Pourquoi Hong Kong va payer une petite fortune le London Metal Exchange

Vendredi, la Bourse des métaux de Londres (LME), très courtisée depuis septembre a choisi d'accepter l'offre de 1,4 milliard de livres de la Bourse de Hong Kong. Une offre jugée très attractive et qui lui permettra de renforcer sa présence en Asie.
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"La question est la suivante : y a-t-il un rapprochement réussi dans le secteur ? Pas à mes yeux. Et je n'évoque même pas le ratio de 58"...Cette déclaration d'un actionnaire de la Bourse de Hong Kong (HKEx) en dit long sur le scepticisme des investisseurs face au prix proposé par la plate-forme hongkongaise pour le London Metal Exchange (LME). HKEx, deuxième opérateur boursier mondial en termes de valorisation, a annoncé un prix de 1,4 milliard de livres pour acheter le LME, ce qui représente 58 fois son bénéfice ajusté. Selon les estimations de Credit Suisse, les dernières transactions dans le secteur des opérateurs boursiers s'est fait à un ratio prix d'offre/bénéfice de 37,4.

Un pont vers la Chine

La Bourse de Hong Kong a offert le meilleur prix, le LME - qui contrôle 80% des échanges de métaux dans le monde - étant également convoité par une quinzaine d'autres opérateurs boursiers, dont l'américain InterContinental Exchange, également spécialisé dans les matières premières, ou la Bourse de Singapour. Un tel rapprochement permettra à la Bourse de Hong Kong de prendre une place plus importante dans le trading des matières premières, tout en rapprochant la plateforme londonienne de la Chine, premier pays consommateur de métaux de base.
Dans un communiqué, la place de Hong Kong explique qu'elle va pouvoir "développer son offre en matière de (transactions de) matières premières et de diversifier ses sources de revenus". "L'acquision de LME Holdings représente une occasion unique pour nous de devenir d'un seul coup l'un des principaux acteurs du marché des matières premières", a déclaré le directeur général de HKEx, Charles Li. "Cela correspond à notre stratégie de nous étendre au-delà des actions et des dérivées d'actions", a-t-il ajouté, estimant que HKEx "a la capacité d'aider les activités du LME à grossir en Asie, notamment en Chine".

Vote des actionnaires du LME d'ici à fin juillet

Le LME, créé il y a 135 ans, avait indiqué fin mai avoir retenu deux offres de rachat, sans préciser les noms des candidats, mais la presse citait la place de Hong Kong et l'opérateur américain InterContinentalExchange (ICE). L'offre a été acceptée par le conseil d'administration du LME mais doit encore être soumise au vote des actionnaires, qui devrait intervenir d'ici fin juillet. Si les actionnaires donnent leur aval, ce qui n'est pas encore acquis, Hong Kong Exchanges & Clearing (HKEx) financera son acquisition grâce à sa trésorerie et à un emprunt de 1,1 milliard de livres.

Le conseil d'administration de LME s'est réjoui de cet accord. "ICE fait un très beau second et a livré une belle bataille, mais l'attrait de l'Orient l'a finalement emporté", a déclaré Michael Overlander, un des membres du conseil d'administration de LME qui a participé à la réception organisée par HKEx pour fêter la conclusion de l'accord, arraché après la clôture des marchés asiatiques.

Les difficiles rapprochements transfrontaliers

HKEx va désormais s'attacher à convaincre les actionnaires de LME, parmi lesquels figurent des banques comme Goldman Sachs et JPMorgan ou le géant des matières premières Glencore. Les réticences les plus importantes devraient toutefois venir des petits actionnaires, notamment les industriels dans le secteur des métaux, qui ont exprimé leur opposition à la vente du LME par crainte de voir son système de fonctionnement profondément modifié. La Financial Services Authority (FSA), le gendarme des marchés financiers britanniques, devra elle aussi donner son autorisation

 

Plusieurs tentatives de rapprochements transfrontaliers ont échoué en 2011, dont au premier chef la fusion NYSE Euronext -Deutsche Börse, mais aussi celle qui avait projetée entre le London Stock Exchange (LSE) et TMX , l'opérateur de la Bourse Toronto, ou encore le projet d'union entre SGX et ASX, l'opérateur des Bourses australiennes.

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Commentaire 1
à écrit le 18/06/2012 à 18:19
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Si des Goldman's ou JPM donnent leur accord à la vente du LME, c'est que ça n'est plus stratégique.. Pourtant, le controle du LME permet de couvrir / masquer le déficit impressionnant des stock or/ argent notamment en regard des ETF qui circulent.. A...

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