2012 : beaucoup de doutes et quelques espoirs

La crise en zone euro et la conjoncture économique rendent difficiles les scénarios optimistes. Mais les gérants n'excluent pas un rebond des marchés d'actions au second semestre.
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Peu d'investisseurs devraient regretter que l'année 2011, ô combien tumultueuse sur les marchés d'actions, s'achève. Le « ouf » de soulagement devrait être toutefois de courte durée, tant 2012 s'ouvre dans un contexte d'incertitudes aiguës. Qu'en sera-t-il cette année de la crise en zone euro ? Quelle sera l'ampleur du ralentissement économique mondial ? Quid d'une nouvelle crise de liquidités, le fameux « credit crunch » ? Et quel impact du risque politique en cette année électorale ? Les doutes n'ont peut-être jamais été aussi nombreux sur les places boursières mondiales.

« L'exercice de prévision est très difficile, reconnaît Frédéric Buzaré, responsable de la gestion actions chez Dexia AM. Il y a de fortes chances que l'année 2012 soit dans la continuité de 2011 avec un marché très binaire qui attend toujours des réponses à ses questions, notamment sur la résolution de la crise en zone euro. » Difficile alors d'espérer un retour rapide de l'appétit pour les classes d'actifs risquées. « La prime de risque sur les actions devrait rester très élevée en l'absence de réponses politiques en Europe », juge le gérant. De fait, la valorisation des actions devrait se maintenir à des plus-bas historiques. Actuellement, le CAC 40 ne se paie que 8,5 fois les bénéfices attendus pour 2012. « À l'instar de 2011, la valorisation ne sera d'aucun secours, ni même la macroéconomie. Le premier semestre semble déjà perdu pour les marchés, avec une récession qui paraît inévitable en zone euro. On pourrait d'ailleurs toucher un point bas de marché en mars ou avril avec les indicateurs avancés », relève Frédéric Buzaré. Pour Alexandre Baradez, analyste marchés chez Saxo Banque, l'année boursière ne s'ouvre pas non plus sous les meilleurs auspices. « À l'heure actuelle, il n'existe aucun élément qui permet de justifier un rebond durable des indices. Nous ne sommes pas encore au bout des plans de rigueur et ni les fondamentaux économiques de la zone euro ni la crise de liquidités ne peuvent permettre d'envisager un scénario optimiste pour 2012. » Et de prévoir que les marchés d'actions ne reviennent toucher leur plus-bas de mars 2009, « avec un CAC 40 qui pourrait consolider jusqu'à 2.500 points »

La possibilité d'une embellie

Mais si les doutes sont profonds, peu de gérants excluent totalement une possible embellie à partir du second semestre. « Les marchés vont commencer à regarder les mauvaises statistiques macroéconomiques de façon positive, dans le sens où cela accroîtra la possibilité de nouvelles politiques d'assouplissement monétaire de la part de la Fed et même de la BCE », font remarquer les analystes de Schroders. Il n'est donc pas impossible que mars 2012 puisse rappeler mars 2003 ou mars 2009, ces deux mois ayant été le point de départ de puissants rallys sur les actions. « Toute la question est de savoir dans quelle mesure et avec quelle ampleur les indices pourraient rebondir par la suite, soutient Frédéric Buzaré. Le signal d'un rebond durable pourrait être donné par un mouvement de transfert des valeurs de croissance vers les valeurs décotées. Mais il faudra pour cela des avancées décisives sur la gouvernance européenne. » Intervention de la BCE, fédéralisme européen : les lueurs d'espoirs pour les marchés en 2012 sont loin d'être inexistantes. D'autant que la conjoncture pourrait par ailleurs apporter quelques bonnes surprises.

« Il est faux de penser que l'austérité budgétaire est forcément synonyme de récession, estime François Chevallier, stratégiste à la banque Leonardo. Plusieurs forces de rappel existent : la première vient de la consommation qui devrait se maintenir par le biais d'une baisse du taux d'épargne. Le repli de l'euro devrait également favoriser les exportations. Enfin, la croissance de l'Allemagne pourrait permettre d'absorber le choc de l'austérité de ses voisins européens. » Le stratégiste juge que les marchés ont surréagi au ralentissement économique, ouvrant la voie à un rebond important des actions. Il table ainsi sur un CAC 40 à 3.800 points fin décembre. Frédéric Buzaré s'attend pour sa part à un niveau de 3.550 points fin 2012 tandis que pour Alexandre Baradez, les indices boursiers devraient rester « dans le meilleur des cas » sur leurs niveaux actuels. La seule certitude de 2012 réside sur le front de la volatilité, qui sera, de l'avis de tous les spécialistes, encore de mise cette année.

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Commentaire 1
à écrit le 17/01/2012 à 8:25
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"la croissance de l'Allemagne pourrait permettre d'absorber le choc de l'austérité de ses voisins européens" : çà serait plutôt l'inverse que çà ne m'étonnerait pas. Rendez-vous dans 6 mois pour savoir qui aura eu raison !

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