BNP, SocGen et Crédit Agricole sont dans le viseur de Moody's

Par Julien Beauvieux  |   |  521  mots
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Les notations financières des trois grandes banques françaises ont été mises sous revue par l'agence de notation en raison de leur exposition à la dette publique et privée grecque.

Les marchés ont très mal réagi ce mercredi à l'annonce par Moody's de la mise sous revue des notations financières de BNP Paribas, Société Généralecute; Générale et Crédit Agricolegricole. Alors que les incertitudes sur les modalités de participation du secteur bancaire européen au nouveau plan de sauvetage de la Grèce restent entières, l'agence de notation a souligné que « ces trois mises sous revue se concentreront en premier lieu sur l'exposition des banques à la dette publique et au secteur privé grecs, ainsi que la possible incohérence de leur notation financière avec un éventuel défaut ou une restructuration » de la dette du pays.

Moody's a précisé que sa procédure ne devrait pas aboutir à une dégradation de plus d'un cran pour BNP Paribas et Crédit Agricolegricole, et de plus de deux crans pour Société Généralecute; Générale. La banque verte bénéficie pour l'instant d'une notation « Aa1 », tandis que BNP Paribas et Société Généralecute; Générale sont moins bien notées d'un cran, à « Aa2 ».

Bien que ces dégradations restent limitées et hypothétiques, l'action de BNP Paribas a dévissé ce mercredi de 2,49 %, tandis que le titre Crédit Agricolegricole a reculé de 2,48 %. L'action Société Généralecute; Générale, quant à ellen a chuté de 2,55 %, Moody's ayant précisé que sa mise sous revue incluait également une réévaluation d'un soutien futur de l'État dans sa notation. Sur le marché des « Credit Default Swaps », ces produits de couverture contre un risque de défaut, le contrat sur BNP Paribas a atteint son plus haut niveau depuis janvier, à 126 points de base, tandis que ceux de Credit Agricole et de Société Généralecute; Générale grimpaient à 161 et 153 points.

Forte exposition à la dette

Moody's pointe notamment la très forte exposition à la dette publique de BNP Paribas (5 milliards d'euros fin 2010) et de la Société Généralecute; Générale (2,7 milliards au 31 mars), cette dernière étant en outre significativement impliquée dans l'économie grecque via sa filiale Geniki. Exposée à seulement 0,6 milliard d'euros à la dette publique, Crédit Agricolegricole est elle aussi fortement implantée en Grèce via Empokori, dont l'encours de prêts de détail atteignait 21,1 milliards à la fin mars.

Malgré cette exposition importante, la décision de Moody's peut surprendre. En mai dernier, l'agence Fitch avait au contraire estimé que l'exposition des grandes banques françaises à la Grèce ne justifiait pas d'action sur leur note, tout en précisant rester attentive à leur évolution. Selon les experts de Natixis, l'exposition de BNP Paribas représente ainsi 38 % de son résultat avant impôts de 2010, ce qui lui permettrait d'absorber toutes les pertes en cas de recouvrement nul.

Moody's a de son côté précisé qu'elle « pourrait prendre des décisions similaires pour d'autres banques exposées à la Grèce dans les prochaines semaines ». Et les banques allemandes, exposées à plus de 20 milliards d'euros, pourraient se retrouver à leur tour dans le collimateur de l'agence.