Raisons et sentiments

Chaque semaine, découvrez les chroniques sur la vie au bureau réalisée par Sophie Peters. Anecdotes, conseils, expériences : pour sourire mais aussi mieux se sentir dans son job.

 

Difficile de se sentir motivé par les temps qui courent. Non seulement il fait gris et froid. Mais en plus le terrorisme gronde et la crise économique fait rage. Il va bien falloir trouver des sujets de réjouissance, car à ce train-là nous allons tous passer Noël sous Prozac.

 

Alors j'ai un peu cherché et je vous en ai trouvé un. Fini l'?il cynique et rationnel pour expliquer les soubresauts de l'économie et les aléas de la mondialisation. Ici et là des experts pointent le rôle majeur joué par les émotions humaines dans les rouages de toute cette machinerie. Il y a ainsi le livre de Dominique Moïsi « La Géopolitique de l'émotion », dans lequel il trace une cartographie mondiale des espoirs, humiliations, et peurs qui guident les comportements des peuples. Il y a aussi le dossier sur « les ressorts psychologiques du désastre » paru dans « Books », nouvelle revue sur l'actualité vue à travers les livres du monde entier. Cela montre quoi?? Qu'à partir du moment où l'on partage la même croyance, on fait confiance à son voisin. Que comme les enfants, les adultes et les experts n'agissent pas forcément dans le sens de leur meilleur intérêt. Que les comportements les plus rationnels peuvent produire des résultats irrationnels pour la collectivité.

 

On revient de loin. Dans les années 1970, l'économiste Albert Hirschman a montré dans « Les passions et les intérêts » comment les passions destructrices des individus avaient été jugulées par les intérêts économiques. Au XVIIe siècle, l'amour de l'argent était vanté pour être une passion sans risque, la mauvaise étant évidemment les envies guerrières. Les économistes, avec leurs modèles mathématiques, avaient fini par avoir eu raison des sentiments. Et voici qu'avec la crise ils nous reviennent.

 

La bonne nouvelle, c'est celle-ci?: non, nous ne sommes pas des individus robots, courant après le confort moderne et la valorisation de nos placements. Oui, nous sommes pétris de sentiments, éminemment complexes, prêts à changer d'avis, et surtout avides de retrouver le sens de la vie, un peu perdu dans notre course effrénée. Le monde du travail va y gagner un supplément d'âme. À condition que le management fasse lui aussi sa « crise ».

 

Le fossé s'est creusé entre ceux qui pensent stratégie et ceux qui mettent en ?uvre. Au final, les seconds, surchargés, ont tôt fait de se démotiver. Au c?ur de la tempête, il va bien falloir trouver une nouvelle dynamique. Rééquilibrer les priorités. Sachez-le?: le bien-être d'une personne et son niveau d'efficience professionnelle découlent de sa capacité à identifier très précisément ses motivations. Mieux connaître le moteur qui nous pousse à nous positionner, à nous comporter et à agir, la clef est là. Avec le froid, le moment est venu de se laisser rêver et penser au creux d'un canapé. Je l'ai fait pas plus tard que la semaine dernière. Ne comptez pas sur moi pour vous raconter tout ce que j'y ai trouvé.

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