Au pays des Bisounours

Le 13 novembre, « Psychologies Magazine » célébrait la journée de la gentillesse. C'est quoi être gentil au fond ?
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En entreprise les intervenants de la table ronde ont pris soin de recadrer le débat. Non le travail n'est pas le lieu où doit s'exercer la gentillesse. « Si on dit cela on piège les gens, nous ne sommes pas chez les Bisounours. Le mot essentiel c'est le respect, pas la gentillesse », souligne Laurence Saunder, managing partner à l'Institut français de l'anxiété et du stress. C'est savoir comprendre ce que vit l'autre, non pour être gentil mais pour le respecter. Or être à l'écoute des émotions et des besoins d'autrui demande une bonne sécurité intérieure. C'est donc surtout avoir une bonne estime de soi. « Si on a pour ligne de mire la seule productivité, on crée de la relation instrumentalisée », assène Laurence Saunder. Là est toute la différence entre les vrais bons managers et les autres. Ainsi le parfait manager est conscient de ses responsabilités. Son autorité est en général bien reconnue. Confiant dans ses capacités il est à même de faire progresser ses équipes. Sachant qu'il ne peut pas tout faire, il confie une partie des tâches à ses collaborateurs mais garde celles où sa valeur ajoutée compte. Sa gentillesse ne se nourrit pas de bonnes intentions mais d'actions généreuses et de critiques constructives, énoncées avec sympathie, en privé et formulées dans l'espoir de faire évoluer le comportement du destinataire. Pas gentil mais soucieux de l'autre. Le faux délégant, lui, est heureux que cette possibilité existe mais confond délégation et déresponsabilisation. Ce qui signifie qu'il délègue très facilement en répétant qu'il fait confiance. Seulement le jour où il doit trancher pour aider au choix final, il éprouve d'énormes difficultés. Idem pour défendre un dossier face à la hiérarchie où il aura par peur une attitude de fuite et de désengagement. La prise de décision l'effraie, bien qu'il soit souvent de compagnie très agréable dans l'entreprise, et possède une bonne vision des choses. Bref c'est un gentil... qui manque de confiance en lui.

Manager attachant

Dans la même série on trouve aussi celui qui surinvestit sa responsabilité qu'il confond avec sa culpabilité. Ce qui lui donne le sentiment de tout porter sur ses épaules et peut le rendre très stressant pour ses équipes. D'autant qu'il a du mal à les faire progresser car il craint de leur signaler des erreurs et préfère prendre sur lui. C'est un manager souvent attachant qui ne compte pas son temps pour sa boîte. Là encore c'est un gentil. Enfin le manager contrôlant éprouve, quant à lui, des difficultés à partager. La délégation est pour lui une façon idéale d'alléger son travail mais il veut tout vérifier pour laisser planer son imprimatur. Il incommode peu les collaborateurs d'un niveau moyen aimant être encadrés, par contre il frustre les talents. Il craint de perdre sa valeur en déléguant et se sent vite menacé. Celui-là n'est pas gentil mais pas plus respectueux pour autant. Il confond pouvoir et autorité et passe vite en mode tyran. Au total, les gentils comme les méchants ne font pas la preuve de leur efficacité. Les respectueux si. Comme le dit le titre d'un très bon livre du psychothérapeute Thomas d'Ansembourg dont je vous recommande chaudement la lecture : « Cessez d'être gentil soyez vrai ».

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