Déjà vendredi, les premières rumeurs concernant la dégradation de la notation française avaient, in fine, eu peu d'effet sur les marchés d'actions. Confirmée par l'agence Standard&Poor's vendredi après la fermeture de la Bourse, la perte du triple "A" de la France a été bien absorbée par le marché ce lundi. A force d'en parler, la communauté financière avait déjà largement intégré la nouvelle dans les cours. 

Après s'être inscrit une partie de la journée dans le rouge, le CAC 40 a finalement clôturé en hausse de 0,89% à  3.225,00 points. Ailleurs en Europe, l'Ibex 35 abandonnait 0,12% mais le Footsie Mib italien gagnait 1,4% malgré la dégradation de deux crans de la note de l'Italie par S&P. De leur côté, le Footsie 100 londonien a gagné 0,41% et le Dax 1,3%.

La nouvelle de la perte du AAA français a été d'autant mieux digérée par les investisseurs que ce lundi, Moody's a confirmé pour sa part la note suprême de la France avec une perspective stable. La semaine dernière, Fitch avait fait savoir qu'elle n'abaisserait pas la note de la France en 2012. Autre élément de nature à rassurer, la France n'a eu aucun mal à lever 8,59 milliards d'euros à court terme ce lundi après-midi à des taux en baisse et avec une forte demande des investisseurs.

Mais, au delà de la réaction de marché à court terme, l'enjeu de la dégradation de plusieurs pays de la zone euro par S&P pourrait se faire sentir plus tard dans la semaine. Selon les équipes d'Aurel BGC, "l'élément le plus important restera, cette semaine, la réaction du marché obligataire européen et surtout la demande des investisseurs aux prochaines émissions, notamment de la France. L'émission de la France jeudi sera d'autant plus scrutée par le marché qu'il s'agit de la seule opération à grande échelle de la semaine, avec une adjudication allemande, mercredi. La France espère lever 7,5 à 9,5 milliards d'euros, sur 178 milliards d'euros d'emprunts prévus en 2012. Les maturités seront de 2 à 28 ans".

Les analystes d'Aurel BGC estiment également que  "l'évolution des taux italiens sera aussi déterminante sur le marché secondaire. Même anticipé par les marchés, le jugement de S&P est sévère sur la zone. Ajouté à une actualité en Grèce peu favorable, la réaction des investisseurs pourrait être négative sur la zone euro cette semaine, malgré l'absence de violente réaction des marchés, à court terme, vendredi dernier. La volatilité du secteur bancaire resterait élevée."

Par ailleurs, la séance s'est déroulée dans un volume d'affaires très faible d'à peine 1,9 milliard d'euros. Les places américaines à Wall Street étaient fermées pour cause de jour férié. Aucune statistique macro-économique n'était par ailleurs attendue aujourd'hui de part et d'autre de l'Atlantique.

Sur le front des valeurs, la dégradation de la note de la France et les tensions sur la Grèce n'ont pas été sans conséquence dans un premier temps sur le compartiment financier. Mais rassurés par l'adjudication française, les investisseurs sont finalement revenus sur les valeurs bancaires. Société Générale prend 1,25%, BNP Paribas 1,62% et Crédit Agricole 1,05%.

Lanterne rouge du CAC 40 Lafarge (-2,51%) subit des pressions vendeuses après l'annonce par son concurrent Holcim de la comptabilisation d'une charge de 775 millions de francs suisses (641 millions d'euros) pour son quatrième trimestre 2011 en raison d'une demande en berne pour les matériaux de construction en Europe et aux Etats-Unis ainsi que pour la restructuration de ses activités en Afrique du Sud.

A contrario, le secteur automobile continue de faire l'objet d'achats à bon compte sur fond de recommandation positive de Goldman Sachs. Peugeot bondit de 4,17%, suivi de Michelin (+3,7%) et de Renault (+2,93%).

STMicroelectronics s'illustre en tête du CAC 40 avec un bond de 7,15%. Le titre confirme ainsi son excellent début d'année.

Accor (+1,9%) est aussi bien orienté. Le groupe pourrait créer une société foncière dans laquelle il regrouperait les murs des hôtels qu'il détient, à la demande de son principal actionnaire, Colony Capital, selon le quotidien Les Echos. Accor a réagi en annonçant qu'une telle opération n'était "pas d'actualité". La société indique néanmoins que " parmi les options concernant l'évolution de son reporting, le groupe réfléchit à mieux identifier la partie immobilière de la partie opérationnelle, dans le but unique de gagner en efficacité".

Du côté des changes, l'euro peine à revenir au-dessus de 1,27 dollar et évoluait à 1,2677 dollar. Par ailleurs, les cours de l'or noir continuent d'être bien orientés malgré les craintes sur l'évolution de la conjoncture mondiale : le Brent cotait 110, 40 dollars (+0,24%) le baril tandis que le WTI s'échangeait à 98,64 dollars (+0,59%).