Le management au féminin, une réalité d'aujourd'hui

Par latribune.fr  |   |  667  mots
Le parcours de Marie-Laure Pochon, patronne de la filiale française de Lundbeck un important laboratoire pharmaceutique danois, montre les points qui soucient les dirigeantes, alors que la féminisation de la fonction cadre avance à grand pas.

Les salaires des femmes cadres des grandes villes des Etats-Unis sont désormais supérieurs à ceux de leurs collègues masculins, selon une étude américaine, publiée fin 2008 par le chercheur américain Andrew Beveridge, et réalisée à partir de données datant de 2005. Un signe clair que les femmes cadres désormais occupent désormais les premières places dans les grandes entreprises. Ce devrait être une réalité en Europe dans les prochaines années. En France déjà, la catégorie cadre est en voie de féminisation accélérée. Mais comment se vit le management au féminin ? Réponse en quatre points avec Marie-Laure Pochon, directeur général de la filiale française de Lundbeck, un important laboratoire pharmaceutique danois.

- Le respect de l'équilibre vie privée-vie professionnelle

C'est une nécessite pour Marie-Laure Pochon pour les autres et pour elle-même. Parfois même alors qu'on lui prédit que cette règle cassera sa carrière. Cette brillante ingénieur, diplômée du MBA d'HEC a toujours travaillé à Paris et toujours pour des entreprises non françaises. Un moyen de concilier une carrière de dirigeant qui, désormais ne passe que par l'international, et le pacte conclu avec son mari. « Ne jamais nous expatrier et malgré tout réussir nos vies professionnelles. Voilà la décision que nous avons prise avec mon mari, il y a 25 ans », explique Marie-Laure Pochon. A tel point qu'elle a « refusé de prendre la direction d'une filiale de Pfizer hors de France. Un départ aurait cassé trop de vies ». Moyennant quoi, elle part dans d'autres pays pour des séjours courts de un jour à une semaine. « Un dirigeant doit se déplacer pour prendre sa part aux processus décisionnels », explique-t-elle. Cela ne l'a pas empêché d'être désignée le meilleur dirigeant de filiale de Lundbeck en 2008.

- Trouver les bons cheminements professionnels
Le refus de prendre la direction d'une filiale du grand laboratoire pharmaceutique aurait dû briser la carrière de Marie-Laure Pochon. Il n'en a rien été. Elle a trouvé d'autres cheminements professionnels. Elle parie sur ce qui était la petite filiale française d'un modeste laboratoire allemand. Elle en prend la direction, s'implique totalement dans le développement de cette entreprise. « J'ai développé le business comme s'il était le mien », explique-t-elle. Pari gagnant. Le cours de bourse du labo était à 8 euros lorsqu'elle est recrutée en 1999. Il atteint 92 euros en 2006.

- Des ressources humaines sous le signe du gagnant-gagnant
« Les rapports dans l'entreprise doivent fonctionner sous le signe du gagnant-gagnant, c'est-à-dire une solution qui satisfait un maximum de partenaires », explique Marie-Laure Pochon. sous le signe de l'équité interne. Alors que la crise gronde, Marie-Laure Pochon annonce le 26 février une participation 2008 qui atteint le double de celle distribuée en 2007. Cette politique sociale de bon aloi qui se traduit par la signature d'un accord social salarial qui prévoit une augmentation salariale de 4% pour 2009, en pleine période de crise. Comme en 2008. Et la filiale française a été désignée comme la plus performante du groupe pour 2008 avec un profit opérationnel en hausse de 48%. « Quant tout va bien, il est juste que les salariés reçoivent la récompense de leurs efforts », constate Marie-Laure Pochon.

- Un management global

« Les femmes ont une vision systémique du management, moins séquencée que celle des hommes », souligne Marie-Laure Pochon. C'est avec cette conviction qu'elle a mis en place en 2007 une nouvelle organisation pour l'entreprise. Plus de business unit totalement autonomes qui font ressembler la filiale à deux laboratoires indépendants, mais une seule et unique organisation qui avance dans le même sens. Et à côté, opérationnels et fonctionnels, qui, auparavant, bénéficiaient de conditions de travail très différentes ont vu leur statut s'harmoniser. Marie-Laure Pochon explique : « Les décisions doivent se prendre en envisageant leurs conséquences globales ».