Bourse : est-il encore temps, et pertinent, de passer à l'action ?

Par Rachel Montero  |   |  1017  mots
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Depuis plusieurs mois les marchés actions en Europe sont orientés à la hausse alors que les économies s'enfoncent dans la récession. Selon les spécialistes, dopés par la politique des banques centrales, ils devraient poursuivre sur leur élan. Les particuliers qui souhaitent revenir vers les actions doivent le faire avec prudence.

L'indice Eurostoxx 50, qui reflète les principales entreprises européennes, a gagné, depuis le mois de janvier, 6,48 % (à la mi-mai), et 29% sur un an. Cette évolution n'est d'ailleurs par propre à l'Europe. Aux États-Unis, les marchés actions ont dépassé leurs plus hauts historiques dans un contexte économique, certes meilleur, mais guère mirobolant. Pourtant, ce paradoxe ne semble pas effrayer les opérateurs de marché qui anticipent une poursuite de la hausse dans les prochains mois. L'explication serait à rechercher du côté des facteurs techniques, mais aussi des fondamentaux. Les marchés actions sont en effet soutenus par les politiques monétaires très accommodantes des banques centrales aux États-Unis, au Japon et en Europe, qui maintiennent des niveaux de taux d'intérêt proches de zéro, ce qui se traduit par une baisse des rendements servis sur l'obligataire.

« Une partie de la hausse des marchés actions provient de l'absence de rendement sur les autres classes d'actifs, de nombreux actifs dits "sans risque" comme les obligations souveraines affichent en effet des taux d'intérêt réels négatifs », précise Igor de Maack, gérant chez DNCA Finance. Ce différentiel est notamment alimenté par des dividendes élevés et récurrents versés sur les actions. « En moyenne, les dividendes versés sur les actions du CAC 40 sont de 4%, les investisseurs peuvent ainsi bénéficier de ce rendement annuel qui s'ajoute à la hausse attendue des valorisations », note Igor de Maack.

"Les marchés sont en avance sur les cycles..."

Mais la hausse des actions ne se fait pas seulement par défaut. « Il ne faut pas oublier que les marchés actions exposent les investisseurs à la croissance mondiale ; de ce fait, les indicateurs de référence des marchés ne représentent pas uniquement la situation domestique. Par ailleurs, les marchés sont en général en avance par rapport au cycle économique, ils redémarrent donc avant que le point bas ne soit atteint », analyse Igor de Maack. Le dernier argument en faveur des actions réside dans leur valorisation. Ayant été délaissées, voire vendues par les investisseurs jusqu'à l'été dernier, leurs cours, notamment en Europe, sont relativement bas. « La hausse des marchés actions aux États-Unis s'inscrit dans une période où la croissance des bénéfices a été historique. Elle a atteint les 150% sur dix ans contre 90% sur la même période pour les marchés actions. Par conséquent, y compris sur les marchés où les valorisations sont les plus élevées, elles demeurent attractives », souligne Marc Craquelin, directeur de la gestion de Financière de l'Échiquier.

Par ailleurs, dans ce contexte favorable, un rattrapage entre les zones géographiques et les secteurs les plus chahutés et les autres est en marche. Selon les données collectées par Morningstar, les fonds actions grecs, par exemple, ont délivré une performance de + 70 % sur un an. De même, les fonds investis sur les actions du Portugal ainsi que ceux dédiés au secteur financier ont gagné plus de 30% sur un an.

Toutefois, aucun conseiller en gestion de patrimoine ne proposera aux particuliers, pour des raisons évidentes liées aux risques, de placer leurs économies dans des fonds investis sur les actions grecques. En revanche, certains secteurs encore en retrait par rapport aux autres peuvent constituer des opportunités d'investissement. Il s'agit principalement des secteurs exposés à la conjoncture européenne qui pourraient bénéficier de ce nouvel environnement favorable. Comme, parmi les plus cités, la finance, la pharmacie ou encore les télécoms.

« Depuis l'été dernier, on assiste à un début de rééquilibrage entre les valeurs exposées à la croissance et celles qui sont dites "décotées" », précise Marc Craquelin. Cette approche opportuniste concerne les épargnants les moins allergiques aux risques. Pour les autres, deux options sont possibles. La première consiste à investir en sélectionnant des thématiques qui portent sur des tendances de long terme et devraient donc générer du rendement à terme. Cette approche est d'autant plus pertinente qu'elle s'inscrit dans des enveloppes fiscales comme l'assurance-vie ou encore le PEA, dont les durées de vie sont d'au moins huit ans.


Les fonds patrimoniaux offrent plus de latitude

« La hausse de la consommation dans les économies émergentes constitue une des thématiques fortes sur lesquelles nous investissons, précise Marc Craquelin. Le thème du vieillissement de la population nous semble également majeur pour les prochaines années. » Des fonds sont d'ailleurs conçus exclusivement sur ces thématiques comme CPR Silver Age. Ce fonds, investi sur les valeurs liées au vieillissement de la population, affiche une performance de hausse de 26% sur un an, contre 18% pour son indice de référence le MSCI Europe.

La deuxième méthode consiste à sélectionner un fonds d'allocation, appelé parfois aussi fonds flexible ou fonds patrimonial, dans lequel le gérant pilote l'exposition aux marchés actions en fonction des risques. Ces fonds délivrent pour les meilleurs d'entre eux des performances très honorables.

Ainsi, la performance des dix meilleurs fonds sur un an selon Morningstar se situe-t-elle dans une fourchette comprise entre 32 % et 21 %. On retrouvera parmi les fonds les plus performants des gérants réputés pour leur gestion de convictions comme Rothschild & Cie Gestion, Lazard Frères Gestion, DNCA Finance ou encore Rouvier Associés. Ces fonds affichent d'ailleurs une performance assez proche de celle des fonds actions grandes capitalisations européennes, investis sur des valeurs exposées à la croissance mondiale, tout en prenant des risques plus mesurés (voir tableau ci-dessus).

Une condition est cependant requise : ces fonds doivent pouvoir utiliser tout leur potentiel. « Il convient de sélectionner les fonds patrimoniaux qui laissent le plus de latitude aux gérants afin de coller à l'évolution des marchés et de pouvoir saisir les opportunités », conseille Vincent Guenzi, stratégiste chez Cholet Dupont.

 

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