Le dollar retrouve sa fonction "valeur refuge"

Bridée sur le franc suisse et le yen, la spéculation se reporte, par défaut, sur le dollar, après avoir tenté l'aventure des monnaies nordiques.
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Exit le franc suisse, bridé par la banque centrale helvétique prête à défendre bec et ongle le plancher de 1,20 pour un euro qu'elle lui assigne depuis le 6 septembre. Sous le boisseau le yen, la Banque du Japon se tenant prête à intervenir à tout moment s'il venait à menacer de franchir le plafond historique de 75,93 pour un dollar qui remonte au 19 août, même si elle lui a laissé le loisir de bondir à son plus haut de tout temps face à la livre et de dix ans par rapport à l'euro la semaine dernière. Les valeurs refuge traditionnelles se font rares pour les investisseurs en quête de placements liquides et sûrs dans un monde de plus en plus chancelant.

Ces derniers se sont engouffrés sur les monnaies d'Europe du Nord, à la conquête de la couronne norvégienne, la pétro monnaie européenne, et de la couronne suédoise. Toutes deux ont fait un bond spectaculaire après que la Banque nationale suisse a fermé la porte à la spéculation sur son franc. Mais le soufflé est vite retombé. Même si les fondamentaux des deux pays qui abritent ces monnaies sont sains, le marché est trop étroit pour qu'elles puissent durablement servir de refuges. Le volume de transactions combiné sur ces deux couronnes est deux fois inférieur à celui sur le franc suisse. Les investisseurs ont également tenté leur chance sur la couronne danoise, un pays dont la dette publique n'inquiète pas, en dépit de la fragilité du système bancaire local et de l'étroitesse du marché de la couronne qui n'est impliquée que dans 0,6 % des transactions de change. Mais la couronne danoise est arrimée à l'euro dans le cadre du mécanisme de change européen bis, le purgatoire en vue d'une intégration dans l'euro. La banque centrale tenue de défendre un cours pivot de 7,46038 couronnes pour un euro, a répliqué à cette vague acheteuse par une succession de baisses du taux des certificats de dépôts, même si elle s'est alignée sur la BCE en relevant son principal taux directeur.

« Nulle part ailleurs »

Dépités et suspicieux à l'égard de l'euro - l'autre grande monnaie mondiale - affecté par la crise, les acteurs du marché des changes n'avaient guère d'autres options que de se reporter sur la monnaie la plus liquide du monde. C'est ainsi que le dollar, en dépit des nuages qui s'amoncellent sur l'économie américaine, sert de valeur refuge, par défaut. Car « il n'y a nulle part ailleurs pour se cacher », ironisent les stratèges change de HSBC. C'est aussi ce qui explique les à-coups en séance. Il a suffi d'une rumeur sur un renflouement massif du FESF pour faire ponctuellement rebondir l'euro, au-dessus de 1,36 dollar, après sa chute à un point bas de huit mois à 1,3375 lundi, même si chacun sait que la résolution de la crise va continuer sur le même rythme lent et chaotique.

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