaires" ci-dessous.

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