L'emploi des cadres se dégradera encore en 2010

Par La Tribune  |   |  529  mots
Cette année, les 3,4 millions de cadres subiront encore la crise. L'Association pour l'emploi des cadres s'attend à une baisse des recrutements de 4 % à 10 % par rapport à 2009.

Sale temps pour les cadres. En 2009, l'emploi cadre a connu une situation catastrophique. Et cette année, aucune amélioration n'est à prévoir, révèle le panel Apec entreprises 2010. Ainsi, ce sont quelque 130.000 à 138.000 cadres qui devraient être recrutés, soit une baisse comprise entre 10 % et 4 % par rapport à 2009. C'est peu encourageant. Pour autant, ce n'est pas aussi catastrophique qu'en 2009, où la chute a atteint... 28 % par rapport à l'année précédente.

Pour Eric Verhaeghe, président de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), le marché de l'emploi cadre devrait atteindre son point bas en 2010, selon le modèle économétrique construit par l'Apec, qui permet de faire des prévisions à cinq ans. « Les prévisions de ce modèle sont plus optimistes pour cette année que celles livrées par les entreprises que nous avons interrogées. Ce sont entre 130.000 et 138.000 cadres qui devraient être embauchés. Puis, à partir de 2011, le volume des recrutements progresserait de manière régulière pour retrouver un niveau élevé à partir de 2012. Enfin, en 2014, les entreprises embaucheraient plus de 240.000 cadres, un niveau encore jamais atteint sur le marché. »

Les jeunes « sacrifiés »

Ce sont les jeunes diplômés (Bac + 4 minimum) qui paient le plus lourd tribut à la crise. L'Apec souligne ainsi que leur niveau de recrutement n'a jamais été aussi bas depuis 1993. Comme cette année-là, le volume prévisible de recrutements se monterait à 21.000. « Il devrait être très insuffisant pour les 120.000 jeunes concernés », explique éric Verhaeghe. En 1993, ils n'étaient en effet que 68.000 jeunes diplômés à faire leur entrée sur le marché du travail. Cette année, les jeunes diplômés représentaient 30 % des recrutements de cadres ; en 2010, ils compteront pour 17 % à 18 % des recrutements. À l'inverse, les entreprises se tournent vers les cadres confirmés.

La situation de l'emploi des cadres est contrastée, tant sur le plan géographique qu'en ce qui concerne les fonctions et secteurs d'activité. Ainsi, l'Île-de-France et la région Rhône-Alpes tirent leur épingle du jeu et représentent environ 60 % des recrutements en 2010, tandis que d'autres régions telles que la Champagne-Ardenne, la Franche-Comté ou encore la Normandie et l'Alsace sont particulièrement touchées par la crise.  « Le secteur des services qui tire l'emploi cadre maintiendrait son niveau de recrutement en 2010 », explique Pierre Lamblin, directeur des études à l'Apec, qui pointe deux secteurs qui ont plutôt bien résisté à la crise, comme la fonction « études, recherche et développement » et les fonctions « commercial et informatique ». Sans surprise, l'industrie est frappée de plein fouet par la panne des recrutements (de 14 % à 23 % en 2010).

Enfin, Jacky Chatelain, directeur général de l'Apec, pointe un phénomène nouveau pour les cadres : l'émergence du chômage de longue durée. En effet, si leur taux de chômage en 2009 (4,1 %) reste en deçà du taux de chômage, au sens du Bureau international du travail (BIT), de l'ensemble de la population (9,5 % au troisième trimestre 2009 en incluant les départements d'outre-mer), les cadres connaissent un taux de retour à l'emploi plus long. Parmi les cadres accompagnés par l'Apec, 42 % retrouvaient un emploi au bout de six mois fin 2008. Fin 2010, ils ne seront plus que 35 %.