Du bon usage de la plainte

Chaque semaine, découvrez les chroniques sur la vie au bureau réalisée par Sophie Péters. Anecdotes, conseils, expériences : pour sourire mais aussi mieux se sentir dans son job.
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Entre le froid qui sévit sur la France, l'euro qui dévisse, les imbroglios politiques et toutes les contrariétés quotidiennes de la vie de bureau, sans compter la future trêve des confiseurs pour laquelle il faut dès à présent mettre les bouchées doubles, nous avons motifs à nous plaindre. Et très envie de fuir les problèmes en nous réfugiant dans la pensée positive comme l'indiquent parfois les conseils « psy » mais qui au final n'aident pas vraiment. Car la méthode Coué montre vite ses limites. Le coup de pied aux fesses aussi. La plainte fait partie du processus psychologique normal de tout un chacun. Quand la souffrance ou l'injustice est ressentie de manière trop forte, il est normal de se plaindre. Simplement il s'agit de la manier avec précaution et délicatesse.... car la plainte peut vite devenir une drogue, paralysante et décourageante. De deux choses l'une. Si les plaintes servent à se donner bonne conscience, à dégager sa responsabilité, alors elles sont improductives, voire toxiques. À l'inverse, de courte durée, elles font office de signal, aidant à identifier le problème et à chercher la solution. Soyez donc attentif aux plaintes. Les vôtres et celles de votre équipe. Interprétez chacune d'entre elles comme un appel à introduire un petit changement. Surtout ne jamais la considérer comme immuable. Mais plutôt comme une porte dont la poignée serait bloquée.

Maintenir ses problèmes

L'affaire n'est pas sans risque. L'abandon de la plainte est délicat : maintenir ses problèmes offre parfois ce que l'on appelle en langage psy des « bénéfices secondaires ». Il s'agit d'écouter la plainte avec respect car elle est liée à la survie, la sécurité et prend des allures de protection face à quelque chose qu'il faudrait abandonner. L'immobilisme coûte moins que le changement. Mais le blocage tient souvent plus d'un problème d'apprentissage que d'un non-désir de changement. Quel est le premier pas à accomplir ? La résistance au changement sert surtout à différer le moment d'instabilité qu'il représente. La plainte agit alors comme un mécanisme de préservation. D'où l'intérêt de repérer la structure de la plainte en se concentrant sur ses rouages, et non sur le contenu. Il faut trouver le chemin adapté à chacun. Reconnaître les plaintes et les résistances, leur précieuse contribution à l'équilibre de notre personnalité, favorise le changement. On leur donne comme mission de s'assurer que le changement respecte les valeurs fondamentales. Voilà pourquoi, qu'il s'agisse des gouvernants ou de la direction de l'entreprise, il est fondamental de rester attentif aux plaintes et de les considérer comme des leviers susceptibles d'enclencher la vitesse supérieure.

Ce qu'il y a de bien dans les périodes d'insatisfaction comme celle que nous traversons, c'est le désir de voir se produire des changements. On se plaint d'ailleurs de l'immobilisme des uns ou des autres. Ce qui en fait nous freine dans notre élan et renforce la plainte c'est la peur d'être déçu. D'où une ribambelle de « oui mais » censée nous conforter dans la sauvegarde de la situation actuelle. Autant d'objections qui devraient servir là encore de suggestions pour comprendre, ressentir et agir différemment. Tout problème est un chemin vers soi.

 

Commentaire 1
à écrit le 05/12/2011 à 9:47
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Bonjour, je voulais vous informer de la création d'un lieu d'écoute : l'Association L'ESCALE PAROLE ET TRAVAIL (Paris 15e), qui accueille les personnes souhaitant parler du travail, de leur travail, de manière anonyme, sans jugement... Créée par deux...

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