Partir à l'étranger pour mieux revenir

Par Sylvie Laidet  |   |  872  mots
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Les jeunes diplômés rêvent de parcours « worldwide ». Excellente idée, mais pour que leur début de carrière soit payant, ils ne doivent pas se leurrer sur le statut d'expatriés. Et savoir préparer leur retour.

Près d'un tiers des étudiants de l'Edhec débute leur carrière à l'étranger. Selon le cabinet Intelfi, plus de 250?000 jeunes ayant moins de cinq ans d'expérience travailleraient actuellement à l'international. Et d'année en année, ces chiffres ne cessent d'augmenter. Sans doute parce que durant leur formation les jeunes goûtent davantage à l'international. Mais aussi parce qu'ils sont conscients que « l'étranger, ce n'est pas loin mais simplement ailleurs » comme aime le répéter Manuelle Malot, directrice Carrière et prospective de l'Edhec. Du coup, même en début de carrière, ces jeunes s'expatrient. « Attention, ils s'expatrient au sens littéral du terme et pas au sens juridique », avertit d'emblée Jacques-Olivier Meyer, directeur général d'IntelFi, cabinet de conseil en RH internationales. Pas question pour eux de partir avec le package de l'expatrié réservé aux cadres expérimentés (mais de plus en plus rare). Les jeunes diplômés ont en effet le choix entre deux statuts bien moins avantageux. Soit ils prospectent sur place, décrochent un job localement et signent un contrat de droit local. Soit ils optent pour un volontariat international en entreprise (VIE). Chacune de ces solutions présentant des avantages et des inconvénients.

Contrat local égale droit du travail local
Un contrat de droit local signifie que vous signez avec une entreprise française ou étrangère implantée à l'étranger. Le recrutement se fait directement dans le pays visé : potentiellement, les offres d'emplois sont plus nombreuses. Mais attention, qui dit contrat local dit réglementation, droit de séjour, droit du travail local. Idem en termes de rémunération. Le niveau de salaire dépend du niveau en vigueur sur le marché de l'emploi local. Évidemment, cela varie d'un pays à l'autre. En Inde, un ingénieur sera moins bien payé qu'en France, mais la différence du coût de la vie lui permettra de mieux vivre que dans l'Hexagone. « Si l'entreprise locale à un lien avec la France, une filiale par exemple, le jeune diplômé peut essayer de négocier un statut qui inclurait par exemple le paiement des cotisations retraite à l'étranger », conseille Jacques-Olivier Meyer. Pour cela, il faut se faire connaître auprès de la DRH France sans froisser la DRH locale. Donc faire preuve de diplomatie.

Un VIE sous conditions
Autre alternative très prisée des jeunes diplômés et des entreprises : le VIE (Volontariat international en entreprises). Depuis sa création en 2000, ce dispositif a séduit 32?000 jeunes et plus de 3?800 employeurs. Le principe est simple : les jeunes diplômés âgés de 18 à 28 ans partent en mission à l'étranger pour le compte d'entreprises cherchant à renforcer leur présence localement. Ces missions, entre six et vingt-quatre mois, peuvent porter sur des études de marché, le développement d'un réseau commercial, un support technique... Chaque mission fait l'objet d'un contrat, non pas avec l'entreprise, mais avec l'agence Ubifrance qui dépend du secrétariat d'État au commerce extérieur. Côté rémunération, rien de mirobolant. Comptez sur un forfait de 660 euros plus une partie variable selon le niveau de vie dans le pays d'accueil. Le VIE bénéficie d'une couverture sociale et cotise pour sa retraite. Mais le VIE permet-il d'obtenir un emploi durable. Selon la dernière enquête d'UbiFrance, 88?% des VIE ont décroché un job dans l'année suivant la fin de leur mission. 78?% dans les quatre mois.

Plus de postulants que d'élus
Mais quel type de job?? On sait juste que 42?% des VIE ont accepté un poste dans leur entreprise d'accueil. En revanche, une chose est sûre : près d'un ancien VIE sur deux travaille toujours à l'international. Toutefois, même si le gouvernement entend mettre les bouchées doubles sur le VIE (10?000 VIE d'ici la fin de l'année), il y a toujours plus de candidats que d'élus. Début septembre, le site centralisant les VIE comptait plus de 77?000 candidats pour 1?900 offres de VIE. Certes, le VIE est plus protecteur socialement, mais il concerne encore peu de jeunes.
Être passé par la case VIE peut-il être un accélérateur de carrière?? Selon UbiFrance, le salaire d'embauche des anciens VIE est sensiblement supérieur à celui des autres jeunes diplômés, soit un peu plus de 44?000 euros bruts par an. Un chiffre qui laisse songeurs certains observateurs du marché de l'emploi selon lesquels la qualité des VIE est très inégale. Pour Jacques--Olivier Meyer, « une expérience à l'étranger est porteuse pour une carrière à condition d'occuper un poste valorisable en France dans les trois ans ».

Infos pratiques
? Maison des Français à l'étranger, www.mfe.org
? Union des Français de l'étranger, www.ufe.org
? Cadrexport, des offres et des conseils pour trouver un job à l'étranger, www.cadrexport.com
? Centre d'information et de documentation jeunesse, espace international, www.cidj.com
? Association des Français à l'étranger, www.francais-du-monde.org
? Ubifrance, pour trouver une offre en VIE ou postuler, www.civiweb.com
? Association pour l'emploi des cadres, quelques fiches par pays, www.apec.fr
? Le guide du retour en France 2011, à télécharger gratuitement sur www.cadrexport.com/spip/Le-guide-Le-retour-en-France-devient-gratuit.html