En 2013, la France sera le premier émetteur de dettes en euros

Selon une étude de Goldman Sachs, l'Allemagne et l'Italie devraient, elles, réduire leurs besoins de financement.
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Goldman Sachs vient de faire la synthèse des besoins de financement de la zone euro sur les années 2011 à 2014. Selon elle, ses besoins à long et moyen terme s'élèveront à 902 milliards d'euros en 2011, et bondiront à 1.106 milliards en 2012. C'est en 2013 qu'ils devraient nettement s'infléchir, à 773 milliards, pour encore baisser à 688 milliards en 2014. Mais cette étude fait aussi apparaître que la France, qui aujourd'hui émet autant que l'Allemagne, deviendrait en 2013, avec 190 milliards d'émissions, le premier émetteur de dettes à long terme en euros, ce que Thierry Breton avait déjà annoncé en mai 2010. Il soulignait que ces émissions qui testeront la capacité des Etats à solliciter les marchés vont devenir l'indicateur le plus suivi, conduisant nos responsables politiques en « road show » permanent. Car la dette publique française est aujourd'hui détenue à 70 % par des étrangers, contre 34 % en 2000. Nous dépendons de plus en plus de l'extérieur.

Dynamiques implacables

Interrogé à ce sujet, Bercy juge faux les chiffres de Goldman Sachs, qui surestiment le déficit de la France de plus de 34 milliards en 2011 (à 126,4 contre 92 milliards dans le PLF 2011). La banque, qui a scruté l'exécution des budgets passés, considère de son côté que le gouvernement surestime à la fois la croissance et les réductions de dépenses. Bercy fait aussi valoir que la banque ne prend que les émissions brutes (208 milliards en 2011, 274 en 2012), ignorant les rachats du Trésor, qui réduisent la maturité et le coût de la dette.

Mais ce qui est frappant dans la projection de GS, c'est que, derrière des émissions brutes assez voisines en 2011, se cachent des dynamiques puissantes qui vont modifier la hiérarchie des émetteurs. À partir de 2013, les besoins de l'Allemagne qui finit de payer sa coûteuse réunification, mais aussi de l'Italie, l'autre gros émetteur de la zone, vont baisser à toute vitesse. Ceux de la France devraient aussi se réduire à compter de 2013, mais à un rythme beaucoup plus lent.

En clair, ses besoins dépendront à la fois d'un déficit budgétaire lent à se résorber, et du refinancement du stock des dettes passées : avec un stock de 1.600 milliards de dettes (pour toutes les administrations publiques) à fin 2010, la France a doublé sa dette en moins de dix ans. Alors qu'en 2011 on refinancera 96 milliards de dettes passées, il faudra donc, à conditions de taux inchangées, en refinancer deux fois plus à la fin de la décennie. Si, jusqu'à présent, le Trésor a su contenir le service de la dette en surfant sur la baisse des taux, les dynamiques de dettes restent implacables. Et vont rapidement faire de la France le plus gros emprunteur de la zone euro.

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