"Nous préférons recruter dans les écoles bien classées dont le cursus rassure nos clients"

Par L. P.  |   |  597  mots
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Entretien avec Isabelle Grevez, directrice du recrutement de PwC

Regardez-vous les classements des écoles et qu?en faites-vous ?
Nous les regardons avec du recul. Ce n?est pas parce que le classement est modifié à la marge que cela change quoi que ce soit pour nous, car nous savons que les classements sont sensibles aux critères utilisés. Par exemple, les classements internationaux donnent- beaucoup d?importance à la recherche, ce qui n?est pas un critère pour nous. Cependant, les classements sont des marqueurs du marché, car tous les acteurs, dont les étudiants, les regardent avant de choisir leur école. Il nous arrive de tester de nouvelles formations ou des écoles différentes. Dans ce cas, nous embauchons des diplômés d?établissements qui ne sont pas notre cible initiale. S?ils correspondent à nos métiers, nous multiplions nos recrutements dans ces écoles. C?est l?expérience qui, en définitive, détermine notre choix.

En isolant les écoles du haut des classements, estimez-vous qu?il existe de grandes différences entre les écoles (de commerce et d?ingénieurs) ?
Certaines écoles sont plus tournées vers le marketing, d?autres davantage vers la finance? Parce que nous sommes- PwC, cabinet d?audit et de conseil, nous recrutons plus facilement des diplômés issus d?une formation finance. Ce qui ne nous empêche pas de recruter des personnes issues d?autres formations, et qui savent nous convaincre de leur motivation et de la cohérence de leur choix. Il existe de nombreuses différences entre les écoles-, notamment de commerce et d?ingénieurs. Les ingénieurs sont généralement moins formés aux techniques de l?entretien, mais leur profondeur et capacité d?analyse ne se retrouvent pas chez tous les candidats issus d?écoles de commerce.

Préférez-vous recruter les élèves des écoles bien classées ? N?avez-vous pas peur d?uniformiser vos recrutements ?
On trouve de très bons candidats dans toutes les écoles, mais nous préférons recruter dans les écoles bien classées, dont le cursus rassure nos clients.
Nous ne craignons pas l?uniformisation, d?une part parce que toutes les grandes écoles ont élargi leur recrutement hors du cursus classique post-prépa. D?autre part, aujourd?hui, les établissements comptent 30 % d?étudiants de nationalité étrangère. Cela résonne chez nous, puisque chez PwC France nous recensons plus de 50 nationalités différentes dans nos effectifs. Nous avons aussi recruté, avec l?opération Phénix que nous avons lancée il y a cinq ans, 150 diplômés au profil littéraire.

Prenez-vous en considération l?ouverture internationale des écoles ?
La dimension internationale est essentielle pour nous : nous avons de nombreux clients internationaux, donc le fait que le candidat ait une véritable expérience à l?étranger est un plus fantastique. Les étudiants partis dans un autre pays ont dû prouver leur agilité à se mouvoir dans un environnement qui n?est pas le leur, tout en s?exprimant en anglais. Ce sont des compétences clés pour nous qui avons des métiers de consultant, avec l?obligation de nous adapter à chacun de nos clients.

Les classements vous servent-ils à élaborer une grille de salaire pour les jeunes diplômés ?
Il faut savoir qu?il existe un salaire déterminé par le marché, par grande catégorie d?écoles. Nous nous alignons donc sur ce salaire. Cependant, chez PwC, ces différences sont vite supplantées et seuls le niveau et la performance- du candidat déterminent sa rémunération au bout de quelques années