Raz-de-marée antisystème en Italie : les valeurs bancaires et Mediaset (Berlusconi) tanguent en Bourse

Par latribune.fr  |   |  469  mots
(Crédits : Reuters)
L'Italie est à nouveau plongée dans l'incertitude politique après les élections législatives, la Bourse de Milan restant cependant globalement calme. Ceux qui ont encaissé le gros de la bourrasque : l'empire Mediaset, qui chute de -6,82% après la perte du leadership de la droite par son propriétaire Silvio Berlusconi ; et, les banques, déjà fragilisées depuis 2016 par le poids des créances douteuses, plongent avec l'envol des forces anti-système, eurosceptiques et d'extrême-droite.

Les forces antisystème, eurosceptiques et d'extrême-droite ont réalisé dimanche une percée historique en Italie, devenant majoritaires en voix et en sièges, ce qui plonge le pays dans l'incertitude politique. Néanmoins, les marchés avaient largement anticipé cette situation, et après ouvert en recul de -2%, la Bourse de Milan s'est tout de suite reprise. A la mi-journée, elle cédait 0,62% à 21.777 points. Le marché dans son ensemble restait plutôt stable.

Néanmoins, certains ont pris la bourrasque de plein fouet. Ce lundi matin à la Bourse de Milan, les valeurs bancaires et le groupe Mediaset de Silvio Berlusconi étaient en berne.

Berlusconi perd le leadership de la droite

La plus forte baisse était enregistrée par Mediaset (-6,82% à 2,898 euros), groupe appartenant à la famille du magnat Silvio Berlusconi, qui a perdu dimanche pour la première fois le leadership de la droite.

Les autres reculs les plus importants étaient à signaler du côté des banques: BPER Banca cédait 6,18% à 4,583 euros, Banco BPM 4,68% à 2,915 euros, Ubi Banca 3,75% à 3,701 euros, Intesa Sanpaolo 1,51% à 2,961 euros.

Les banques italiennes dans l'oeil du cyclone depuis 2016

Les banques italiennes ont été dans l'oeil du cyclone en 2016 et 2017 en raison du poids des créances douteuses (des prêts risquant de ne jamais être remboursés) dans leur bilan, de leur éparpillement (près de 700 établissements différents) et de leur manque de solidité.

La situation s'est depuis apaisée. UniCredit a par exemple renoué avec les bénéfices en 2017, en engrangeant 5,47 milliards d'euros, contre une perte monstre de 11,79 milliards d'euros l'année précédente. Mais certaines banques restent fragiles, comme la BMPS, qui cédait 2,75% à 3,04 euros.

Le risque politique de l'enlisement

Le plus grand risque est l'enlisement des négociations pour former un gouvernement, aucune des forces politiques ne semblant en mesure de dégager une majorité claire.

"La perspective d'une période prolongée d'incertitude politique risque de peser sur la reprise (économique) en cours" en Italie, déjà fragile, a ainsi estimé Nicola Nobile, d'Oxford Economics.

Du côté des taux d'intérêt, celui à dix ans se tendait légèrement à 2,015% vers 11h00 GMT, contre 1,970% vendredi.

Le spread --l'écart entre le taux à 10 ans italien et le Bund allemand-- a grimpé à 144 points en début de matinée --contre 134 vendredi soir --avant de se replier à 137.

"Les banques sont les titres les plus sensibles aux mouvements du spread et pourront en subir l'impact à court terme", ont commenté les analystes de Crédit Suisse.

Une crise politique à relativiser

"La beauté de l'Italie, c'est que peu importe l'instabilité politique, la stagnation économique a été la norme au cours des vingt dernières années et le résultat d'hier soir ne va très certainement rien changer à cela", a relativisé Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.