Et si les plus beaux jours de l'or étaient encore à venir ?

Par Pascale Besses-Boumard  |   |  1167  mots
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L'or est retombé sous la barre des 1.400 dollars, à son plus bas depuis un an dans un marché plombé par les inquiétudes sur la croissance, le possible resserrement de la politique de la Réserve fédérale américaine (FED) et la vente par Chypre de ses réserves de métal jaune. Mais, paradoxalement, l'idée d'acheter ce métal trouve à nouveau de plus en plus d'adeptes. Et il existe plusieurs façons d'investir dans la « relique barbare », comme le surnommait Keynes. Tour d'horizon.

Déjà désarçonnés par les errements exubérants des banques américaines empêtrées dans les subprimes, puis les nombreuses péripéties des États de la zone euro, malades de leur dette, et plus récemment par les inextricables difficultés de la Grèce et de Chypre, les épargnants ont bien du mal à se faire une religion sur l'avenir de la sphère financière. Et à l'heure où nombreux sont ceux qui se demandent si l'on ne va pas taxer en France, comme à Chypre, les dépôts bancaires, l'idée de placer l'or au centre de sa stratégie patrimoniale suscite à nouveau l'intérêt de quelques adeptes.
Valeur refuge par excellence, l'or rassure les esprits les plus craintifs. Et pour cause. Contrairement à la grande majorité des placements, hormis l'immobilier physique, le métal précieux a la particularité d'être tangible et de pouvoir être conservé chez soi ou dans un coffre, échappant ainsi à la manne bancaire. Un argument d'ailleurs largement mis en avant par les adeptes de la « relique barbare », comme le surnommait Keynes.

Production mondiale en baisse et ... prix en hausse

Quelle que soit sa forme, l'investissement dans l'or évolue au rythme des variations du prix de l'once fixé chaque jour à Londres, et force est de constater que l'once a connu ces douze der-nières années une progression quasi ininterrompue. Irrésistible ascension pourtant stoppée net il y a près d'un an, l'once se négociant aujourd'hui aux alentours de 1400 dollars après avoir valu jusqu'à 1920 dollars au plus haut. Ce repli est-il l'annonce de la fin d'un cycle, comme l'évoquent certains analystes? D'autres réfutent ce pessimisme. Et d'énumérer, pour étayer leur thèse, la vigueur de la demande chinoise, les difficultés des mines d'or ou l'appétit des banques centrales.
La demande en provenance de la Chine, mais aussi de l'Inde, figure, en effet, parmi les éléments les plus porteurs pour la valorisation du métal jaune. Premier producteur mondial d'or, avec 361 tonnes par an, la Chine vient de libéraliser l'achat du métal précieux. Le pays est également gros consommateur de ce métal pour son industrie. Pendant ce temps, les groupes miniers se battent avec des coûts d'extraction toujours plus élevés, assortis de problèmes sociaux. Résultat : dans un contexte de repli des prix de l'once, nombre de mines ferment leurs portes ou s'apprêtent à le faire, réduisant la production mondiale (de l'ordre de 2600 tonnes par an). Et qui dit offre en baisse, dit hausse des prix. Enfin, la demande des banques centrales n'a jamais été aussi importante. Il faut dire que ces grands argentiers sont très occupés actuellement à éteindre le feu d'un endettement mondial quasi insoutenable. Pour soulager le système financier, ils ont entamé une vaste opération d'acquisition de titres de dettes souveraines et hypothécaires. Affaiblissant par la même occasion la valeur des devises mises dans le circuit. Pour se couvrir du risque inflationniste, ils achètent donc massivement de l'or pour le placer dans leurs réserves de changes. Ils ont ainsi acheté 437 tonnes d'or (net) en 2011, 536 tonnes en 2012, soit un record depuis 1964. Et cette tendance devrait se poursuivre sur 2013.

Des formules d'achats par abonnement

Pour ceux qui sont convaincus de l'opportunité de se positionner au moment où le métal précieux connaît justement un moment de faiblesse, il existe trois façons efficaces de s'investir.

La plus simple est donc d'acheter de l'or physique. Pour cela, il existe de nombreuses boutiques. L'avantage est que vous voyez ce que vous achetez. Un point essentiel pour l'acquisition de pièces qui valent aussi par leur aspect. En revanche, difficile de savoir sur quelle base se fondent ces professionnels pour fixer le prix de rachat. De même ont-ils tendance à vous facturer d'oce la taxe de 8% qu'implique un tel achat, alors que vous avez normalement le choix d'opter pour l'imposition à 34,5% sur les plus-values. Option judicieuse si vous placez cet investissement dans le temps, l'imposition sur les plus-values tombant après douze ans de détention. Elle commence même à se réduire (de 10%) au terme de trois ans de détention. Vous pouvez aussi passer par la filiale de CPR spécialisée dans l'or, CPoR, établissement financier qui centralise l'essentiel des transactions sur le métal jaune en France. Il offre la possibilité de conserver les achats dans des conditions sécurisées et multiplie la commercialisation de produits innovants, comme ces « lingotins » de 20, 10 et 5 grammes.

Il existe également des plates-formes sur Internet, comme celle d'aucoffre.com. Ce site propose d'acheter et de vendre tout type d'or physique et de le conserver dans des coffres situés en France mais aussi en Belgique et en Suisse. « Je recommande plus particulièrement l'achat de pièces qui se négocient plus facilement avec des primes par rapport à la valeur intrinsèque du poids de l'or dont elles sont constituées, les lingots et barres n'offrant pas la même opportunité », précise le patron du site, Jean-François Faure qui facture 3% de frais à l'entrée (sous réserve de souscrire un abonnement) et des droits de garde de 5 euros par mois et par 200 grammes de métal détenus en France et en Suisse (3 euros en Belgique). Dans le même genre, le site pieces-or.com propose d'acheter de l'or et de l'argent via des formules d'abonnement à partir de 30 et 46 euros par mois. Là aussi, il faut payer des frais et des droits de garde. Attention toutefois si vous passez par Internet. Prenez toutes les informations nécessaires pour savoir à qui vous avez affaire (ancienneté, actionnariat, détails sur la mise en coffre de vos avoirs, frais...).

La fameux SPDR GOLD TRUST : + 12% sur trois ans

Pour ceux qui souhaitent s'en remettre à l'expérience de professionnels de la gestion, il est également possible de compter sur la gamme des Sicav et FCP plus spécialement dédiés aux métaux précieux. Les performances de ces produits sont à la mesure de celles de l'once depuis plus de dix ans. Ils ne sont pourtant pas totalement corrélés puisqu'ils couvrent souvent plusieurs matières premières et intègrent les performances de groupes miniers aux bénéfices pas toujours linéaires. Avec toutefois cet avantage de mutualiser les risques.
Quant à ceux qui préfèrent des produits purs et liquides, il y a les ETF ou trackers, ces FCP qui se négocient comme des actions et reproduisent des indices. Dans cette famille, on retrouve le fameux SPDR Gold Trust proposé par State Street, le plus gros détenteur au monde d'or du haut de ses 62,7 milliards de dollars d'actifs. Compte tenu de la récente faiblesse des cours de l'or, cet ETF perd 4,6% sur un an mais progresse de plus de 12% sur trois ans.

 

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