Femmes dirigeantes : un autre regard face à la crise

Le Club EMLyon au féminin a organisé le 15 juin une rencontre autour de deux femmes d'exception, aujourd'hui en première ligne face à la crise: Isabel Marey-Semper, ex-directrice financière et de la stratégie du groupe PSA Peugeot Citroën, et Isabelle Santenac, responsable monde des activités d'audit d'Ernst & Young.

Isabel Marey-Semper:
Docteur en neuro-pharmacologie, normalienne et titulaire d'un MBA du Collège des ingénieurs, Isabel Marey-Semper a été directeur du plan et de la stratégie chez Saint-Gobain, et directeur des opérations de la division propriété intellectuelle et licences, avant d'entrer chez PSA Peugeot Citroën début 2007. Ex-Directrice financière et de la stratégie du groupe, elle siège par ailleurs au conseil d'administration et au comité d'audit de Nokia.
« Persévérance et bienveillance sont des caractéristiques plutôt féminines qui peuvent d'avérer très utiles en période de crise », estime-t-elle. Exemple avec le « stop & start », un système de mise en veille automatique du moteur en cas d'arrêt d'un véhicule. « Après un premier échec il y a quelques années, elle avait été mise de côté, explique Isabel Marey-Semper. Convaincue de son potentiel, je me suis battue avec l'équipe d'innovation pour qu'elle soit prochainement remise sur le marché ».
Autre atout des femmes dirigeantes pour les entreprises: le doute. « Comme nous avons tendance à nous remettre sans cesse en cause, nous sommes souvent à même de lancer des hypothèses qui n'avaient pas été examinées auparavant, juge Isabel Marey-Semper. Un ego moins fort nous permet également de nous entourer plus volontiers de gens compétents ».
Selon la directrice financière et de la stratégie de PSA Peugeot Citroën, les dirigeantes ont en revanche à gérer une plus grande sensibilité que les hommes. « Elles sont moins préparées que ces derniers à prendre des coups, et plus sensibles aux coups qu'elles prennent », estime-t-elle.

Isabelle Santenac:
Diplômée de l'ESCP, expert-comptable, puis commissaire aux comptes, Isabelle Santenac a démarré sa carrière chez Arthur Andersen, dont elle est devenue associée en 1997. Elle rejoint Ernst & Young au même titre en 2002, et devient responsable monde des activités d'audit en janvier 2008. Un poste basé à Londres. « Outre la ténacité, la capacité à mettre en confiance, assez typiquement féminine, est un atout en période de crise, juge-t-elle. Il est alors essentiel que les gens puissent se parler franchement, sans arrière-pensée politique ». Pour Isabelle Santenac, les femmes savent d'ailleurs mieux que les hommes poser les sujets sur la table. « En particulier ceux qui dérangent », précise-t-elle.
Moins frontales que les hommes, les femmes font également de bonnes négociatrices. « Nous sommes parfois plus à même de faire un pas de côté pour parvenir à un compromis », observe Isabelle Santenac, pour qui les dirigeantes sont aussi plus soucieuses d'éthique. « Vous ne voyez pas beaucoup de femmes parmi les individus accusés de fraude ou critiqués pour avoir quitté une entreprise en difficulté avec un parachute doré ».
Avec la crise, Isabelle Santenac craint cependant que les progrès réalisés ces dernières années par les entreprises en matière de diversité ne marquent le pas. « Les difficultés risquent de susciter l'envie, chez les dirigeants, d'en revenir aux « valeurs sûres » et de se retrouver entre soi, sans éléments perturbateurs. Autrement dit sans trop de femmes, ni de minorités culturelles ou ethniques. Ce qui est dommage car la diversité est une source de richesse pour les entreprises ».
 

 

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