Alternext : les tops et les flops de 2012

Par Pascale Besses-Boumard  |   |  956  mots
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2012 aura été une année mouvementée pour ce marché des valeurs de croissance. Aussi bien au niveau des entrées et sorties des entreprises que des différentes évolutions boursières. La plus belle hausse a atteint 166%, et le plus gros flop 76%.

2012 n'a pas été de tout repos pour Alternext, le marché des valeurs moyennes de croissance d'Euronext. Ce compartiment de la cote a, en effet, été le centre d'une série d'opérations: 6 introductions, 4 transferts, 11 sorties suite à des OPA, retraits de la cote, liquidations ou transfert vers Euronext. Au total, ce marché compte aujourd'hui 160 sociétés contre 162 en 2011.
Un bilan pas vraiment positif. En outre, en 2012, l'indice Alternext a progressé de 8,8% (contre 15% pour le CAC 40), comme nous le présente dans une étude consacrée à ce marché Euroland Corporate. Pourquoi ces résultats alors que les valeurs moyennes ont pourtant globalement bien performé? A la décharge de ce marché des PME de croissance, il comporte très peu de valeurs financières à la différence du CAC 40. Et lorsque l'on sait que la performance 2012 des grands indices a surtout été générée par le vif rebond des valeurs bancaires et d'assurance, on comprend mieux cette tendance. Pour preuve, sur deux ans, l'indice Alternext affiche un léger gain de 0,7% quand l'indice phare parisien recule de 4,3%.
Parmi les valeurs particulièrement en forme l'an passé sur ce marché, trois champions: Cerep (+166,7%), Let's Gowex (+134,8%) et Genfit (+93,8%).

Les pharmaceutiques à l'honneur

Le premier, Cerep, est spécialisé dans le domaine de la découverte des médicaments. Les technologies de cette entreprise sont utilisées par plus de 500 sociétés pharmaceutiques. L'an passé, les investisseurs ont commencé par saluer le retour aux bénéfices opéré dès 2011. Mais c'est surtout le lancement en fin d'année d'une OPA d'Eurofins sur le groupe au prix de 2 euros pour un dernier coté de...1,08 euro qui a permis à la valeur de réaliser cette magnifique performance annuelle. Let's Gowex, de son côté, est un groupe de télécommunications espagnol. Il exploite notamment des réseaux Wifi dans les villes et les transports publics. Ils permettent aux usagers de se connecter librement à internet quelle que soit leur localisation. Activité particulièrement porteuse pour la société et qui représente d'ores et déjà 78% de son chiffre d'affaires. L'action a surtout performé sur la seconde partie de l'année après l'annonce de très bons résultats semestriels. La firme en a profité pour réaliser une augmentation de capital de 17,7 millions d'euros qui s'est très bien passée. Le titre fait l'objet d'une double cotation sur les places de Paris et Madrid (il est inscrit sur le Mercado alternativo bursatil, l'équivalent d'Alternext en Espagne). «Plusieurs éléments nous invitent à penser que le cours de l'action va continuer à s'apprécier en 2013. D'abord sa situation financière saine et sa récente levée de fonds donnent une confortable marge de manoeuvre à Let's Gowex pour financer de nouveaux projets. De plus, les résultats très satisfaisants depuis plusieurs années permettent à Let's Gowex de générer d'important cash-flows et supporter ainsi son développement à l'international», estiment les analystes d'Euroland Corporate.

Des perspectives 2013 plutôt encourageantes

Troisième et dernière belle histoire, celle de Genfit, société biopharmaceutique engagée dans la découverte et le développement de médicaments intervenant sur le diagnostic précoce. Les programmes sont menés en propre ou en partenariat avec les industriels de la pharmacie, parmi lesquels Sanofi. En 2012, Genfit a réalisé plusieurs augmentations de capital réservées à l'actionnaire de référence, Ya Global Master, pour l'équivalent de 4,5 millions d'euros. Le titre subit une forte volatilité au gré de l'avancée des différents programmes de recherche. «Compte tenu de ses ressources financières, du soutien de son actionnaire historique, YA Global Master, et du partenariat avec Sanofi, Genfit semble disposer des moyens nécessaires pour continuer le développement de ses programmes», soulignent les analystes.

Le photovoltaïque lourdement pénalisé

Côté perdants, trois groupes se distinguent tout autant: Solabios (-76,7%), Bionersis (-76,2%) et CRM Co Group (-59%).
Le premier, spécialisé dans la réalisation de centrales photovoltaïques dont il assure la construction, a pâti de nombreuses difficultés liées au secteur photovoltaïque freiné par les dispositions législatives apportées pour réguler et assainir la filière: baisse des tarifs d'achats, réduction des avantages fiscaux et moratoire de 3 mois sur les raccordements des installations photovoltaïques», précise Euroland Corporate. Du coup, Solabios est sous mandat ad hoc depuis mai 2012 et le cours est suspendu depuis septembre. Rendant les analystes très sceptiques sur le potentiel de redressement de l'entreprise.

Le sort réservé à Bionersis n'est pas plus réjouissant. Cette société est spécialisée dans la valorisation du biogaz généré par les décharges d'ordures ménagères. La société a pâti, elle aussi, d'un changement de paramètre dans la constitution de son modèle économique. En l'occurrence, la baisse des crédits carbone qu'elle revendait soit sur des marchés spécialisés soit à des industriels soumis à des quotas. Elle a dû ouvrir une procédure de sauvegarde en juillet 2012 pour renégocier une partie de son endettement. Depuis le 14 novembre, la cotation des titres est suspendue. Là encore, un possible redressement de l'action semble bien aléatoire.

Quant à CRM Co Group qui propose aux entreprises des prestations de conseil marketing, elle a subi de plein fouet le recul des budgets publicitaires. Recul qui s'est immédiatement répercuté sur ses résultats, en baisse sur la première partie de l'exercice 2012. La société a toutefois réussi à lever des fonds en milieu d'année (10,5 millions d'euros), opération qui lui a permis de réduire son endettement.
 

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