Trois malentendus sur les banques centrales depuis la crise

Depuis les premières semaines de la crise financière, les banques centrales mondiales sont intervenues massivement sur les marchés financiers pour restaurer la confiance et le circuit du crédit. Les actions d'assouplissement quantitatif des banques centrales ont conduit Ê une augmentation vertigineuse des bilans dans les pays développés, avec par exemple une multiplication par trois de celui de la Banque Centrale Européenne (BCE).

Bien que l'action des banques centrales soit saluée partout dans le monde, cet interventionnisme a engendré quelques malentendus qu'il convient d'éclaircir afin de ne pas se tromper sur la nature exacte et les conséquences des mesures de politique monétaire.

1. La course à l'inflation

Il fut souvent reproché, depuis le début de la crise, notamment par certains cercles économiques, que le processus d'expansion des bilans des banques centrales ne soit inflationnistes. Cependant, cette interprétation est largement erronée puisque si l'on regarde le cas de la zone euro, par exemple, on note que l'évolution des agrégats monétaires larges, c'est-Ê -dire ceux qui importent pour l'inflation, sont stables.

Au demeurant, les banques centrales ont conservé très largement leur capacité d'agir en cas de regain soudain de l'inflation, ce qui n'est pas le cas à en juger par l'évolution dans de nombreux pays de l'indice des prix Ê la consommation et de l'indice des prix à la production.

2. Le financement monétaire des Etats

En Europe, notamment du côté allemand, on a souvent accusé la BCE de permettre un financement monétaire des Etats. Le fameux programme OMT, qui a jusqu'à présent réussi très largement Ê rassurer les marchés financiers, est ainsi mis en cause par la Bundesbank. Cependant, c'est oublier que la BCE respecte clairement le traité qui a institué l'Eurosystème et qui interdit d'acheter des obligations étatiques sur le marché primaire. Aucune banque centrale, ni la FED ni la Banque d'Angleterre, ne le fait. La BCE ne va pas déroger à cette règle puisque son intervention dans le cadre du programme OMT se fera sur le marché secondaire, respectant ainsi étroitement la législation européenne.

3. La remise en cause de l'indépendance des banques centrales

Lié en partie à l'argument précédent, les contempteurs de la politique monétaire européenne menée par Mario Draghi ont souvent souligné que l'indépendance de la BCE est remise en cause du fait de la crise et que ses interventions sont en partie la réponse à des pressions politiques. Cependant, c'est oublier que la BCE a un processus décisionnel très largement indépendant du pouvoir politique, ce qui n'est pas le cas de la Banque du Japon. Mais, même au Japon, les interventions prises restent dans le cadre de la politique monétaire et des mesures nécessaires à prendre pour relancer l'activité. C'est donc souvent un faux procès qui est fait aux banques centrales concernant la remise en cause de leur indépendance.

La vraie problématique à l'heure actuelle pour les banques centrales des pays avancés est de faire face aux "rendements décroissants" des mesures de politique monétaire non conventionnelles. Pour faire simple, la théorie stipule que la croissance des bilans des banques centrales et le bas niveau des taux d'intérêt créent des déséquilibres potentiels dans le secteur financier. Au-delà d'un certain seuil, qui est difficile à définir, le coût potentiel lié à ces déséquilibres l'emporte sur les bénéfices à court terme pour l'économie. D'où les discussions, notamment aux Etats-Unis actuellement, sur une sortie progressive des mesures d'assouplissement monétaire.

C'est le principal défi pour les banques centrales dans les mois et les années à venir, afin d'empêcher des effets indésirables sur l'allocation du capital qui aurait pour conséquence d'entraver le retour à la normale de l'activité économique.

 

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